J'avais même réussi à trouver quelques cartons propres dans une poubelle proche : me voilà avec un tapis de sol des plus convenables.
Comme mon abri est bien orienté ouest, j'ai même eu chaud lorsque le soleil s'est couché.
Le groupe qui m'avait emmené dans la nuit mercredi soir m'a rejoint hier au café / épicerie / pizzeria du village vers 17h. Nous y avons dîné ensemble. Pour la nuit, ils se sont répartis en deux groupes : 2 d'un côté, 3 dans un autre logement.
Mon plan de route est assez simple : je pense partir vers 4h ou 5h pour être déjà sur la route quand le groupe repartira de Saint Germain. Ensuite, j'espère pouvoir profiter de leurs roues pour continuer la progression, idéalement après le Mont Saint Michel mais peut-être avant en fonction du délai entre nos départs respectifs.
A 2h, je suis réveillé par les cloches de l'église. Je pourrais partir car je me sens suffisamment reposé, mais je fais quelques calculs rapides : si je pars à 2h30, il faut que j'arrive au bout des 600 km avant demain 18h30. Ca fera une courte journée sur le vélo... Je préfère me recoucher et attendre un peu plus pour rester sur mon idée de départ.
C'est ainsi que je plie mon campement avant 4h30 et que je reprends la route à 4h45 : ça me laisse jusqu'à demain 20h45 pour revenir au point de départ, c'est plus raisonnable et ça tombera mieux sur les lieux de bivouac repérés sur les cartes.
Manque de bol, même si la navigation semblait aisée au premier abord (tout droit, plein sud vers le Mont Saint Michel), je jardine un peu car le gps de mon téléphone m'induit en erreur constamment en m'annonçant "trop éloigné de la route" alors que je suis en plein sur la trace...
N'y tenant plus, je me fie à mon sens de l'orientation et pique vers le sud sans tenir compte de ses errements. Je fais un petit détour par Bréhal, mais je récupère bien le tracé au niveau de Granville, où je retrouve 2 cyclos du groupe : Sybille et Brieg. Nous décidons de poursuivre ensemble cette journée. Ils ont l'objectif de s'arrêter à Beaumont-le-Roger (~375 km). Si on atteint ce point avant de dormir, la suite sera assurée jusqu'à l'arrivée. J'avais moins d'ambition, mais ça me va bien de pousser un peu plus loin.
La route est plutôt facile vers le Mont Saint Michel qui se dévoile lorsque nous arrivons en haut des falaises de Champeaux puis il joue à cache-cache en fonction des arbres, des collinettes... A 9h35, nous faisons une pause café + changement de tenue à Pontaubault avant d'entrer dans la dernière ligne droite vers le Mont Saint Michel.
Nous y pointons avant 11h. C'est l'affluence des grands jours : une file ininterrompue de voitures à l'arrêt pour pouvoir accéder aux parkings, des piétons bien présents sur les rives du Couesnon. Nous ne sommes pas mécontents de nous extraire de ce flot humain et nous retrouvons le calme de la campagne avec plaisir en pointant vers Saint James. A 12h45, pause déjeuner de 30 minutes à l'entrée de Saint Hilaire du Harcouët. Nouvelle pause à Domfront, en haut de la montée, à 15h10 pour une glace rafraîchissante et un coca.
On passe Bagnoles de l'Orne sans s''arrêter et je savoure la route en forêt qui suit, c'est plus calme, il fait moins chaud, le vent de face que nous subissons depuis le Mont Saint Michel se fait moins sentir.
Nous arrivons à Carrouges vers 18h05. Nous avisons une supérette et nous y arrêtons rapidement faire quelques emplettes pour nous ravitailler.
Pour moi, ce sera une salade piémontaise et un morceau de brie que je commence à déguster directement.
Ensuite, une montée nous attend, celle qui nous amènera au point culminant de la randonnée. Le moral l'attend car après, on sait qu'on descendra plus qu'on ne montera. Ca fera paraître les montées moins difficiles.

La descente qui suit est raide mais se fait sans les freins !

Ce n'est pas vraiment dans les projets de mes compagnons de route. A Laleu (km 280, 20h30), je m'arrête et les laisse poursuivre. Je sais que ça sera plus compliqué pour moi de continuer le périple seul mais je préfère ne pas m'endormir sur le vélo et risquer une chute.
Je m'endors rapidement sur un banc, je me réveille pour aller m'installer un peu plus à l'abri du vent et dans un dernier rayon de soleil et je repars sur une autre sieste. Ce n'est pas bon signe...

Je me redéplace et je change de tenue : pantalon long, manches longues pour rouler de nuit. J'essaie de manger un peu en guise de dîner.
Je repars seul à 21h40 et je m'arrête à nouveau à 22h35 pour une sieste d'un quart d'heure.
C'est dur de rouler seul et je sens que la fatigue est bien présente.
Lorsque j'arrive à Lignerolles, j'avise un lavoir qui me tend les bras et je décide de m'y arrêter pour une vraie nuit.
Ca fait pile 300 km au compteur... J'avais prévu de m'arrêter plus loin mais c'est plus raisonnable de ne pas continuer tout de suite.