loz a écrit : ↑mar. 5 mai 2020 00:02
J'avoue que le Fairlight Strael se rapproche du vélo de mes rêves...
J'ai regardé et effectivement, ça à l'air d'être un très beau et surtout bon vélo de route moderne pour les usages sportifs et randonnée légère (pas tout à fait assez polyvalent pour moi, néanmoins, car pas conçu pour y adjoindre des porte-bagages légers).
Un cadre acier très impressionnant par l'intelligence de sa conception et l'accumulation de détails: boîtier de pédalier fileté, fixations pour garde-boues, forme des tubes etc. Les testeurs de road.cc le mettent tout en haut de l'échelle en termes de confort et de qualités dynamiques. Tout ça pour un prix (kit cadre avec fourche carbone et jeux de direction) d'à peine plus de 1000 €. Fabriqué en Europe, avec des tubes acier Reynolds haut de gamme. Et avec une gamme de tailles de cadres impressionnante proposant 2 longueurs de tube horizontal pour chaque taille (51, 54, 56, 58, 61).
Je ne peux m'empêcher de repenser à Méral, la marque française qui propose ses cadres juste sous les 1600€ en 5 tailles aussi, mais sans choix de longueur différenciée. Ils utilisent le Colombus Zona qui est une référence, mais pas le plus technique de la gamme Colombus (ce qui ne veut pas dire qu'ils ne sont pas adaptés au vélo Francis; ils sont tout simplement moins chers que les haut de gamme Colombus).
Je regrette vraiment que Cyfac n'ait pas été plus ambitieux dans leur approche de ressortir la marque Méral. Fairlight prouve qu'il est possible de sortir un kit cadre de grande qualité autour des 1000 € fabriqués en Europe. Alors certes, "en Europe" ne signifie pas "au Royaume Uni" et encore moins "en France". Probablement dans un pays comme la Roumanie aux coûts de main d'oeuvre bien plus bas qu'en France. Mais Cyfac, pour le Méral Francis, a fait des choix assumés destinés à limiter la main d'oeuvre (soudures non limées, raccords).
Au final, on peut se poser la question: combien de vélos vendus à un prix de 1600 € comparé à un prix de 1000 €?
Qui va acheter un cadre de série à 1600€ (le prix d'un cadre sur-mesure chez des artisans français) alors qu'on en trouve autour de 1000€ ?
Je ne serais pas étonné que Fairlight vendent en centaines alors que Méral vendent en dizaines. Économiquement pour la France, et même pour les salariés de Cyfac et bien sûr les actionnaires, je ne suis pas certain que l'approche Fairlight soit moins intéressante. En effet, je pense que le marché pour un kit cadre à 1000€ est bien plus grand que pour un kit cadre à 1600€ et donc qu'en quantité de travail localisé en France/UK (et de valeur ajoutée), la stratégie Fairlight soit plus intéressante que celle de Cyfac.
Bien entendu, j'ignore tout de la performance économique du projet Méral pour Cyfac donc je ne critique pas ce qu'ils font. ILs en sont peut-être très satisfait et je ne me prononce pas pour eux. Mais personnellement, je regrette leur choix. Je reste persuadé qu'il y a une place pour un vélo de petite série en acier, s'adressant au client "exigeant", éduqué, recherchant un vélo durable, moderne mais sans se plier aux diktats du marketing consumériste, capitalisant sur les savoir-faire, l'image de Méral. A un prix tournant autour de 1000 € qui s'adresserait à tout le monde, y compris quelqu'un à moyens réduits qui accepterait de faire un effort significatif pour acheter un vélo "pour 30 ans ou plus, qu'il pourrait graduellement équiper avec des composants de son choix répondant à ses critères. Bien sûr, cette description est calqué sur mes préférences, mais je n'ai pas la vanité de penser que je suis exceptionnel. Je pense être représentatif d'un nombre modeste mais pas "epsilonesque" de pratiquants.
Rien n'empêche d'autres de proposer ce vélo, objecteriez-vous. En fait, si. En vrai, pour réussir un tel projet, il faut quand même pouvoir atteindre des volumes minimum (pour amortir les coûts fixes non négligeables), ce qui implique d'avoir un minimum de marketing. Créer une marque à partir de rien, c'est long et ça coûte. Cyfac, avec Méral, avait à sa disposition LA marque française parfaite pour cela. JE n'en imagine pas d'autres, à vrai dire.
D'où ma frustration, renforcée par mon propre attachement puisque j'adore ma randonneuse Méral et que j'ai une idée assez précise de ce que serait un vélo moderne perpétuant l'esprit et gardant les qualités, sans pour le moins du monde faire dans le Vintage ou même le "Classique" (qui ne sont qu'une mode, selon moi).
Désolé pour ce hors-sujet.