En ce qui me concerne, je ne peux pas en dire autant...
Comme tout le monde, je préfère rouler sur des bicyclettes parfaitement silencieuses et bien lubrifiées. Le plaisir qui en découle est difficilement descriptible sans véritable talent littéraire. Je ne m'y risquerai donc pas.
Mon VTT fêtera cet hiver 2022 ses 30 ans et bien que plusieurs pièces d'usure ont été changées, il a quand même quelque tendance à l'arthrose. Et moi, maître peu rigoureux de ma Modestine d'acier, j'ai tendance à laisser traîner les soins qui m'incombent. Heureusement, les militants de L214 ou autre "Rouille Peace" n'ont pas encore réalisé qu'avec tout l'amour que nous portons à nos machines, celles-ci ont acquis une sensibilité qui nécessiterait qu'on les "anthropormorphisse" afin qu'elles rejoignent la sphère des organismes ayant besoin d'être défendus voire "sauvés".
Bref, ma bicyclette cliquette.
Le problème est que ça n'est pas régulier ni permanent. Quand j'ai le temps d'y faire quelque chose, elle devient silencieuse. Quand je la chevauche dans de longues séquences, particulièrement en montée, elle couine, cliquette, bruisse de plusieurs manières mais toujours en écho à mes propres impulsions, tractions, quelque soit ma position (assis ou en danseuse). A l'arrêt ou sur le pied d'atelier, elle reste silencieuse malgré mes sollicitations, ce qui encourage ma procrastination.
Cet été, alors que j'allais rouler avec Charles sur ses terres (récit à venir), j'en étais gêné par avance, moi qui suis doté d'un peu d'amour-propre... Me doutant par avance du soin que notre camarade apporte aux machines de son écurie (je l'avais constaté à Bédarieux et en lisant ses interventions sur le forum), j'espérais que ma Modestine se ferait discrète. Je craignais la longue montée depuis St Ursanne qui offre typiquement le genre de topographie où ma Modestine s'exprime. J'ai appris à pédaler de manière à la rendre très discrète, mais cela n'est efficace que sur le plat. Quand la pente tutoie les 10% et plus, ca ne marche pas. Heureusement, la pluie de l'avant-veille avaient liquéfié la graisse transformée en pâte, résultant de n lubrifications antérieures non précédées de vrais nettoyages, la transformant ainsi temporairement mais fort opportunément en lubrifiant.
S'ensuivit une forte réduction des couinements dans la cassette. Mais ce n'était pas suffisant pour cacher la souffrance d'une machine qui produisait les signes nettement audibles de sa maltraitance aux oreilles d'un cyclo aussi méticuleux et expérimenté que Charles. Je me fendit d'une justification que son tact seul rendit crédible. Dès les jours suivants, les bruits, tant à l'arrière qu'à l'avant reprirent de plus belle. Je devais agir.
Il n'est pourtant pas exact que je ne fis rien pour résoudre ces problèmes. Peu avant l'été, j'avais resserré les boulons des manivelles de pédalier. Sans résultat, j'avais même ôté les manivelles pour les graisser. Le cliquetis venant, j'en étais certain, de la zone pédalier. Rien n'y fit.
En cette rentrée, plein de résolutions, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes, si je puis dire. Persuadé que les bruits à l'arrière provenaient d'un corps de cassette abîmé, j'ai passé commande d'un moyeu entier Shimano Tourney, le seul en 7 vitesses que j'ai pu trouver à la vente à un prix raisonnable (11€ l'ensemble moyeu , axe plein et corps) alors que des moyeux à l'unité étaient vendus 35€ minimum. Persuadé ne veut pas dire certain. J'ai donc vérifié la cassette avant démontage du corps (que je ne pouvais faire car je me suis rendu compte que la clé hexa de 15 manque dans ma boîte à outils). J'ai trouvé finalement, et à la grande surprise, que l'écrou de serrage était lâche. Les 40 nm de serrage n'y étaient pas. Étonnant, mais étant le seul à m'occuper de ma Modestine, je devais le résoudre à l'évidence : j'avais remonté ma cassette à la va-vite, sans vérifier le couple. Voilà qui explique les bruits à l'arrière, en tous cas en partie. J'en profitais pour la défaire et la nettoyer correctement. Après l'avoir remontée et serrée à la clé dynamométrique, elle était devenue soudain silencieuse. J'en suis satisfait, bien sûr car je n'ai pas eu à utiliser ce corps de cassette 7v (que je garde quand même compte tenu de l'âge de celui d'origine et dd la difficulté à en trouver à un prix raisonnable). Mais j'avoue rester à l'écoute car je ne comprends pas comment ma cassette mal serrée pourrait provoquer les "clacs clacs"à chaque tour de roue (en roue libre uniquement) que j'entendais à la fin de l'été. L'intermittence m'ayant déjà provoqué de fausses joies, je ne serais pas si surpris du retour de ce bruit. J'aurai alors la pièce pour réparer, je l'espère définitivement.
Concernant les "tics tics" à l'avant, j'ai pris le temps hier soir de démonter pédaliers et boîtier de pédalier, de tout nettoyer et regraisser puis de remonter le tout avec soin, en veillant à ne rien louper, pas même une vis cheminée sur les plateaux. Et bien l'en a pris : les cliquetis ont disparus. A la bonne heure.
La leçon de mon expérience est que dans une situation comme la mienne, la meilleure stratégie consiste à tout démonter, nettoyer, graisser puis remonter en veillant à serrer au couple adéquat, avec les bons outils.
C'est irritant un vélo qui fait des bruits. L'identification de la cause n'est pas facile. La résolution n'est pas forcément difficile mais elle nécessite un peu de temps et de la rigueur. Et évidemment les bons outils.
Mais le retour au silence est particulièrement gratifiant.