Allez, une troisième.....Quand, même la montagne n'y résiste pas.....
Il faut d'abord que je vous présente mon équipier de l'époque (car cela remonte encore à la Préhistoire du Cyclisme....).
Je vais le nommer Jean-Laurent, parce que son prénom est aussi composé, parce que sa ressemblance à l'époque avec Laurent FIGNON était "copier-coller" et parce que, avec nos tenues "Système U" la ressemblance était rendue encore plus frappante. Mais, elles étaient vendues à bas prix à l'époque car ce type de magasin venait d'ouvrir par chez nous.
Jean-Laurent, donc (nos amis et lui-même vont vite le reconnaitre....aie !) était prof....
Il avait même, dans son jeune temps, été Champion Universitaire de Bourgogne de Cyclisme sur Route. Honnêtement, si j'avais habité la Bourgogne, peut-être aurais-je essayé d'être Champion....mais, d'autre chose
Mais, je m'éloigne je m'éloigne...revenons au sujet : la pluie, je devrais dire l'orage même...et quel orage !
j'en avais d'ailleurs déjà parlé dans un sujet similaire.....
Années 85-90, âge 35-40 ans, c'est l'époque où l'on pouvait tout entreprendre ! Du boulot "par dessus la tête", des études supplémentaires pour consolider le métier, du sport-passion et une vie familiale somme-toutes équilibrée malgré tout cela (mais ma Tendre-Cyclote est une Sainte !).
Dans le domaine sportif, les Cyclosportives de montagne et le Triathlon Longues Distances Embrunman me passionnaient....Mais, comme j'étais pas bon...il fallait pédaler !
ça m'arrangeait bien d'ailleurs, parce que j'ai toujours aimé çà....surtout avec les belles routes de montagne qui m'entourent !
Mais, je m'éloigne je m'éloigne...revenons au sujet : la pluie, je devrais dire l'orage même...et quel orage !
Fin de printemps, tous les cols sont ouverts, nous avons déjà enchainé quelques circuits avec dénivelés sévères et il faut "monter dans les watts". Objectif du jour : départ de Jausiers (Alpes Haute-Provence) direction Col de Larche puis Col de la Lombarde et retour par la Cime de la Bonette. La veille il faisait très beau, donc il va faire très beau...normal non ?
Nous pédalons dans l'allégresse du petit matin, dans la montée facile du Col de Larche que nous avalons à une allure qui laisserait croire que notre arrivée est au sommet....
les trente kilomètres de descente qui suivent, en Italie, sont dignes du Giro.....Nous sommes partis pour "faire un temps"....
La raide montée du Col de la Lombarde, même pas mal aux jambes
nous basculons dans la vallée de la Tinée, comme si nous voulions rattraper la Caravane Publicitaire......Isola.....remontée de la Tinée...."à bloc"....tiens, quelques petits nuages viennent admirer notre performance
....ils appellent leurs petits copains, et c'est une foule de petits nuages qui viennent nous admirer du côté de St Etienne de Tinée.
En présence d'un pareil public, nous ne pouvons qu'être encouragés !
....Attaque de la Bonette....toute cette foule de petits nuages s'est regroupée en une énorme enclume bien noire au dessus de nos têtes, il fait une chaleur suffocante, nous dépassons le petit hameau du Pra (alti 1600 m) en plein après-midi de fin de printemps...il fait nuit noire....lorsque.........
....Grandes Illuminations !! un coup d'éclair frappe juste à côté de nous, et ce sont les rochers eux-mêmes qui se font déloger et nous viennent dessus...sans une goutte d'eau...pour l'instant.
....On est tout petit dans la Montagne dans ces cas là !!...trèèès-trèèès tout petit.....
.....Nous nous regardons....nous lisons la peur dans le regard de l'autre.....et là.....
......le gros nuage bien noir s'ouvre sur nous à grands bruits
, les grêlons tapent froid sur les cuisses, ça claque de toutes parts.....terrorisés, que faire : redescendre au Pra ? rejoindre Bousièyas 3 kms au dessus ? allez on grimpe....Même Froome, il n'allait pas si vite dans le Ventoux ou bien dans les Pyrénées !!! chacun pour soi...pourvu qu'un des deux en réchappe !
Je crois que vraiment je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie, les zébras du ciel n'arrêtaient pas et on alternait avec le noir du ciel et les grands flashes permanents, la route vibrait des coups de tonnerre.
....Nous avons survécu !! arrivons au Gîte de Bousiéyas, sans comprendre comment avons nous pu faire !! nous sommes accueillis avec beaucoup de compassion, la peur nous a fait sêcher immédiatement.....
....Mais....que faire ? Il reste 10 kilomètres avec encore quasiment 1000 mètres de dénivellation à gravir, les éléments sont déchainés, la route devient une rivière, plus aucune auto ni à la montée, ni à la descente...il doit être environ 16 heures, il fait nuit malgré les longues journées, sauf pendant les éclairs et ils sont nombreux......C'est que tout là-haut, La Bonette est à 2802 mètres, et même si nous ne franchissons "que" le col de La Bonette ce serait quand-même 2700 !!!
Une bonne heure et demie est passée sans qu'aucun véhicule ne soit passé, il est impératif de pouvoir traverser : demain nous devons travailler tous les deux.....
La route dévale en rivière.....une voiture descend !!.....au pas !!...10 cm de grêlons ou neige sur le capot !.....Les éclairs cessent, il pleut....l'orage violent s'éloigne.....Décision rapide : on repart à la montée, sous la pluie, à bloc !! 10 bornes à 10% à cette altitude, heureusement que nous avions la forme !
.....Nous dépassons le Camp des Fourches....
....ça recommence, plus aucun abri !! ambiance de fin du monde, aucune voiture ne nous dépasse, une ou deux nous croisent au pas....
...Trempés jusqu'à la moëlle des os nous atteignons la petite brêche du Col de la Bonette à 2700 mètres, en un temps record de à peine plus de 3/4 d'heure depuis Bousiéyas....ceux qui connaissent sauront apprécier !
....Vallée de l'Ubaye.....pas un nuage !!!...comme celui de Tchernobyl !!!....il a reconnu la frontière et ne l'a pas dépassée
, les journées sont longues à cette période de l'année, nous n'avons rien de plus à nous mettre mais tous comptes faits il ne fait pas froid, la descente se déroulera sans heurt...enfin quoi, si l'on peut dire....car une marmotte a failli me couper le devant mais est passée entre la roue avant et la roue arrière.....hélas pour elle je lui ai roulé dessus, ne suis pas tombé...mais l'ai zigouillée.....Vraiment désolé, mais décidément c'était le jour des grosses frayeurs.
J'affirme que c'est vraiment le jour où j'ai eu le plus peur de l'orage en montagne !
Il y a déjà bien longtemps, j'avais fait allusion à cette mésaventure.....
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