Il est temps de raconter le retour de cette virée Cher-loiresque avant que la mémoire ne me fasse trop défaut.
Ainsi donc je passais une soirée de beuverie, puis une journée de salon de vin, concert et me couchai relativement tôt - à peine plus de la minuit.
Le lendemain matin je passai du temps à chercher un pneu pour remplacer mon pneu arrière qui s'avérait être en fin de vie - j'étais même étonné qu'il n'eut crevé déjà !
Un cadreur ami de mon frère devait regarder dans sa réserve mais il n'avait rien qui correspondait, l'autre magasin de cycle du coin était fermé le lundi.
Finalement je décidai de partir en espérant rallier Orléans sans encombre.
Lundi après-midi : Couëtron au Perche à Orléans 102 km
Il était donc pas loin de 13h lorsque je quittai Couëtron sous, enfin !, un beau soleil.
Cela me revigora et m'aida à supporter le vent, toujours présent, mais comme j'allais vers le sud est et qu'il restait du nord, nord est, je ne l'avais que de travers.
Début de parcours bucolique et agréable mais hélas bientôt, comme j'entrai dans : LA BEAUCE !!, me revinrent à l'esprit ces premières phrases des Jardins Statuaires de Jacques Abeille :
"Je vis de grands champs d'hiver couverts d'oiseaux morts. Leurs ailes raidies traçaient à l'infini d'indéchiffrables sillons. Ce fut la nuit.
J'étais entré dans la province des jardins statuaires"
Heureusement que sachant mon intention de rallier Orléans au "plus court" - soit plein Est peu ou prou - le fameux cadreur-cycliste m'avait averti : "Ne vise pas Orléans ! Pique plus vers le sud, pour passer au plus près des bois et rejoindre plus rapidement la Loire, tu auras deux fois moins de kilomètres dans la Beauce à parcourir."
Conseil avisé ! Je dû néanmoins y pédaler, dans cette Beauce, nez dans le guidon, coudes au corps, lancé dans un contre-la-montre angoissant. Pourvu que le pneu tienne !
J'avais entendu parlé de la Beauce, j'avais imaginé ses champs à perte de vue, et cette platitude, et ce vent, mais les villages ! Les villages ! Vides, morts, même plus une trace d'enseigne d'un quelconque commerce remontant à plus de 40 ans !
Des panneaux "à vendre" se superposant jusqu'à trois fois, trois agences différentes, les deux premières ayant sans doute fermées depuis que la maison est en vente !
Le bon côté de cela, c'est que je roulai vite, et rendu à Meung-sur-Loire à 18h, j'envisageai de couvrir les 20 km jusqu'à Orléans avant la fermeture des magasins de cycle à 19h.
Et re-que je pédale ! Et à 18h45, ouf, me voilà entrant dans une grande enseigne pour y acheter un pneu à tige souple - ainsi je ne tente même pas de changer mon pneu, j'ai mon secours !
Une belle plâtrée de pâtes sera mon repas, dans le centre d'Orléans que je ne fais qu'effleurer, me trouvant ensuite un joli bivouac en bord de Loire à 2 ou 3 km en amont de la ville.
Quelle journée : 5h30 de selle, 450m de D+, ma meilleure moyenne des 600 km !
J'ai bien dormi.
Mardi : Orléans à Cosne 122 km
A partir de là, c'est la Loire à nouveau. Soit la majeure partie du temps, sur cette journée, une digue cyclable en plein vent et plein soleil (mais finalement il ne se montre pas tant que ça) à plusieurs centaines de mètres du fleuve.
Parfois un panneau indique "village de machin, 2km" et hop, je fais les 2 km, souvent pas de commerce, pas de bar, il faut revenir, et ceci une fois, deux fois, trois fois... c'est laçant.
Je croise peu de monde, quelque chantiers ou gravières, deux couraillons dont je prends la roue sans leur demander et qui n'apprécient pas trop et me font croire à un moment qu'ils bifurquent avant d’accélérer dans l'autre direction (m'en fiche, je voulais de toute manière tourner là).
Parfois la piste cyclable traverse les villes un peu importantes le long du fleuve et on peut avoir 500m, ou 3 km un peu sympa et pittoresques avant d'à nouveau rouler sur cette levée de terre à moitié stérile.
Alors je roule.
Et puis, enfin, j'arrive au pont canal de Briare.
Sacré ouvrage, que voici :
C'est le début du canal latéral à la Loire, et à partir de là la piste alterne entre la Loire et le canal, passant de l'un à l'autre, ou du moins je passe de l'un à l'autre et à nouveau je retrouve cette tranquillité bucolique des canaux, ces canaux qui finalement sont parfois plus reliés aux villes et villages que les fleuves - mis à part les grandes villes, mais les villages ignorent la Loire alors qu'ils accueillent les canaux.
J'arrive ainsi à Cosnes sur Loire, fatigué, je ne sais plus ce que je trouve à souper, j'ai envie d'une douche et de pas d'humidité au matin, je me pointe au camping, accueil fermé, grille, tant pis, je continu 500m et pose le bivouac comme la nuit tombe.
7h40 de selle aujourd'hui, c'est pas peu.
J'en ai marre de la tente. Je veux me doucher.
Il fait humide.
Je dors pourtant bien.
Mercredi : Cosne à Nevers 81 km
Je me réveille plus tôt que les jours précédents : j'ai un train à prendre si je veux arriver à Lyon ce soir pas trop tard et profiter de la soirée avec mes amies.
Plus tôt, donc en plein dans l'humidité.
Réveil difficile, surtout que pas un café ne se profil à l'horizon.
Néanmoins quelques passages sympathiques, comme ce port, en dessous de Sancerre si je ne me trompe pas.
Pas grand chose à dire, je me perds un peu en suivant l'itinéraire fléché qui parfois fait des détours inutiles à mon goût, je roule sinon bien, mon pneu tient toujours, puis je croise la route d'un jeune cyclo harnaché pour un long voyage.
Je ralentis, il démarre et me rattrape rapidement, nous faisons connaissance. Un jeune catalan parti un mois plus tôt de Catalogne pour rallier le cap nord, encore 5 mois de bicyclette devant lui.
Nous avons le même rythme, bavardons en français puis assez vite en castillan, nous perdons à force de palabrer, lui continu sur l'euro vélo je ne sais plus combien (6 je crois) et moi qui pensait couper au plus court vers Nevers j'en commence le contournement par le sud en sa compagnie, puis nous nous séparons, il n'aime pas trop les villes, et j'entre à Nevers par le sud, le long d'un énième canal et voilà, c'est la fin, je suis très largement en avance pour mon train même en ayant musardé pendant presque 5h.
Ce fût une belle virée, trop humide, trop froide et trop intense pour mon peu d'entraînement au sortir de l'hiver, mais je n'ai pas regretté et découvert beaucoup de lieux et de choses.
Et j'ai bivouaqué seul, ce qui n'est pas une mince affaire pour moi qui n'aime pas ça !
Niveau matériel, très content de mon vélo, à part la selle et sa position mais j'y ai remédié depuis. Bonne taille, bien aimé les pneus de 35 typés "gravel", les changement de vitesse en bout de cintre j'adore, toujours aucun soucis mécanique, belle monture de voyage ce Chamalow !
Entre la Loire et le Cher, aller et retour
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Re: Entre la Loire et le Cher, aller et retour
Belle rando Quidam
Source de souvenirs pour moi ce tracé.
2016 : Je pars du Havre pour me rendre à Marat (Puy de Dôme)... 820 km en 6 jours...
Les deux premiers jours sont au taquets (pour moi) :
Le Havre / Verneuil sur Avre ... 182 km
Verneuil / Clery st André (Près de Meung) ... 161 km
Après je me calme...
J'ai donc aussi traversé la Beauce... Comme tu dis, de longues lignes droites, villages déserts, la vie semble inexistante...
Mais j'en garde quand même de bons souvenirs. Une mamie qui me dépanne en eau... et des points de vue grand format. Les seules montagnes sont les silos à grains.
Du Havre à Marat (63)... dans la Beauce by Michel Donnet, sur Flickr
Source de souvenirs pour moi ce tracé.
2016 : Je pars du Havre pour me rendre à Marat (Puy de Dôme)... 820 km en 6 jours...
Les deux premiers jours sont au taquets (pour moi) :
Le Havre / Verneuil sur Avre ... 182 km
Verneuil / Clery st André (Près de Meung) ... 161 km
Après je me calme...
J'ai donc aussi traversé la Beauce... Comme tu dis, de longues lignes droites, villages déserts, la vie semble inexistante...
Mais j'en garde quand même de bons souvenirs. Une mamie qui me dépanne en eau... et des points de vue grand format. Les seules montagnes sont les silos à grains.
Du Havre à Marat (63)... dans la Beauce by Michel Donnet, sur Flickr
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Re: Entre la Loire et le Cher, aller et retour
Joli périple que tu nous racontes de manière très agréable à lire. Tu parviens très bien à partager ce que tu as vécu, tes impressions et ça rend la lecture facile.
Vivement ta prochaine bambée !
Vivement ta prochaine bambée !
A+
Angstrom
"Un cyclotouriste n’a pas de palmarès, il n’a que des souvenirs… » Jean Taboureau
Mon blog : Mon Expérience Vélo
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Topic author - Membre actif
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Re: Entre la Loire et le Cher, aller et retour
merci encore pour vos commentaires, ça fait plaisir
@Beuzeville 130 : superbe photo !! Je n'avais plus que mon téléphone et peu envie de m'arrêter mais il est vrai qu'il y a un côté "esthétique" néanmoins très fort dans cette région pour les champs, et de la bonne "street photo" dans les villages !
J'avoue avoir néanmoins croiser le regard de deux dames dans un des villages, et échangé un bonjour, et c'était un vrai bonjour fort sympathique, et à dire vrai je penses que j'aurais été très bien accueilli si j'avais du demander de l'eau ou quoi que ce soit d'autre. Même si l'ensemble m'a paru assez glaçant ces dames étaient à elles deux une humanité entière !
Pour rester pragmatique, les seuls "problèmes" de la Beauce à vélo ça peut-être je penses le vent d'une part et si on passe, avec du vent, ou sans, au milieu d'un gros traitement chimique. Pas eu ce dernier soucis du tout.
Prochaine (courte) bambée racontable : une petite ascension du plateau du Vercors pour aller à un double anniversaire, dans 8 jours ! Mais ça sera probablement juste dans le post "ce matin, hier, j'ai roulé..."
@Beuzeville 130 : superbe photo !! Je n'avais plus que mon téléphone et peu envie de m'arrêter mais il est vrai qu'il y a un côté "esthétique" néanmoins très fort dans cette région pour les champs, et de la bonne "street photo" dans les villages !
J'avoue avoir néanmoins croiser le regard de deux dames dans un des villages, et échangé un bonjour, et c'était un vrai bonjour fort sympathique, et à dire vrai je penses que j'aurais été très bien accueilli si j'avais du demander de l'eau ou quoi que ce soit d'autre. Même si l'ensemble m'a paru assez glaçant ces dames étaient à elles deux une humanité entière !
Pour rester pragmatique, les seuls "problèmes" de la Beauce à vélo ça peut-être je penses le vent d'une part et si on passe, avec du vent, ou sans, au milieu d'un gros traitement chimique. Pas eu ce dernier soucis du tout.
Prochaine (courte) bambée racontable : une petite ascension du plateau du Vercors pour aller à un double anniversaire, dans 8 jours ! Mais ça sera probablement juste dans le post "ce matin, hier, j'ai roulé..."