Cent Cols : De la Savoureuse à la Moselle
Du Club des Cent cols, il a déjà été question ici...
Et pas toujours dans les termes les plus favorables... parce que l’idée de base de cette confrérie est parfois mal comprise :
Le Club des Cent Cols, c’est la promotion du cyclotourisme en montagne
Et pour réunir, rassembler les amoureux de la montagne et de la bicyclette, on a créé cette formule
Avoir gravi cent cols différents, dont cinq à plus de 2000 m
C’est aussi simple que ça... mais les humains sont ce qu’ils sont, et certains ont pris cela pour une compétition, le moyen de faire plus et mieux que d’autres, d’en faire une obsession, une maladie...
Ceux et celles-là, laissons-les avec leurs problèmes et gardons ce qu’il y a de meilleur, c’est à dire l’amitié entre cyclos partageant l’amour du vélo et de la montagne.
Ce long préambule pour dire que ce 19 juillet 2014 avait lieu dans un charmant endroit des Vosges, une rencontre annuelle du Club.
Une fois de plus, la motivation CCC m’offre un but de randonnée et l’occasion de revoir des amis : ce sera une équipée de trois jours.
Sans voiture, ni en approche ni accompagnatrice. Mais au retour, en demandant un petit coup de pouce au TER pour les derniers 20 kms...
Premier jour, vendredi 18 juillet
La météo s’annonce radieuse et même torride, pour cela j’installe sur mon vélo un porte-bidon supplémentaire, et c’est parti. Cela commence tout de suite à grimper, pour passer le dernier chaînon Nord du Jura par le col des Rangiers (857 m)
Dans ce premier col, déjà je sens que ce sera un jour sans... faudra jouer serré !
Kilomètre 40, halte technique devant l’ancienne gare de Réchésy (90), opération changement de tenue et tartinage de crème solaire écran total.
Prochain objectif : Belfort.
J’y arrive, au km 69, sur une superbe piste cyclable, qui permet maintenant la traversée Sud-Nord de la ville à l’abri de la circulation.
Je profite de la traversée d’un magnifique square ombragé pour ma pause pique-nique.
Occasion m’est donnée d’y refaire le plein de mes deux bidons ; petite sieste et ça repart en longeant la Savoureuse (je ne sais si elle l’est vraiment, je n’ai pas goûté !).
Sortie de l’agglomération, la route est maintenant en plein soleil et consiste en une longue montée en faux-plat jusqu’au pied du Ballon d’Alsace. A Auxelles, à peine une heure de route plus tard, je ressens un puissant « coup de mou » qui m’oblige, quelques kms plus loin, à une pause-sieste supplémentaire dans un coin ombragé : ce sera le début de la galère...
Le cimetière de Plancher-Bas m’offre son point d’eau pour refaire le plein car je pressens n’avoir plus tellement d’occasions avec ce qui m’attend maintenant...
Car ce qui m’attend, c’est l’ ascension du Ballon de Servance (1152 m), 700 m de grimpée sur une quinzaine de kms, et j’ai les guiboles molles, les tibias raplaplas et le foie qu’est pas droit...
Dès le carrefour du col de la Chevestraye, je suis la route empruntée par le Tour de France 4 jours plus tôt. Sur les façades des maisons de Plancher-les-Mines, abondent les décorations à la gloire du vélo et le macadam est parsemé d’inscriptions d’encouragement aux coureurs.
La route monte encore raisonnablement ; au gré des virages on commence à avoir quelques parcelles d’ombre.
Puis voilà le carrefour : à droite LA PLANCHE DES BELLES FILLES !!!
Désormais classique et terrible finale d’étape... Eh ben non , j’y monterai pas : d’ailleurs il faudra qu’un jour on m’explique cette antinomie entre *planche » et « belles filles » .
J’irai pas parce que j’ai autre chose à faire. La montée du ballon de Servance commence ici.
Pente pas spécialement raide mais perfide, ça monte à 5-6% puis tout d’un coup, sans prévenir, les rotules vous font mal, le souffle est court, et vous vous apercevez que la bulle du déclivomètre indique 12%... et ça continue comme ça, heureusement à l’ombre la plupart du temps.
Un panneau annonce « sommet à 7 kms »... il reste 525 m à gravir !
C’est la galère : mal aux genoux, mal aux épaules, aux cervicales, aux fesses...mal partout et gorge sèche malgré les nombreuses lampées d’eau. Et je dois refaire un arrêt-récupération... qui sera suivi de bien d’autres ! « Monsieur Garmin » mon fidèle copilote qui enregistre tout, me dira plus tard que le total des arrêts de la journée dépasse les 3 heures : mauvais pour la moyenne ça !
Enfin le col ! Il y a longtemps que je n’avais pas souffert à ce point ; mais en y réfléchissant et me rappellant quelques épisodes de ce type les dix dernières années, ils ont tous un point commun : la chaleur. Mais avec le recul, je me demande aussi si l’eau que j’ai pris en route était toujours bien nette ? En tous cas l’équation est simple : tu bois, et si t’as pas de bol tu seras peut-être malade, ou tu ne bois pas et tu crèves...
La descente vers le col des Croix se passe sans problèmes sauf que ça secoue pas mal malgré les roues de 650. Le Thillot, légère remontée vers Le Ménil, où m’attend une chambre confortable. J’y arrive sur les rotules ; mais pas assez cuit cependant pour renoncer au délicieux dîner, juste récompense de cette dure journée.
124 kms / 1350 m de montée.
Deuxième jour, samedi 19 juillet.
Le programme d’aujourd’hui est court, pour deux raisons :
- La Concentration des Cent Cols ne se trouve qu’à 5 kms de mon hôtel. Je n’ai aucune idée du temps que cela va durer, avec les rencontres, la partie dite officielle, puis le pique-nique.
- Ensuite, sur le chemin du retour, j’ai prévu de m’arrêter chez un cousin qui habite au bord de la piste cyclable de la Thur ; et là non plus je ne peux pas prévoir la durée de l’arrêt.
Tout ça pour dire que je compte faire étape à Thann, un peu moins de 50 kms.
Tout de suite, la route qui mène à la Chapelle des Vés se cabre : 10, puis 15 %... Lorsque ma bulle affiche 20% je préfère mettre pied à terre pour une centaine de mètres ! Heureusement ce sera le seul épisode de ce type. Néanmoins cette petite route est casse-pattes, cela monte en « escaliers » successifs qui mettent le bonhomme à rude épreuve. De plus, il y plusieurs aiguillages, évidemment sans indications ni panneaux, mais là « Monsieur Garmin » veille au grain !
Enfin la chapelle est en vue. Quelques personnes sont déjà là : ce sont les organisateurs qui s’affairent pour que tout soit prêt à l’heure.
Et les cyclos commencent à arriver : du bas, du Nord, d’en haut, de l’Est... cette chapelle se trouve à la croisée de plusieurs chemins, au col des Vés (765 m). Selon une tradition bien établie, les Cent Cols se retrouvent chaque année dans un massif différent : Alpes, Jura, Massif Central, Pyrénées, et comme cette année, Vosges.
Midi, tout le monde est là : retrouvailles, anciennes et nouvelles connaissances, pot de bienvenue.
La partie « officielle » peut commencer et la gent pédalante écoute dans le recueillement la bonne parole dispensée par les organisateurs, Monsieur le Maire de la commune et le président de la confrérie. Après quoi on s’installe pour le pique-nique...
Mais il est temps de penser à la suite de la journée : par une pente aussi vertigineuse que la montée du matin, je redescends de l’autre côté, vers la vallée de la Moselle.
J’y trouve une excellente piste cyclable aménagée sur l’ancienne voie ferrée qui menait de Remiremont à Bussang. Au terminus, la très belle gare de Bussang est toujours là, reconvertie en office du tourisme.
Il s’agit d’aborder maintenant la dernière difficulté de la journée : le col de Bussang. (740m)
Il n’est pas bien dur, mais c’est une route nationale (N66) parcourue par un intense trafic.
Heureusement, c’est samedi donc pas de poids lourds. Surtout, de ce côté, une route plus modeste
(peut-être l’ancien tracé ?) la double et aboutit directement au sommet, juste après la Source de la Moselle. Un arrêt y est quasi obligatoire même si j’y suis déjà passé plusieurs fois ...
De plus, je peux y remplir mon bidon !
La descente, très agréable, n’est qu’une formalité. Arrivé en bas je retrouve la piste cyclable de la vallée de la Thur qui me mènera directement à Thann, avec comme prévu ma visite chez mon cousin.
L’arrivée dans cette charmante petite ville est toujours un plaisir, et j’y ai mes habitudes !
C’est donc avec un verre de délicieux Gewurztraminer bien frais que je célèbre la fin de cette étape de
49 kms / 490 m de grimpettes.
Dimanche 20 juillet
La météo était pessimiste hier soir, mais le ciel est encore clair quand je quitte Thann en filant vers le Sud, sur une route droite en faux-plat descendant : le bonheur !
Après quelques kms, arrêt... il y a ici un de mes objets favoris : des vestiges ferroviaires. Je n’ai encore jamais pris de photos de l’ancienne gare d’Aspach.
Cette photo m’a valu de sortir ma pharmacie de voyage... Alors que je m’apprêtais à la faire, mon vélo a trouvé malin de me tomber dessus, en me faisant au passage une belle éraflure au tibia !
Il n’y a rien de plus chiant et dangereux qu’un vélo quand on n’est pas dessus !
Pour en revenir à cette gare, disons que cette ligne n’est pas tout-à-fait morte : elle a été reprise par une association de bénévoles, les amis du chemin de fer de la Doller , qui font circuler de temps en temps des trains touristiques.
Maintenant le ciel est moins clair et l’horizon est tout noir... justement là où je vais. Moralement je me prépare au pire et envisage une stratégie.
Encore dix kilomètres et je sens les premières gouttes, mais rassurant, pas de bourrasques ni de tonnerre. Je m’arrête à l’abri, déballe ma pélerine, puis au moment de la dérouler je me ravise...
1 ) il y a du vent contraire 2 ) il ne pleut pas très fort, et 3 ) cette pluie n’est pas froide du tout
Donc, changement de stratégie : je mets le maillot léger sans manches et le short court, pour avoir le moins de tissu possible à mouiller, et repars avec mon chapeau abritant la tête et les lunettes.
Après la canicule de ces deux derniers jours, c’est même agréable de rouler ainsi !
Le parcours est plat et les kilomètres s’enchaînent, j’arrive sur l’Eurovélo 6, passe au port de Dannemarie où la sympathique buvette abrite déjà quelques cyclistes mais ne m’y arrête pas : trop tôt et risque de prendre froid vu mon équipement.
Peu après, je remarque qu’il n’y a plus de gouttes sur la surface du canal et donc que l’averse est passée : j’ai roulé environ une heure sous la douche et ça m’a fait un vieux bien...
« Bourogne, 2,5 « C’est là que je quitte l’ Eurovélo 6 et bifurque sur la « FrancoVéloSuisse »
J’en profite pour assouvir une nouvelle fois mon dada cycloferroviaire à la gare de Morvillars
Ici passait jadis le Simplon-Orient Express, Calais-Paris-Milan...
Contrairement aux apparences, cette ancienne gare n’est pas morte mais en léthargie. En effet, il est question de ressusciter cette ligne entre Delle et Belfort pour les TER suisses qui assureront la desserte de la gare de Belfort-Montbéliard TGV
La première rame devrait circuler à l’automne 2016... A voir l’état des lieux, ce n’est pas encore gagné !
J’en suis là de mes réflexions, quand j’entends qu’on m’appelle ???
Une amie de longue date, qui habite ici temporairement, est en train de promener son chien... et m’invite pour l’apéro : encore un coup pour faire tomber la moyenne !
Et je repars sur la FrancoVéloSuisse. De Delle à Belfort, le dernier tronçon a été terminé en automne 2013. Une superbe réalisation, voilà le genre de véloroute que l’on aime voir !
Encore quelques kms, la frontière à Delle et ce sera l’ultime étape vers Porrentruy.
Ici, la gare n’est pas en sommeil : cet imposant bâtiment témoigne de l’époque oû elle était une gare internationale importante (les trains Simplon-Orient Express dont on parlait tout à l’heure)
Gare de Porrentruy
Comme prévu, c’est en TER que va se jouer le dernier acte de cette troisième étape :
69 kms, 260 m D+
Le bilan de ces trois jours se résume donc
- Magnifiques paysages, même si en terrain connu
- Excellents logis et repas
- Grand coup de pompe au Ballon de Servance
- Belles rencontres avec des amis aux Cent Cols
- Visite de famille
- Apéro surprise
Tout ça pour
242 kms et 2100 m de grimpées
C’est beau la vie !
Charles
Savoureuse - Moselle
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Re: Savoureuse - Moselle
Oui, il nous reste encore des tas de beaux endroits à découvrir !
Sans cap, tous les vents sont contraires....
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Re: Savoureuse - Moselle
Merci Albina pour ce récit. J'y découvre (un peu...) un pays que je ne connais pas du tout. Il n'y a pas que les a
Alpes qui grimpent!
Et excellente cette idée de photographier les gares. Je suis aussi très curieux de ces endroits: je ne sais pas conduire et ne me déplace souvent qu'en train. La France a été couverte de rails, on pouvait aller partout ou presque avec les trains. Cette richesse est aujourd'hui à niée, ou détruite. Restent ces gares abandonnées ou transformées, vestiges d'un patrimoine à l'abandon. On pourrait ouvrir un fil de discussion "Gares"?
Alpes qui grimpent!
Et excellente cette idée de photographier les gares. Je suis aussi très curieux de ces endroits: je ne sais pas conduire et ne me déplace souvent qu'en train. La France a été couverte de rails, on pouvait aller partout ou presque avec les trains. Cette richesse est aujourd'hui à niée, ou détruite. Restent ces gares abandonnées ou transformées, vestiges d'un patrimoine à l'abandon. On pourrait ouvrir un fil de discussion "Gares"?
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Topic author - Vétéran
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Re: Savoureuse - Moselle
Bonjour Loulou et merci !
quand tu dis
En attendant tu peux le voir ici
http://www.cyclos-cyclotes.org/forum/vi ... f=4&t=4789
Bien du plaisir et bonne journée !
Charles
quand tu dis
ce fil existe déjà : il s'appelle "ruines ferroviaires" et c'est moi qui l'ai ouvert il y a quelques mois. J'ai un peu mis en veilleuse parce que je collectionne les photos pour l'alimenter, et je vais m'y remettre bientôt.On pourrait ouvrir un fil de discussion "Gares"?
En attendant tu peux le voir ici
http://www.cyclos-cyclotes.org/forum/vi ... f=4&t=4789
Bien du plaisir et bonne journée !
Charles
Tout ce qu'on fait, mérite d'être bien fait