
Il fallait bien une occasion comme le confinement actuel pour que je me décide à la raconter....
Désolé, à cette époque, le numérique n'existait pas (du moins, je crois) et, de toute manière, il avait fallu tirer les sacs au plus léger.
J'avais déjà, par le passé, effectué deux fois le Tour du Mont-Blanc par le GR55 en une semaine chaque fois, dont une fois avec ma Future "Tendre-Cyclote" en 1971..... Et le Tour du Mont-Blanc en vélo de route à la journée (oui-oui !!) via les Cols des Saisies, des Montets, de La Forclaz, du Grand et du Petit Saint-Bernard et le Cormet de Roselend en solo départ de nuit, arrivée de nuit. Notre Ami Claudio (désormais disparu de notre forum

Mais, revenons au sujet initial : nous étions trois (Patrick du même âge que moi, 47 ans à l'époque..., Laurent 22 ans un copain de mon fils ainé qui, lui, était occupé à parcourir les Hautes-Montagnes, et moi-même). La pêche était "d'enfer", et il le fallait bien car l'objectif était d'accomplir cette boucle de près de 8 000 mètres de dénivellation sur environ 200 kilomètres, en trois jours sur des sentiers de montagne avec nos Mountain-Bikes, véritables enclumes à l'époque, sans suspension ni avant ni arrière, et un petit sac à dos pour se changer à l'étape et, éventuellement, affronter quelques intempéries...
Vendredi 13 (ça commence bien !

Nous quittons nos Hautes-Alpes avec mon petit fourgon VW de l'époque, pour aller sur notre point de départ aux Contamines Montjoie d'où il faudra décoller le plus tôt possible, car l'étape s'annonce longue et difficile....
Première étape Samedi 14/09/96: Les Contamines-Montjoie, Col de la Croix de Bonhomme, Les Chapieux, Col de la Seigne- Entrèves. 55 kms, 2500 m d+
Réveil matinal, et glacial. Il avait neigé les jours précédents...qu'allons nous rencontrer !!?

Après une très brève portion de route, nous nous trouvons sur une piste muletière rapidement difficile à négocier sur nos vélos vers le Nant-Borrant, puis c'est à pieds dans la neige que nous atteindrons les 2500 mètres du Col de la Croix de Bonhomme. Les randonneurs pédestres sont un peu héberlués de voir arriver des cyclos par ici (à cette époque, le VTT était encore discret).
La descente sur les Chapieux s'avèrera un peu scabreuse sur un sol gras à cause de la neige fondue. C'est en plein soleil que nous tirerons nos casse-croûtes du sac.
Nous remontons ensuite la Vallée des Glaciers sous une chaleur torride, avant d'attaquer la solide grimpette du sentier du Col de la Seigne à nouveau à plus de 2500 mètres d'altitude.
La vue sur le Mont-Blanc, versant Italien, est grandiose avec son impressionnant glacier de Miage. Jolie descente technique fort agréable sur le Refuge Elisabetta et le village d'Entrèves, où nous trouverons sans peine un Hôtel pour se requinquer. Mi-Septembre, il devient plus facile de trouver un hébergement dans ces contrées !
Luxe Royal : c'est avec une solide fondue Savoyarde que nous clôturons la journée. Les ronflements de nous trois n'ont pas ébranlé les murs de l'Hôtel : c'est vrai que les Italiens sont de solides bâtisseurs !

Deuxième étape Dimanche 15/09 : Entrèves, Grand Col Ferret, Martigny, Col de La Forclaz, Trient, Col de Balme, Argentière 70 kms 2600 m d+.
Démarrage difficile, avec tous ces poussages-portages de la veille. Un peu de route goudronnée sous les imposantes Grandes Jorasses démèlera les muscles engourdis et englués dans l'excellente fondue bien arrosée

Il faut se réveiller gaillardement pour attaquer le Grand Col Ferret où, là encore, ce sera un interminable poussage-portage avec quelques pédalages hasardeux pour atteindre à nouveau les 2500 mètres d'altitude. Le Mont Dolent, face à nous, montre fièrement qu'il a ses pentes tantôt en Italie, tantôt en Suisse, tantôt en France...Bonjour les douaniers !! C'est quand-même pas un passage facile pour migrer...sauf peut-être pour le coronavirus ; mais, à l'époque il n'était pas d'actualité

Descente hardie dans le Val Ferret Suisse. Après une courte discussion, nous décidons de passer par la vallée vers Martigny. Dommage, nous éviterons le joli passage du Lac Champex, mais garderons quelque énergie pour la suite qui nous attend...
Pas très folichonne la descente sur Martigny. Heureusement, c'est dimanche et les camions se reposent...
Les lacets du Col de La Forclaz, avec nos gros crampons, ne sont pas une sinécure. Nous en profitons pour casser la croûte avant d'en finir avec cette grimpette bruyante. La descente sur Trient est vite avalée, avant d'attaquer le morceau de choix pour finir l'après-midi : Le Col de Balme 2300 mètres, retour en France. L'accueil frontalier n'est pas franchement chaleureux en cette fin d'après-midi...la gardienne préfère vendre ses centaines de tartelettes au prix de la peau du gore-tex dans la journée, plutôt que d'aller s'occuper de ces trois cyclistes débouchés de nulle part !
Nous nous empressons de descendre sur le Tour et Argentière où, bien au contraire, nous aurons droit à une réception majestueuse lorsque l'hôtelière réalisera d'où nous arrivons...!

Troisième étape Lundi 16/09 : Argentière, Chamonix, Col de Voza, Les Contamines Monjoie. 60 kms 2000 m d+.
Difficile de s'extirper de cette vallée de Chamonix. La vue sur le Mont-Blanc et les Aiguilles de Chamonix sont un éclatement de rétines, mais le mercantilisme immobilier, le labyrinthe de routes, autoroutes, pylônes en tous genres, voies ferrées sont la démonstration de ce que l'humain est capable de faire et défaire contre la nature...Un jour, il le paiera !!


Nous arrivons à trouver notre passage à travers Les Houches, pour nous hisser au sommet du Col de Voza où le petit train du Mont-Blanc fait une halte avant d'aller déverser son flot de touristes au Nid d'Aigle, point de départ des candidats au Mont-Blanc (lorsqu'il ne se prennent pas une caillasse sur le pif dans la montée du Couloir du Goûter, dit-couloir de la mort...ou au retour...).
La descente sur les Contamines Montjoie est alors une formalité.
Evidemment, je ne puis que regretter de n'avoir su porter l'appareil photos...d'autant que, maintenant, ne comptez pas sur moi pour y retourner !!


