Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

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AngstromCyclo
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Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par AngstromCyclo »

Préambule

Comme tous les étés, nous passons une partie de nos vacances en voyage à vélo. Notre projet initial était de voyager en effectuant une boucle au départ de l’Argonne (Meuse) par l’Est de la Belgique jusqu’en Allemagne du Sud (Parc Eifel), la vallée de la Moselle et le Luxembourg. Ce projet avait déjà dû être reporté il y a 2 ans, et cette année semblait la bonne.
Malheureusement, la catastrophe météorologique de début juillet nous a contraints à remettre encore ce projet à une autre année. Nous ne nous voyions pas voyager dans une région dévastée par les crues et importuner des gens qui pleurent encore leurs morts.

J’ai donc ressorti de mes cartons un autre projet déjà bien dégrossi d’un voyage à vélo à travers le Haut Jura et le Doubs, inspiré de la GTJ. L’idée initiale était de traverser la Suisse en train à partir de Saint-Gervais en Haute-Savoie, par Genève, et de traverser le Jura du nord au sud afin de revenir à notre point de départ, le chalet de Haute-Savoie. J’ai présenté ce projet à Catherine et nous avons commencé à le retravailler ensemble en dépliant la carte Michelin 243, “Bourgogne Franche Comté” au 1/200 000ème. Elle a tout de suite exprimé sa préférence de faire la route du sud vers le nord, contrairement à ce que j’avais imaginé, en expliquant qu’elle préférait partir de ce qu’elle connaît pour se diriger vers ce qu’elle ne connaît pas. Je n’y avais pas pensé, mais cela m’a paru immédiatement une très bonne idée. Nous avons ensuite ouvert Le Guide Vert, fait quelques recherches sur Internet afin, les yeux sur la carte, de repérer les endroits que nous pourrions avoir envie de visiter. J’ai aussi téléchargé la trace GPX de la GTJ cyclo qui nous a donné un élément supplémentaire de préparation. J’ai recontacté Charles, du forum, car ce projet me donnerait l’occasion de nous revoir, et de le faire sur ses terres cette fois-ci. Catherine pourrait faire sa connaissance. Il toujours important pour nous, outre le tourisme, de faire de belles rencontres. Ainsi nous avons imaginé une route qui partirait de Genève, emprunterait ViaRhôna sur quelques dizaines de kilomètres jusqu’à Bellegarde et qui remonterait ensuite le Jura par les hauteurs pour rejoindre le Doubs et sa vallée et enfin, le Jura suisse. Le découpage en étapes nous a permis de voir que notre projet initial de traversée du Jura n’occuperait pas les 10 jours que nous avions prévus et nous avons donc avons donc rajouté le retour à vélo par la Suisse et la traversée du lac Léman jusqu’en Haute-Savoie. Je souhaitais passer par la région de Gruyère et grimper un col des Alpes bernoises permettant de redescendre sur Montreux. Ce dernier tronçon demandait néanmoins à être travaillé car je n’avais fait aucun repérage, comptant demander conseil à Charles pour clarifier tout cela.

Jour 1 Valleiry (74, près de Genève) - Chézery (01)



Nous dévalons les 5 kilomètres de descente du chalet vers la gare du Fayet pour aller attraper notre TER afin de rejoindre le point de départ de notre périple, pensant être ric-rac pour celui de 9h50. Nous sommes en fait bien à l’heure et embarquons dans une toute nouvelle rame Alstom de ce qui s’appelle désormais le Léman Express, une refonte de l’offre TER et du matériel roulant qui relie à la cadence horaire Saint Gervais-le Fayet à Genève jusqu’à l’aéroport en passant par la gare de Cointrin. A Annemasse, correspondance rapide pour Bellegarde sur le même quai. Arrivée 10 minutes plus tard à Valleiry, point de départ de notre voyage. Tout s’est parfaitement déroulé.

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Nous trouvons facilement Via Rhôna grâce à la trace préparée sur cycle.travel et nous sommes immédiatement plongés dans l’ambiance du voyage à vélo que nous aimons tant. Nous pouvons rouler à deux de front sur l’itinéraire très propre et facile à rouler de Via Rhôna que nous ne connaissons pas dans cette région. Il fait beau (nous avons décalé notre départ d’une journée à cause des orages de la veille). Tout va bien.
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Nous avons souhaité démarrer à cet endroit car nous voulions découvrir la cluse (le défilé de l'écluse) par laquelle le Rhône quitte le bassin lémanique pour démarrer son cheminement dans le Bugey. Effectivement le site est intéressant. De vieilles fortifications témoignent de l’importance stratégique de ce verrou. Quelques kilomètres plus loin, nous choisissons l’option “Via Rhôna par la grande route” et non pas celle pour “sportifs” afin de rejoindre au plus vite Bellegarde et le véritable début de notre traversée du Jura. Nous ne sommes pas en avance donc nous traçons au plus rapide.
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Le Rhône se faufile entre les 2 montagnes

Nous arrivons à Bellegarde par la grande route mais celle-ci étant en descente jusqu’au Rhône ce n’est pas gênant. La ville de Bellegarde ne nous a pas paru présenter un intérêt particulier mais nous avions à notre programme la visite du site des pertes de la Valserine. Normalement on y accède en laissant son véhicule en hauteur et en descendant à pied vers la rivière. J’ai repéré un chemin carrossable qui descend et c’est donc avec nos vélos que nous sommes arrivés sur le site par une descente très raide. Evidemment cela nous coûtera cher en énergie au moment de repartir dans l’autre sens, avec une montée largement à 20 % sur quelques dizaines de mètres, avec mon vélo chargé qui tare largement plus de 30 kg mais ça nous rassure de ne pas laisser notre barda sans surveillance trop longtemps.


Le site des pertes de la Valserine est très joli. Avec les pluies et les orages récents, l’eau est abondante, ce qui enjolive encore le cadre.
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Les pertes de la Valserine sont en fait un rapide qui a creusé le lit du torrent dans un lapiaz et qui donne l’impression que les eaux se perdent pour ressortir cent mètres en aval.
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Lapiaz des pertes de la Valserine

En fait, le torrent s’enfonce dans une crevasse calcaire profonde extrêmement resserrée et presque refermée dans sa partie haute, ce qui permet de le cacher presque totalement. Mais c'est différent des pertes de l'Ain que nous avions visitées lors de notre premier tour à vélo dans le Jura en 2013.
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Il est donc possible de passer la Valserine à pieds secs en enjambant d’un bond, même si désormais et pour raison de sécurité, un pont d’un mètre cinquante environ a été ajouté. Nous avons bien profité de ce site bucolique et l’heure a tourné. Il a donc fallu repartir par le chemin si raide que nous venions de descendre et entamer désormais notre montée dans le Jura pour de bon.


Nous le ferons en remontant la Valserine jusqu’au village de Chésery où nous trouverons fort opportunément un joli camping prêt à nous accueillir. Il est affiché complet à l’entrée, mais nous allons quand même demander, espérant pouvoir quand même planter notre tente pour une nuit. Nous sommes très bien accueillis et on nous propose une étape bivouac, c’est-à-dire de planter notre tente dans un vaste espace commun sans emplacement délimité, réservé aux randonneurs et aux cyclistes qui font étape pour une seule nuit. Ils ne refusent pas les randonneurs itinerants.
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Nous trouvons la formule parfaitement adaptée; le site est splendide, la Valserine coule avec ses eaux translucides et même turquoises juste à côté de notre campement.
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Les montagnes et les crêtes du Jura sont magnifiques dans la lumière du soir. Je ne peux m’empêcher d’aller faire une reconnaissance du village. Je suis comme ça: impossible de rester en un lieu sans m’en faire une idée au moins succincte; me voilà donc parti pour une rapide découverte de ce joli village du Jura. En effet depuis Bellegarde nous avons vraiment eu l’impression de rentrer dans le Jura. Le style des maisons a changé, l’atmosphère montagnarde s’est installée, le tintement des cloches se fait entendre. Nous y sommes !
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Notre camping est vraiment très agréable. C’était un camping municipal mais il a été repris il y a 2 ans par un jeune couple qui l’a magnifiquement rénové. Contrairement à ce que nous trouvons dans le Sud, les emplacements pour tentes (et camping cars) restent majoritaires. Ici, point de mobil-homes serrés mais de jolis chalets en bois. La clientèle est là et notamment les Hollandais. Ils s’y connaissent en camping! Nous sommes ravis de cette étape qui tombait juste au moment où Catherine commençait à avoir sa dose de montées pour la journée.

à suivre
Dernière modification par AngstromCyclo le dim. 8 août 2021 19:57, modifié 2 fois.


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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par Pedrodelaluna »

:trinque


La vie, c'est comme la bicyclette.

Il faut avancer pour ne pas tomber.
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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par emilpoe »

Salut,

Le défilé-de-L'écluse, la Valserine... La balade commence bien :)
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08à suivre
Là, on attend ;)


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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par CYCLOHC »

Ça commence bien tout ça ! :bravo3


Sans cap, tous les vents sont contraires....
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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par AngstromCyclo »

Jour 2 Chézery-Forens - Forêt du Risoux par les Rousses


Le lendemain, nous continuons à remonter la vallée de la Valserine. Le temps est couvert et la température propice à la montée. Passage à la fromagerie coopérative de l’Abbaye à Chézery-Forens pour acheter un Bleu de Gex: nous sommes dans la région de production, qui n’est pas, m’apprend le vendeur, situé à Gex, mais dans le Haut-Jura.

Arrêt ravito pour le repas de midi à Lélex. Nous sommes abordés par une dame qui nous demande où nous allons. C’est une cyclotouriste qui a fait ce printemps le tour de France à vélo/sacoches. Arrêt pique-nique peu avant Mijoux, au bord de la Valserine qui est à ce moment-là un torrent de montagne. Mijoux où nous faisons une nouvelle pause pour prendre un café en terrasse et aviser de la suite. On prend notre temps. La question est “Col de la Faucille ou pas?”. Nous voulions y grimper car j’ai le souvenir que la vue sur le massif du Mont Blanc derrière le lac Léman y est vraiment splendide. Mais compte tenu de la nébulosité ambiante et du bulletin météo sur la Haute Savoie que je consulte, nous renonçons à ce projet qui nous aurait obligé à faire étape plus tôt. Notre plan initial était Mouthe, ce qui était déjà changé en Chapelle des Bois car l’étape à Chézery nous avait décalé.

Après Mijoux, le temps s’éclaircit et le soleil rend le paysage encore plus joli. Nous arrivons presque au sommet de la montée entamée à Bellegarde, atteignant le niveau de la source de la Valserine, que l’on voit en contrebas dans une pâture.

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Après avoir rejoint la N5, nous descendons sur la Cure, ce qui atténue les effets du trafic automobile modérément présent sur cet axe majeur du Jura (route nationale Paris Genève). Nous gagnerons les Rousses par une voie communale sur le plateau, non sans faire une bonne pause pour permettre à Catherine de soulager sa douleur au dos apparue soudainement. C'est bien l'avantage du cyclo-camping. La liberté d'arranger le programme au gré des évènements et des situations. Clairement, nous n'atteindrons pas Mouthe ce soir.

On perçoit bien que les Rousses est LA station du coin: remontées mécaniques, immeubles d’appartements pour le ski. Le paysage est cependant très joli. C’est très ouvert avec un plateau largement dédié à l’agriculture d’élevage: prairies de pâturages et de fauche.

Nouvel arrêt ravito, cette fois pour le dîner, dans cette station plutôt axée sports d’hiver mais assez animée en ce mois de juillet. Il y a du monde en terrasse et dans les rues.

Notre destination est Chapelle des Bois, petit village connu des “fondus”. Nous y avions passé une semaine pour des vacances ski de fond il y a presque 20 ans et nous sommes curieux de revoir l’endroit l’été. Il nous faut pour cela monter et traverser une partie de la forêt du Risoux, car nous ne voulons pas redescendre par Morez, gros bourg qui ne nous attire pas et qui nous aurait obligé à rester sur des routes plus importantes. Nous choisirons d’emprunter une petite route qui devient encore plus petite car elle devient route forestière. Elle se cabre nettement en quittant les prairies

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puis en grimpant dans la magnifique forêt, boisée de feuillus dans sa partie basse située aux abords de Morez.

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Sans tarder, la pente s’assagit et devient même globalement plate. Très belle forêt où il doit faire bon skier l’hiver et manger des fraises des bois l’été (oulala la moyenne!!!).

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Je crois d’ailleurs que la “transju”, course de longue distance de ski de fond, passe par cette forêt du Risoux.
Soudain, la route qui serpente depuis quelques kilomètres dans une forêt de devenue majoritairement de conifères, débouche sur une clairière où se trouve également une baraque forestière, le chalet Bonnefoy. Nous sommes encore à 15 km de Chapelle des Bois mais malgré l’interdiction de planter la tente, le lieu est splendide, calme et nous ne résistons pas à la tentation de terminer ici notre journée et d’y installer notre bivouac, juste à côté de la maison.

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Malheureusement, comme celle-ci reste ouverte en permanence et est accessible en voiture, elle est souillée et à moitié vandalisée par des gens qui ne méritent pas de venir dans un tel lieu. Des ordures ont été laissées avec des bouteilles de bière, ce qui donne une atmosphère un peu glauque à l’intérieur et nous dissuade de nous y installer pour la nuit. Ca nous aurait pourtant évité de planter la tente et surtout de la replier pleine de rosée le lendemain. Des personnels ONF rencontrés le lendemain, bien que fort sympathiques, me feront remarquer qu'il n'est pas permis mais "toléré" de camper juste à côté de la maison. Ils nous avaient bien repérés ... Sous entendu "on aurait pu venir vous verbaliser mais on ne l'a pas fait". Merci messieurs.

Jour 3 Forêt du Risoux (39) - Saint Point le Lac (25) par le Mont d'Or



La nuit à 1200 m en pleine clairière forestière aura été bien fraîche et surtout très humide. Il doit faire environ 5° au réveil vers 6h30. La routine de déroule. Depuis que nous passons nos vacances en itinérance vélo, on a pris nos habitudes.

Nous repartons sur la route forestière dans une belle lumière et une atmosphère presque brumeuse.

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Une trouée dans les arbres nous offre un point de vue sur les forêts de Bellefontaine. J’imagine que Masu connait ce coin par cœur.

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Redescendus de la forêt du Risoux sur la route principale à Bellefontaine, nous remontons 1 ou 2 kilomètres avant de basculer dans le département du Doubs et d’arriver à Chapelle des Bois.

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Les maisons jurassiennes sont très belles.

Après une petite pause, nous continuons notre route vers l’étape suivante: Mouthe.

Je reconnais cette combe, très froide l’hiver, où nous skiions.

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C’est une configuration typique du Jura, avec les plis orientés Nord/Sud, boisés, et des prairies ou des lacs entre les 2.

Nous changeons de pli en redescendant vers la Chaux Neuve et arrivons rapidement à Mouthe. La source du Doubs est bien indiquée. Je souhaite y passer, car je veux enrichir ma collection de “sources de rivières ayant donné leur nom à un département français”. Catherine est peu motivée mais se prête de bonne grâce à mes lubies. J’ignore s’il y aurait un coup de tampon à y chercher :wink: , mais le lieu s’y prête: café restaurant et même camping, c’est un site touristique.

En arrivant à ce qui est plus une résurgence qu’une source, nous comprenons la raison: c’est très joli, agréable et presque spectaculaire. La rivière sort d’une cavité dans la roche. Il en sort une rivière déjà formée par la convergence de multiples ruisseaux souterrains collectés dans le lapiaz du Risoux.

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Une chute d’eau a été construite jadis pour alimenter par un bief un moulin détruit au début du 20ème siècle.

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C’est très agréable. Nous profitons des tables de pique-nique et de la beauté du lieu pour faire notre pause casse-croute et faisons à pieds la petite boucle qui passe au dessus de la source et nous donne un joli point de vue sur le village. Finalement, Catherine était aussi contente que moi d'avoir fait le crochet par la source du Doubs. D'autant plus que nous ferons un bon bout de route avec lui ou sur ces rives et même ses chutes. :wink:

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Nous avons aussi pris la décision de grimper au Mont d’Or, sommet le plus élevé du Doubs. Nous descendons alors en faux-plat en direction de Métabief par la grande route pour gagner du temps (j'avais pourtant repéré de sympathiques petites routes et chemins sur la carte ...). Avant la station réputée, nous laissons bifurquons pour entamer la rude montée qui nous attend, à la recherche d'un endroit ou déposer nos sacoches à l'abri des regards et surtout d'hypothétiques voleurs. Nous le ferons dans les orties et arbustes qui bordent un champ fraîchement fauché.

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5 km, 1 heure de montée, 468 m de D+. Près de 10% de moyenne et le tronçon final de 600m à 16% de moyenne avec des passages proches des 20%. Je n’avais pas beaucoup sué mais là, c’est bon! :chaleur Catherine a réussi à grimper sur le vélo grâce à son 26x32 inhabituel sur un tel vélo et surtout une volonté tenace d’y arriver. :bravo3

Nous laissons les vélos sur le parking et terminons les quelques centaines de mètres qui nous séparent du sommet de la crête où nous sommes gratifiés d’une très belle vue.

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De là-haut, nous pouvons bien nous rendre compte de la topographie générale du Doubs, même si nous serons un peu déçus de ne pas pouvoir voir très loin vers la Suisse et donc de ne pouvoir admirer les Alpes bernoises qui sont visibles par beau temps.

Encore un lieu où revenir une prochaine fois! :roll:

Nous terminons l’étape au camping de Saint Point le Lac. Il est presque plein. Nous héritons d’un des derniers emplacements libres placés juste à côté d’autres randonneurs, à pieds et à vélo et pour notre malheur, à côté d’une famille dont les enfants passeront la soirée à jouer à cache-cache d’une manière très bruyante jusqu’à 22h passées :twisted: . La pluie aura finalement raison d’eux et sera plus efficace que les vagues demandes des parents de faire moins de bruit, consécutives à ma propre demande exprimée le plus diplomatiquement possible après 2 heures très bruyantes. Nous gardons le souvenir nostalgique de notre nuit dans la clairière du Risoux. L’honnêteté me force à dire que nous avons quand même fortement apprécié la douche chaude du camping, même si nous n’avons pas de problème pour nous laver à l’eau froide en camping sauvage.

A suivre...
Dernière modification par AngstromCyclo le mar. 10 août 2021 16:23, modifié 2 fois.


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emilpoe
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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par emilpoe »

Salut,

:bravo2
AngstromCyclo a écrit : mar. 10 août 2021 10:28...
J’ignore s’il y aurait un coup de tampon à y chercher :wink:
...
Vous en avez loupé deux bêtement, le Col-de-la-Faucille & les Hôpitaux-Neufs. Mais vous avez eu St-Point-Lac ! :lol:


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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par AngstromCyclo »

emilpoe a écrit : mar. 10 août 2021 16:07 Salut,

:bravo2
AngstromCyclo a écrit : mar. 10 août 2021 10:28...
J’ignore s’il y aurait un coup de tampon à y chercher :wink:
...
Vous en avez loupé deux bêtement, le Col-de-la-Faucille & les Hôpitaux-Neufs. Mais vous avez eu St-Point-Lac ! :lol:
J'ai regardé sur le site FFCT et en 2013 on a "eu" 3 sites BPF: Salin-les-Bains, Arc-et-Senans et Baume-les-Messieurs.

Va savoir comment les sites sont choisis. La source du Doubs c'est vraiment chouette. J'ai l'impression qu'il y a un critère "commerçant", à savoir une prééminence pour les sites avec ville étape où manger/boire, visiter des monuments. Mais j'imagine que sélectionner 6 sites par département ça ne doit pas être facile et forcément contesté et donc, sûrement, âprement discuté.
Tout cela me conforte dans ma manière d'organiser mes itinéraires, même si je constate que, sans les rechercher, je tombe souvent sur des sites qui se trouvent être dans la liste. Mais comme le col de la Faucille où j'avais un peu prévu d'aller, encore faut-il que les conditions soient bonnes. Comme St Véran. :wink:


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Manouche
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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par Manouche »

Je lis avec plaisir et j'attends la suite ...
J'en ai tiré quelques phrases :
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Nous sommes très bien accueillis et on nous propose une étape bivouac, c’est-à-dire de planter notre tente dans un vaste espace commun sans emplacement délimité, réservé aux randonneurs et aux cyclistes qui font étape pour une seule nuit. Ils ne refusent pas les randonneurs itinerants.
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Nous sommes abordés par une dame qui nous demande où nous allons. C’est une cyclotouriste qui a fait ce printemps le tour de France à vélo/sacoches.
Je fais cela aussi, enviant les voyageurs que je croise.
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 C'est bien l'avantage du cyclo-camping. La liberté d'arranger le programme au gré des évènements et des situations.
(....)
Très belle forêt où il doit faire bon skier l’hiver et manger des fraises des bois l’été (oulala la moyenne!!!).
(...)
le lieu est splendide, calme et nous ne résistons pas à la tentation de terminer ici notre journée et d’y installer notre bivouac, juste à côté de la maison.
On s'y croirait dans ce récit agréable et tranquille.
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Catherine a réussi à grimper sur le vélo grâce à son 26x32 inhabituel sur un tel vélo et surtout une volonté tenace d’y arriver.
:bravo2 :bravo2 :bravo2
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Encore un lieu où revenir une prochaine fois!
Il y en a tant !
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 dont les enfants passeront la soirée à jouer à cache-cache d’une manière très bruyante jusqu’à 22h passées …
22 h !!!!!!!!! Ah ! Ah ! Ah ! J'ai eu dans mon quartier une fête qui a commencé à 2 h du matin. Chez les jeunes les fêtes ne commencent pas avant !
C'est l'été !!
Manouche


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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par AngstromCyclo »

Manouche a écrit : mer. 11 août 2021 18:55 Je lis avec plaisir et j'attends la suite ...
J'en ai tiré quelques phrases :
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Nous sommes très bien accueillis et on nous propose une étape bivouac, c’est-à-dire de planter notre tente dans un vaste espace commun sans emplacement délimité, réservé aux randonneurs et aux cyclistes qui font étape pour une seule nuit. Ils ne refusent pas les randonneurs itinerants.
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Nous sommes abordés par une dame qui nous demande où nous allons. C’est une cyclotouriste qui a fait ce printemps le tour de France à vélo/sacoches.
Je fais cela aussi, enviant les voyageurs que je croise.
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 C'est bien l'avantage du cyclo-camping. La liberté d'arranger le programme au gré des évènements et des situations.
(....)
Très belle forêt où il doit faire bon skier l’hiver et manger des fraises des bois l’été (oulala la moyenne!!!).
(...)
le lieu est splendide, calme et nous ne résistons pas à la tentation de terminer ici notre journée et d’y installer notre bivouac, juste à côté de la maison.
On s'y croirait dans ce récit agréable et tranquille.
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Catherine a réussi à grimper sur le vélo grâce à son 26x32 inhabituel sur un tel vélo et surtout une volonté tenace d’y arriver.
:bravo2 :bravo2 :bravo2
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 Encore un lieu où revenir une prochaine fois!
Il y en a tant !
AngstromCyclo a écrit : sam. 7 août 2021 16:08 dont les enfants passeront la soirée à jouer à cache-cache d’une manière très bruyante jusqu’à 22h passées …
22 h !!!!!!!!! Ah ! Ah ! Ah ! J'ai eu dans mon quartier une fête qui a commencé à 2 h du matin. Chez les jeunes les fêtes ne commencent pas avant !
C'est l'été !!
Manouche
Merci Manouche pour tes commentaires encourageants. Je suis heureux que le partage de ce voyage puissent vous apporter quelque chose. Je le fais pour bien me remémorer ces bons moments avec mon épouse, mais aussi pour ça.

Pour le bruit des enfants, je précise qu'ayant eu 4 enfants que nous avons emmenés en camping, nous comprenons parfaitement et trouvons génial qu'ils "socialisent" et jouent. Mais cela n'empêche nullement les parents de les éduquer en leur apprenant que
1) ils évoluent dans un espace partagé et qu'il faut aussi prendre en compte les aspirations (légitimes) des autres personnes
2) il n'y a que 24h dans une journée et que donc même les meilleurs jeux ont une fin
3) dans un espace partagé par des personnes aux profils multiples, par une sorte de convention plus ou moins explicite, 22 h marque l'heure où l'on doit respecter le désir de ceux qui veulent aussi dormir. Je sais que cet horaire varie selon les cultures et les climats (dans le Sud, il fait tellement chaud l'après-midi qu'on doit profiter des soirées). En Franche-Comté cet été, le climat était plutôt frisquet pour la saison.


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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par AngstromCyclo »

Jour 4 Saint-Point-Lac - Narbief



La pluie est tombée toute la nuit mais vers 6h00, je me réveille et entends que les impacts sur la toile de tente s’espacent. Comme nous sommes sous un arbre, j’en déduis que la pluie a cessé et que les gouttes que j’entends tombent des feuilles. Le front de la perturbation est passé pendant que nous dormions, c’est cool!

Je me lève vers 6h30, mon horaire habituel. Les voisins, des randonneurs pédestres, sont aussi debout. J’ignore s’ils partagent ma tentation de rendre la monnaie de leur pièces à tous les bruyants du soir… :twisted: :vieux :wink:

Plus tard, lors d’une rencontre aux bacs à vaisselle, je discuterai brièvement avec le gars à propos de sa tente. Il s’agit du modèle Naturehike Cloud 2 personnes vu sur le site Amazon à 120€ et cela m’intéressait d’avoir un avis “sans intermédiaire” au sujet de la qualité de ce matériel chinois. Il en était très content.

Nous sommes prêts à repartir vers 9h00. Il fait gris et humide; nous avons déjà écopé d’une averse pendant le séchage de notre tente, donc nous nous attendons à une matinée maussade. L’atmosphère brumeuse sur le lac est néanmoins assez plaisante.

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Dans nos échanges avec Charles, nous avons convenu de nous retrouver vendredi matin à sur la route qui remonte le Doubs entre la frontière franco-suisse et St Ursanne, la “perle du Jura”. Nous avons donc finalisé les points de passage principaux de notre itinéraire. Les objectifs sont le saut du Doubs et le cirque de Consolation, que nous quitterons par la vallée du Dessoubre affluent du Doubs, marquée “route verte” sur la Chimelin, qui nous permettra de remonter efficacement vers le Nord jusqu’à St Hyppolite où nous rejoindrons le Doubs que nous remonterons alors jusqu’à notre point de rendez-vous.

Nous sommes rapidement à Pontarlier. Comme la plupart des petites villes, on sent l’effort des municipalités pour redonner du dynamisme aux centres-villes, en les dotant de zones cyclables et en les rendant agréables. Nous y feront quelques menues emplettes pour notre déjeuner, mais nous gratifierons aussi de la petite douceur du jour, une bonne gaufre. Ces menus plaisirs font partie intégrante de nos vacances. Ils donnent l’occasion de bons moments de complicité entre nous car nous sommes plutôt frugaux de ce genre de choses le reste de l’année, justement pour garder ces occasions pour nos vacances.

A propos de l’itinéraire pour rejoindre Morteau, j’ai tenu à rejoindre Morteau par une route blanche qui grimpe puis redescend, en faisant fi des conseils de monsieur cycle.travel. La proposition du routeur m’avait semblée suivre la route principale entre Pontarlier et Morteau, ce que je ne veux pas du tout, pensant qu’il privilégiait de la circulation par rapport au dénivelé. Je préfère largement monter. Cette fois-ci, je dois l’avouer, j’ai fait une erreur, causée par une négligence: celle de regarder trop rapidement la proposition du routeur. :panpan_QQ2 Si j’avais été plus attentif, je me serais rendu compte que monsieur CT ne me conseillait pas d’emprunter la grosse route passante mais une voie verte construite sur une ancienne voie ferrée qui longe cette route sur une bonne partie du trajet. Cela nous aurait évité une montée qui s’est révélée peu agréable car 1) il s’est mis à bruiner et 2) même blanche, la route est assez empruntée, par les frontaliers m’a-t-on dit, qui ont une réputation justifiée de rouler à toute berzingue. Nous aurions été sans aucun doute plus rapides par la voie verte et peut-être aurions-nous évité la pluie, qui s’est renforcée au gré de l’ascension du col et qui s’est calmée lors de la descente. Pour ne rien arranger, cette pluie a eu raison de mon convertisseur courant alternatif/continu chargeur USB2BYK branché sur la dynamo, même si j’avais l’impression de l’avoir protégé des aspersions directes. Heureusement, j’ai emporté un chargeur solaire qui m’a permis de conserver une autonomie énergétique pendant la suite du voyage.

Au chapitre des petits points positifs de ce passage par le col de :
  • une discussion agréable avec les sympathiques propriétaires de la grange où nous avions trouvé refuge pour un déjeuner sur le pouce à l’abri[/li]
  • la découverte du val de Morteau et du village des Gras.
Nous voulions nous réchauffer après une descente sous la pluie et avons cherché un café. Curieusement, ce village n’en a pas un seul ! Il semble avoir une histoire industrielle dans l’horlogerie et désormais, la proximité avec la Suisse (5km) en fait un bourg semblant complètement centré sur ses habitants dont, j’imagine, une majorité de la population active travaille en Suisse. Contrairement à ce que nous avons vu ailleurs dans le Jura (et en France), rien ne semble avoir été pensé et aménagé pour le touriste. Je ne pense pas que les habitants en aient besoin ni envie. Nous sommes dans le “pays horloger” historiquement très tourné vers la petite industrie. Contrairement à d’autres régions rurales qui ont vu le tourisme comme la seule activité à même de compléter voire supplanter l’agriculture comme ressource principale, ces régions frontalières de moyenne montagnes, riches de forêts et de l’énergie hydraulique tellement nécessaires à l’industrialisation semblent moins avancées en matière de développement du tourisme. Ici on se demande même si ça n’est pas un choix permis par la proximité de la Suisse.


Nous avons donc poursuivi sur notre itinéraire et c’est à Morteau que nous avons pu enfin trouver une terrasse où siroter notre café, dans la brasserie chic de la ville (café très cher). Il n’y avait pas grand’ chose d’autre ouvert. Mais le beau temps était franchement de retour, ce qui nous a permis d’apprécier la suite de la journée et de tourner la page de cette demi-journée assez pluvieuse, la première de notre séjour. Nous sommes repartis en direction de notre objectif: le saut du Doubs.

Après Morteau, la rivière a déjà atteint une taille respectable. A partir de Villers-le-Lac, la rivière devient lac. Elle a creusé de profondes gorges, nous pouvons l’assurer car, partis du niveau de la berge, il nous a fallu remonter tout en haut (150m de D+ dont presqu’un kilomètre à 9%), avant de pouvoir redescendre par une route escarpée jusqu’au site touristique. On aurait pu y aller en bateau; c’est l’attraction du coin. Le lac résulte d’un effondrement qui a créé un barrage naturel en amont et les chutes, saut du Doubs en aval. Il est agréable et probablement spectaculaire de découvrir ces gorges par bateau, au niveau de l’eau. Une nouvelle négligence dans la préparation de l’itinéraire nous fera aussi découvrir ce cadre spectaculaire à partir de belvédères surplombant la rivière. Nous longeons le lac, certes, mais en grimpant 150 m de D+, que nous devrons redescendre entièrement pour aller au saut du Doubs proprement dit! Attention aux courbes de niveaux sur la cartes! Les touristes qui n’arrivent pas en bateau doivent laisser leur véhicule tout en haut et descendre à pieds. Mais nous, cyclo engagés, nous avons tout fait avec nos vélos! Catherine ne se voyait pas remonter le kilomètre à plus de 8% (et encore moins les derniers 100m à 16%) avec ses sacoches. Donc une nouvelle fois, elles seront enfouies dans des fourrés le temps de notre A/R pour aller voir la majestueuse cascade du saut du Doubs.

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Le site est très agréable, propose 2 emplacements duquel on peut admirer la chute d’eau. Elle résulte du “rattrapage” d’altitude entre le niveau eau du lac et du barrage naturel et le cours ancien de la rivière.

Le Doubs parcourt les quelques centaines de mètres précédant la chute sous forme de rapides tumultueux. C’est très joli.

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A l’issue de cette visite et de la remontée sur le plateau, l’horloge a bien tourné et la mine de Catherine aussi: elle a eu sa dose de D+. :evil:
Il nous faut faire le plein d’eau dès que possible et chercher un lieu de bivouac. Pour le plein des bidons, on a fait mouche au premier cimetière venu, comme d’habitude. Pour trouver un emplacement de bivouac, nous nous mettons en mode “Sioux”, tous sens éveillés. Le paysage est scanné en temps réel. On n’a pas besoin d’échanger beaucoup de paroles: les candidats - chemins de traverses ou prairies fauchées - sont repérés par l’un comme par l’autre. “Celui-ci?? Trop exposé. Celui-là?? trop pentu”. On repère tous les 2 en même temps une maison en bordure d’un champ et d’un bosquet. Ca a l’air de pouvoir convenir, mais nous convenons que c’est proche de la ferme que nous voyons aussi sur la gauche. Nous décidons donc de nous y rendre pour demander la permission.

Nous sommes accueillis à la ferme par 2 chiens qui se mettent à aboyer. Pas besoin de sonnette! Ils sont magnifiques (des bergers australiens), pas agressifs et efficaces: une femme sort avec ses 2 enfants, des pré-adolescents sympas. Après avoir tenté d’expliquer ce que nous voulons faire (juste planter une tente) et où (on ne doit pas être très doués car il a fallu y passer du temps, sans être jamais complètement sûr de nous être entendus sur le lieu véritable), elle semble s’apitoyer car il lui semble tellement incongru qu’on puisse vouloir passer une nuit sous une tente dans un tel lieu qu’elle prenne pitié de nous et nous parle d’une maison (en mauvais état, certes) qu’ils possèdent tout à côté. Elle appelle son mari au téléphone et après discussion entre eux et sous notre insistance qu’un champ nous convient parfaitement, elle nous propose leur verger attenant à la ferme, ou le champ juste au-delà, fraîchement fauché. Cette dernière proposition nous convient parfaitement. La femme, ses enfants et les chiens nous accompagnent pour nous indiquer le chemin. C’est effectivement un lieu parfait.

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Nous sommes en vue de la ferme mais séparés par un verger de bonne taille et un peu hors de leur vue directe.

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Le champ est vaste et la vue belle dans la lumière tombante et dégagée.

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Encore des gens accueillants. Encore un contact humain réconfortant. Confortablement installés dans notre fauteuil (en cyclo-camping, nous partons désormais toujours avec nos fauteuils démontables pour être bien installés et prendre du temps “juste comme ça”), nous partageons entre nous, Catherine et moi. Nous verbalisons le bonheur que nous ressentons à vivre des moments si simples, fondés sur une immersion dans la nature, belle mais façonnée par l’homme qui y vit et sur le contact humain sans posture. Après la surprise et la réaction défensive naturelles, un sourire, des paroles simples, le ton sincère et doux d’une demande modeste, la plupart des gens sont accueillants et veulent rendre service. Ils ne peuvent toujours y répondre favorablement, mais quelque chose se passe qui nous fait nous sentir en harmonie. Nous sommes de passage, ils sont chez eux et souvent, comme ce soir, ont du mal à se mettre à notre place tant nos univers sont différents. Mais le lien se fait. Il n’a pas besoin d’être gros, fort, solide. Un fil fin comme celui de l’araignée suffit. Il semble fragile mais il ne l’est pas. Il est juste ténu, remplissant son rôle, éphémère mais nécessaire, de relier quelques instants une âme à une autre par leurs surfaces. Ponctuellement ensembles, eux et nous, la trace que ce lien laisse en nous sédimente avec les précédentes pour construire ce que nous sommes humainement, des êtres relationnels, nous démontrant qu’il y a toujours quelque chose à partager avec l’Autre et renouvelant l’envie de choisir la confiance plutôt que la méfiance. Il alimente notre envie de faire et vivre la fraternité, tout simplement.

Nous dînons tranquillement quand nous remarquons l’arrivée de vaches curieuses qui se regroupent dans le coin de leur prairie attenante à notre pré fauché et au verger. La clôture a bien une ouverture dans ce coin pour permettre au bétail de passer d’un pré à l’autre. Mais elle est fermée. Les piquets mobiles qui constituent cette partie “ouvrante” de la clôture ont un air penché car celui qui ferme n’est attaché qu’en haut. Le cercle de fil de fer qui sert habituellement à le bloquer solidement et le maintenir en position bien verticale est absent.

En regardant un peu mieux, l’un de ces gros bovin n’est pas une vache, c’est un taureau Montbéliard de taille impressionnante. :eek2 Et il n’a pas l’air content de nous voir sur ses terres. Il se met à gratter le sol nerveusement avec sa patte avant et à beugler. Mais, le savez-vous, un beuglement de taureau est autrement plus impressionnant que celui d’une vache! C’est grave, caverneux même. Ca résonne et vibre dans l’ensemble de ce gros corps d’une tonne ou presque. Et ça fait frémir. Je n’ai pas spécialement peur des vaches, mais là c’était impressionnant. Il était collé à la clôture au plus près de nous (une douzaine de mètres), nous fixant et beuglant son agacement de nous voir installés chez lui. Pas rassurés les cyclos! Finalement, le troupeau s’en est allé brouter dans une autre partie de leur pré.
Fin de l’acte 1.

Nous passons une bonne soirée, nous couchons, confortablement installés dans notre tente. Nous roupillons comme des bébés quand, vers 2h30, je suis réveillé par un beuglement caverneux tellement fort qu’il remplit la campagne silencieuse. Je sursaute. Catherine se réveille mais elle dormait si bien qu’elle a cru que je ronflais (ce qui n’arrive pourtant jamais, hein?). Elle a vite compris qu’elle se trompait. Le taureau s’est remis à beugler d’une manière franchement effrayante. Et ça a duré. Catherine a des amis qui avaient planté leur tente dans un pré qui s’est révélé occupé par des vaches et qui avaient eu juste le temps de s’enfuir et de se jeter sous la clôture avant qu’un taureau ne piétine littéralement leur tente. Vous imaginez sa frousse, se rappelant cette histoire! Moi aussi, normalement stoïque, je balisais, tiraillé entre la raison (la clôture est solide, il ne eut pas passer) et les signaux que tous mes sens m’envoyaient. J’entrouvris la tente en actionnant doucement, le plus silencieusement possible la fermeture éclair pour essayer de voir. La lune éclairait très bien et je pouvais donc voir distinctement la silhouette du taureau qui frottait sa tête sur le poteau, toujours (encore?) attaché par le haut. Visiblement, il avait repéré le maillon faible de la clôture. J’ai senti la peur m’envahir. :yikes Que faire? Sortis de nos sacs de couchage, nous étions prêts à bondir hors de notre tente, pour nous réfugier dans le verger attenant dont nous n’étions séparés que par une clôture. Je faisais le gué pour surveiller le mastodonte énervé. Ca a duré 15 bonnes minutes. J’ai pensé que le fermier qui a forcément entendu le beuglement caverneux de son taureau viendrait voir ce qui se passait, mais non. La bête a fini par se lasser et s’en est allée rejoindre les vaches à l’autre bout de son pré. Il nous a fallu du temps, mais nous avons pu nous rendormir.

Le lendemain, j’ai été vérifier. La corde utilisée pour maintenir le piquet de la section ouvrante de la clôture était solide. Elle a bien résisté aux tentatives d’effraction du taureau, probablement bien dissuadé par le fil de fer barbelé. Tout allait bien. Ouf.
Fin de l’acte 2.

Vive le camping sauvage! Ca nous donne des émotions! :chaleur
A chacun sa définition, mais pour nous, ce voyage est un peu devenu une "petite aventure"!


A suivre.


A+

Angstrom

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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par scrat »

Bonjour,
C'est beau le massif du Jura, et j'y retrouve bien les paysans sympa dans ton récit.
Je travail avec des paysans depuis 20 ans, et ceux du Haut Doubs sont les seuls qui invitent spontanément à casser la croute avec eux sans nous connaitre.
De très belles images, merci*
Vincent


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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par emilpoe »

Salut,
AngstromCyclo a écrit : jeu. 12 août 2021 10:44...
...nous démontrant qu’il y a toujours quelque chose à partager avec l’Autre et renouvelant l’envie de choisir la confiance plutôt que la méfiance.
:bien


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albina
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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par albina »

Magnifique récit pour une magnifique randonnée !
Je me réjouis de lire la suite, même si j'en connais déjà une bonne partie :diablotin
Au sujet de
A propos de l’itinéraire pour rejoindre Morteau, j’ai tenu à rejoindre Morteau par une route blanche qui grimpe puis redescend, en faisant fi des conseils de monsieur cycle.travel. La proposition du routeur m’avait semblée suivre la route principale entre Pontarlier et Morteau, ce que je ne veux pas du tout, pensant qu’il privilégiait de la circulation par rapport au dénivelé. Je préfère largement monter. Cette fois-ci, je dois l’avouer, j’ai fait une erreur, causée par une négligence: celle de regarder trop rapidement la proposition du routeur. :panpan_QQ2 Si j’avais été plus attentif, je me serais rendu compte que monsieur CT ne me conseillait pas d’emprunter la grosse route passante mais une voie verte construite sur une ancienne voie ferrée qui longe cette route sur une bonne partie du trajet. Cela nous aurait évité une montée qui s’est révélée peu agréable car 1) il s’est mis à bruiner et 2) même blanche, la route est assez empruntée, par les frontaliers m’a-t-on dit, qui ont une réputation justifiée de rouler à toute berzingue. Nous aurions été sans aucun doute plus rapides par la voie verte et peut-être aurions-nous évité la pluie, qui s’est renforcée au gré de l’ascension du col et qui s’est calmée lors de la descente.
j'ignorais totalement que la voie ferrée avait été convertie en voie verte... il faudra que j'aille tester ça un de ces jours.
C'est vrai que la route Pontarlier-Morteau est très pittoresque, dans les gorges du Doubs. Seulement, la circulation y est telle que ce n'est guère un endroit fréquentable par d'honnêtes cyclos...
Quant aux frontaliers, oui on connaît bien ce problème tout le long de la frontière ! Et ils connaissent tous les raccourcis et les petites routes :yikes . En un mot comme en cent, il vaut mieux éviter d'être sur la route aux heures ou ils vont ou rentrent du boulot...

Vive la suite !
Charles


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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par AngstromCyclo »

albina a écrit : ven. 13 août 2021 09:08 Magnifique récit pour une magnifique randonnée !
Merci !
Je me réjouis de lire la suite, même si j'en connais déjà une bonne partie :diablotin
Il va falloir attendre un peu. Je n'ai pas réussi à finir avant de repartir.
Je démarre tout à l'heure "mon Stevenson" comme nous en avons déjà pas mal parlé.
J'ai concocté un itinéraire uniquement fondé sur la lecture du livre et sur mon interprétation du terrain, avec l'aide des cartes actuelles et anciennes sur Géoportail.
Je ferai aussi quelques détours choisis pour passer dans des jolis coins. Ca me ferait trop de regrets de passer si près sans les voir.


A+

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Re: Jura et Suisse Romande au fil de l'eau: 10 jours de cyclo-camping

Message par CYCLOHC »

Vincent ton récit fait vraiment plaisir. C'est chouette que tu puisses partager ces périples avec ta Cyclotes, comme j'ai eu la chance de le faire avec la mienne pendant des années. Malheureusement, aujourd'hui elle n'a plus cette belle motivation de fixer les sacoches et nous devons nous contenter de jolies petites sorties à la journée...c'est déjà pas mal !
Le partage avec les copains est, certes agréable, mais différent et souvent trop "sportif"...ce n'est plus pour moi de "tirer la bourre". Du fait, je "vélo-sacoche" souvent seul, durant de courtes périodes.

Votre aventure avec le taureau n'est pas rassurante, cela nous était arrivé en rando pédestre de voir se pointer tout le troupeau autour de notre campement pour passer la nuit avec nous...mais il n'y avait pas le taureau.
Le voisinage de ces gentilles bébêtes avait toutefois été un peu bruyant une bonne partie de la nuit.


Sans cap, tous les vents sont contraires....
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