Hop !
Un week-end familial prévu dans mes contrées finistériennes ? Un jour de congé posé pour allonger la sauce ? Voilà le début d'un bonne recette pour faire une sortie de 200 km !
J'avais donc prévu de mettre le vélo dans la voiture et d'utiliser mon lundi libre pour me balader en Bretagne. Mais c'était sans compter la proposition farfelue de ma chère et tendre : "Et si tu y allais en vélo ? Si tu pars le vendredi soir et nous le samedi matin, on se rejoint à mi-distance..."
Cette solution a l'avantage de garder toutes les journées dispos pour des activités familiales et de me laisser profiter de l'heure de sommeil supplémentaire du week-end pour me reposer. Ca évite donc de faire les 400km de voiture du retour à Caen juste après avoir bouclé les 200km en vélo.
Après avoir préparé mon fidèle destrier en mode randonnée (
on remplace le support d'antivol par un support de bidon, on remet en place l'écarteur de danger...) le jeudi soir, je suis prêt à partir le vendredi après le boulot.
Mes bagages sont similaires à ceux que j'ai pris sur le BRM 600 : je ferai 3 fois moins de distance, mais la température a baissé depuis juillet et, même si je n'ai pas vraiment prévu de m'arrêter dormir, c'est une éventualité plus que probable et j'emporte donc tout le nécessaire.
La météo, que je scrutais depuis le début de la semaine, s'améliorait au fil des prévisions : avec un peu de chance, je pourrais éviter la pluie... Mais, sur ce point, je ne serai pas chanceux !
La perfide et froide pluie m'a accueillie à la sortie de Caen avec son compagnon non moins perfide le vent ! Dans ce cas, on baisse la tête et on continue à pédaler...
Ce ne sera d'ailleurs pas une pluie soutenue et continue, juste des grains passagers avec la même combinaison : le vent qui se renforce devant le nuage, la pluie qui tombe drue et ensuite une accalmie qui me laisse entendre le chuintement des pneus sur la route mouillée.
Petit à petit, je m'écarte de la trajectoire des nuages et la route redevient sèche. La circulation automobile s'estompe également : parti à 20h15 de la maison, j'arrive vers 22h30 à Caumont L'Eventé (
c'est sûr qu'avec un tel nom, on sent le vent en haut de la butte !). J'y fais une courte halte pour me laisser égoutter et j'entame ensuite une descente en ligne droite de 5 km vers Torigny sur Vire.
La légère montée qui suit ne suffit pas à me réchauffer : j'avise une agence bancaire à Torigny et m'y réfugie ! Un panneau lumineux m'indique une température de 4°... Brrr !
En prévision de telles températures, j'avais emporté deux paires de chaussettes et j'en enfile une : avec les sandales et les chaussettes, je ressemblerais presqu'à un Allemand ou Hollandais en vacances !
Les mains et les pieds reprennent vie, mais lorsque je veux sortir un grain s'invite ! Je le laisse donc tranquille et m'accorde une courte sieste de 15 minutes.
Je repars ensuite en direction de Villedieu les Poëles : je sais que ça monte pour redescendre après. Le froid se fait sentir lorsque je reste en roue libre, mais dès que la route monte ma température aussi et la météo est redevenue clémente : plus de vent, plus de pluie. Je suis seul sous un ciel étoilé et un quasi clair de lune qui éclaire le paysage. Ce sont de moments magiques !
D'autant plus que j'expérimente une nouvelle aide pour la navigation : mon smartphone m'annonce à l'avance les carrefours où je dois tourner. L'itinéraire étant de surcroît assez rectiligne, je ne me préoccupe pas de vérifier tous les 500m si je suis sur la bonne route : tranquillité d'esprit assurée ! Ca aide à savourer l'instant présent où le vélo roule tout seul sans bruit dans la campagne endormie.
Villedieu est atteint en 4h50 : il est presqu'une heure, tout est calme. Je traverse le centre ville sans traîner et je me dis qu'une halte dodo à Avranches serait judicieuse. Cela me motivera dans les descentes à venir qui vont me refroidir.
J'imagine déjà la chaleur du hall de gare (
c'est dire la température ressentie sur le vélo) et je m'assure également que l'air sera plus doux près de la baie du Mont Saint Michel.
C'est vrai que la sortie de Villedieu m'a réchauffé, mais la longue descente vers la mer me frigorifie !
Et c'est avec consternation que je constate que la gare d'Avranches est fermée la nuit... pas moyen de trouver un abri ! Et la température au pied d'Avranches n'est pas moins fraîche que sur les hauteurs... Le vent est déjà couché, les nuages sont loins et le ciel étoilé : peu de risque météo... mais j'aurais bien apprécié un peu de chaleur.
Ceux qui connaissent Avranches comprendront que je n'ai pas tenté d'aller au centre ville pour trouver un abri : c'est une butte bien abrupte !
J'ai donc trouvé refuge dans la structure de jeux pour enfants du MacDonald's voisin et ce n'était pas si mal : à l'abri du vent, de la pluie et des regards indiscrets !
J'ai pu dormir sans être dérangé.
Je me suis réveillé avant le soleil et je suis reparti dans le petit matin frais. Il me reste presque 90 km à faire pour atteindre 200 km et ma voiture balai ne va pas tarder à partir de Caen : il ne faut pas trop que je traîne car ce long arrêt (
5h25 de pause) n'était pas vraiment prévu dans mon plan de route initial.
J'aperçois de la gelée sur le bord de la route : elle scintille sous l'éclairage de mon phare. Le Mont Saint Michel se dresse à ma droite et restera veiller sur moi jusqu'à Pontorson que j'atteins juste à 9h. Je voulais m'arrêter à Pontaubault, juste après Avranches, mais je n'ai rien vu d'ouvert et je n'ai pas eu envie de jardiner et j'ai donc continué ma route en bordure de la baie du Mont Saint Michel.
J'ai tout de même dû faire une halte en cours de route pour réchauffer mes mains : annulaires et auriculaires s'engourdissaient par le froid... Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'onglée !
Le chocolat chaud à Pontorson fait du bien. Accompagné d'un croissant et d'un pain au chocolat, il va me permettre de reprendre la route sereinement : le soleil s'est levé et fait fumer les talus givrés. Il me réchauffe le dos et le paysage se réveille avec de magnifiques couleurs d'automne.
J'emprunte de routes assez rectilignes mais peu fréquentées ; le relief est doux et j'alterne entre les champs et les parties boisées.
Petit à petit, je me rapproche de Dinan, où j'ai passé quelques années : je reconnais des lieux et des routes, je retrouve des souvenirs laissés dans les parages.
J'arrive au pied de la basilique Saint Sauveur qui domine la Rance juste aux douze coups de midi.
La météo s'est dégradée puisque j'ai eu le droit à un petit passage de grêle lorsque j'étais à l'abri de la forêt de Coetquen. Le froid est toujours présent. Il me reste 14km pour atteindre mon objectif : je quitte Dinan sans prendre le temps de faire un détour vers notre ancienne maison et je grimpe vers Quévert. Je continue en direction de Corseul, où vécurent
les Coriosolites, et où je sais qu'une côte m'attend !
Je marrête en haut pour déguster la fin du palmier que je transporte depuis Pontorson : ma voiture balai m'attend à quelques kilomètres et j'ai quasiment atteint les 200 km !
Il me reste 2 vallons à traverser et j'arrive à Bourseul. Malheureusement la pluie est revenue, froide et drue, surtout qu'elle est accompagnée de grêle. Je quitte Bourseul quand, en passant près du cimetière, je repère un véhicule que je reconnais : mon équipe de soutien est déjà là alors que j'imaginais avoir encore 5 km à faire pour les retrouver !
On se réfugie rapidement au Café des Sports sur la place de l'église : chocolats chauds pour les grands, diabolo menthe pour le petit. Je mets des habits secs, on accroche le vélo derrière la voiture et ZOU ! on continue la route vers le bout du monde.
On aura encore des averses de grêle, du vent et de la pluie... mais on est à l'abri dans la voiture !
- Carte du parcours réalisé
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- Profil du parcours
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