Je vois bien que
gravel évoque le gravier, mais le mot évoque aussi une affection caractérisée par la formation dans les reins ou dans l’urine de concrétions plus ou moins grosses, analogues à de petites pierres de la taille de grains de gravier, dont a souffert le seigneur Pierre et son fils, Michel de Montaigne.
Ce dernier écrivait fort justement :
Pour moi, être sujet à la gravelle et devoir pour cela m’abstenir de manger des huîtres, cela fait deux maux au lieu d’un ! — (Montaigne, Essais Livre III, chapitre 13, § 55.
(merci wikipedia)
Hors donc, l'idée de posséder une bicyclette portant le nom vaguement anglicisé d'un maladie qui fit souffrir tant de grands hommes me ferait horreur. Je connais ces vilains messieurs du marketing. Achetez-leur quelques
gravel-bikes et demain, fort de ce succès ils nous sortirons la tetanic-bike (pour cycliste tétanisés par l'effort), la zona-bike, en attendant le schizo-trike (le trike qui vous fait perdre de vue la réalité).
Passe encore que l'on nous ai imposé les Vélos-Tout-Terrain et autres Tous-Chemins. Ces appellations ont tout de même une sonorité bien française, on leur pardonnerait presque de n'être plus tout à fait des bicyclettes. Mais de grâce Messieurs les cyclos francophones de bonne lignée, par égard pour l'histoire de la sublime bicyclette, épargnez-nous les gravel-bikes, même et surtout pour rouler sur d'honnêtes chemins !