Les Sept-Majeurs...

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AngstromCyclo
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par AngstromCyclo »

emilpoe a écrit : sam. 24 juil. 2021 21:21 Salut,

Photos ajoutées :)
:bien :bravo2


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"Un cyclotouriste n’a pas de palmarès, il n’a que des souvenirs… » Jean Taboureau

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AngstromCyclo
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par AngstromCyclo »

Samedi: Demonte (Piémont) - Jausiers (04) 6ème et 7ème majeurs. L'accord final.

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4 cyclos sont de nouveau réunis après une nuit passée à 3 endroits, partis du camping à 7h20. Le réveil de Joann fut difficile, mon petit dej constitué de restes de la veille et de diverses noix, quelques raisons secs a été péniblement enfilé. Notre arrivée très tardive hier a contrarié nos plans de ravitaillement à Demonte. Nous commençons par quelques kilomètres de faux-plat (montant) dasn le fond de cette vallée glacière. Les hautes montagnes qui marquent la frontière sont loin. Il fait frais. Tout va bien.
Mais cela ne dure pas vraiment car nous évitons Vinadio où il aurait pourtant été sage d'aller faire un ravito. Vouant nous épargner un petite montée au village et la perte de temps, nous décidons de rejoindre au plus court la montée du col de la Lombarde.
Très vite, nous comprenons qu'il est samedi. Les piémontais sont de sortie en cette belle journée. Motos, voitures et même piétons. C'est la foule. Rien à voir avec hier.
La montée est très belle sur ce versant.
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JUsqu'à ce replat, je grimpais lentement mais ça allait. Environ 500 m/h. A la faveur d'un arrêt technique de Joann, je ne suis pas arrivé à ce replat le dernier.
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Après, mon petit dej sans sucres m'a causé une perte de régime, à moins que ce ne soit la nuit de 5h. Ou les 2 combinés. Je fais une nouvelle pause en face du sanctuaire de Sant'Anna di Vinadio.
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C'est très beau mais je me traîne. Jacques a roulé avec moi depuis le début de la montée. Nous papotons mais ça n'avance pas. A plusieurs reprises, il me pousse dans des raidards. Ca lui fait cracher les watts.
Enfin, nous arrivons au sommet.
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Je me rue sur la buvette pour acheter une canette de coca, une barre de Snickers afin de refaire les niveaux de sucre.
La descente avec Maurice est magnifique.
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Isola 2000 est rapidement atteinte. Pas si horrible que je ne l'avais imaginé, même si évidemment, les immeubles à la montagne semblent toujours hors sujet.
Les degrés grimpent aussi vite que nous descendons mais le plaisir est immense de suivre Maurice qui est un très bon descendeur. Ses choix de trajectoire sont parfaits. Ses freinages aussi, adaptés à ses Mafacs. Ca me va bien car si mes Campagnolo à pivots sont remarquables d'efficacité, la descente de l'Izoard sous le déluge a sérieusement entamé mes patins et donc je reste prudent. J'ai déjà du rattraper de l'usure hier. Il reste encore une longue descente aujourd'hui. Je crains juste les paravalanches sombres. J'ai a technique pour, d'un geste bref et précis, remonter mes lunettes de soleil afin d'y voir quelque chose, mais j'appréhende leur traversée à haute vitesse car la chaussée y est souvent dégradée. Taper un nid de poule à 50 km/h, c'est moyen. En fait, la chaussée est excellente.
Nous retrouvons les compagnons attablés à Isola, dans le vallée de la Tinée.
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Après la pause, nous atteignons assez rapidement, poussés par une bonne brise de vallée, le village de St Etienne de Tinée où nous ravitaillons pour la dernière ascension, celle qui nous amènera à conclure: la cîme de la Bonette.
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Jacques sauve le "tampon" virtuel de Maurice et Joann (photo devant le panneau) puis nous dit au revoir. Il va enfin pouvoir se faire plaisir et lâcher les chevaux. J'apprendrai plus tard qu'il a mis 1h50, soit une vitesse ascensionnelle de 1000 m /h environ :yikes ;
Je démarre en pleine forme, mais je sais que c'est très très long donc je fais une vraie pause ravito au niveau du village du Pra.
Je suis impressionné par l'érosion qui transforme complètement l'environnement de ce hameau, tout en l'ayant épargné jusqu'à maintenant, malgré la furie des intempéries de l'automne dernier qui ont fait tant de dégâts et de victimes.
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Je ne peux m'empêcher de faire une pause culturelle pour découvrir sur les panneaux installés dans le village fantôme l'histoire du camp des fourches.
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C'était une place forte essentielle pour protéger l'accès à Barcelonette et à la haute Durance pendant la seconde guerre mondiale.
La montée au col et à la cîme de la Bonette fait partie de ces ascensions interminables. On voit de très loin l'objectif ce qui donne l'impression de toucher au but. En plus, comme l'a écrit un de mes fils dasn un texto envoyé pour m'encourager, on croirait presque que ce serait du faux-plat jusqu'au col. Grosse erreur. En plus, le vent y était fort.
LA vue est belle vers le Nord, au col du Raspaillon.
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On y est presque.
C'est alors que je vois un grand gaillard qui m'encourage alors que j'arrive au col de la Bonette. C'est Pierre! Quel esprit de camaraderie! Il est encore là ! Je n'en crois pas mes yeux. Je sais qu'il est arrivé pour nous accueillir, mais l'horaire prévu initialement était de 16h! J'ai trop vite rédigé un texto que je croyais lui indiquer qu'on serait beaucoup plus tard, mais en le relisant je me rends compte que j'ai été tellement laconique que je n'étais pas clair.
En tous cas cela m'a fait un immense plaisir de le retrouver et de partager ce moment avec lui. Un grand moment.
A ce stade, il ne me reste "que" la dernière et très raide montée finale à la cîme. J'y vais sasn tarder. C'est très raide mais comme dasn le col de la Fauniera, je parviens à mobiliser les forces nécessaires pour grimper au sommet en restant sur le vélo. Je croise Maurice qui descend. Lui aussi aura fait l'effort, en redescendant vélo à la main tellement ce côté est raide, de m'attendre et de vivre ce moment ensemble.
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Je passe un peu de temps à contempler le paysage, car la vue est somptueuse depuis cette route si haute.
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Je discute un peu avec un couple d'italiens partis ce matin à 3h de Sampeyre et qui tente les 7 majeurs en 48h. Chapeau! Un motard allemand me demande de faire des photos pour les réseaux sociaux.
Cette route de la Bonette, je la surnomme "route des vaniteux". Elle amène à un très beau point de vue, certes. Mais sa raison d'être est de pouvoir s'afficher "route la plus haute des ALpes". Et que dire de "Nice Métropole"? Plus de 100 km et 2 heures de route? Une métrople, la cîme de la Bonette, accessible 4 mois par an? Foutage de gueule. Tout ça pour pouvoir crâner. "Nice, mer et Montagne, 2802m!"
De retour au col, Maurice est là qui m'attend. Nous roulons encore ensemble pour cette ultime descente, très belle d'un point de vue pilotage mais surtout, somptueuse pour les paysages. La route du col de la Moutière qui m'a toujours énormément tenté car tellement plus calme que celle de la Bonette me fait de l'oeil en me murmurant: "la prochaine fois, ne m'oublie pas!
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Après avoir retrouvé les copains discutant avec le couple de belges, je termine avec Joann en ne pouvant m'empêcher de m'arrêter pour saisir les derniers clichés dans cette ambiance de fin de journée. Nous voici de retour en pays humain. Les champs cultivés réapparaissent.
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C'est autour d'une bonne mousse que nous nous retrouvons, sans Jacques mais à tous les 4, cyclos du forum, qui venons de vivre une aventure sportive mais surtout humaine exceptionnelle.
La question naturelle qui nous vient tous. A quand et où la prochaine?


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Angstrom

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scrat
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par scrat »

Bonjour,
Merci à vous de nous transmettre ces ambiances.


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emilpoe
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par emilpoe »

Salut,
AngstromCyclo a écrit : dim. 25 juil. 2021 07:25 ...La question naturelle qui nous vient tous. A quand et où la prochaine?
Moi je vais tenter Les 2000-Savoyards l'année prochaine.
Avec quelques petites variantes ça pourra être sympa... Et puis y'a cinq coups de tampon à prendre :wink: :lol:


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Pedrodelaluna
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par Pedrodelaluna »

(Histoire à 4 voies, inspirée de faits réels, et à chacun sa perception.)

6h45, le réveil sonne. Il est temps de se lever, la voiture est prête à être chargée, finaliser le chargement, ça va le faire... le réveil avait sonné, mais malgré l'impatience, on se rendort... Arfff 7h30 on se réveille à nouveau en se disant qu'on a loupé quelque chose..., flûte, ça commence bien. On se prépare, on termine de charger, ne rien oublier, surtout en rien oublier... on dit au revoir à tout le monde, le coeur un peu serré, à bientôt les enfants, et au revoir à leur maman.

La route commence, 1.000 bornes, et un peu plus... Le vélo ne bouge pas dans le coffre, et on se laisse aller à penser... aux km que l'on parcourra autrement après ce trait tiré en voiture, ce sera avec avec le vélo, le casque, l'altitude, l'appareil photo, ne pas oublier de faire le plein avant la frontière, quoi d'autres dans les sacoches, les fruits secs, ... on va pouvoir pédaler. Mmmmh? Pédaler, avec quoi? Les chaussures... Quoi les chaussures? Et M@@@@... Demi-tour, on va chercher les chaussures oubliées, celles avec les calles SPD, ça fera 150 bornes de plus... Super. On aurait pu en racheter d'autres... bien sûr, et probablement avoir mal au pied...

Comment en suis-je arrivé là? Autant de route, pour ensuite avaler autant de km, et de dénivelés, avec pédales et chaussures sur ma Saphira (nom trouvé à présent, Drakan restant au repos)? Une folie à mes yeux, une folie effrayante, sans doute démesurée, ... Si le premier degré de la folie est de s'imaginer qu'on est sage, ne serait-ce de la sagesse que de reconnaître une folie, folie qui pourtant égaye la vie autant qu'un phare la nuit?

Comment en suis-je arrivé là? Et bien simplement, par un petit message, placé sur un forum, par une personne que je connais sans encore le connaître au moment de prendre la route. Un petit mot, une tentation, ... un rêve ? M. écrit ainsi les "7 majeurs", moi j'en ai que 2... ça en fait beaucoup 7... Un "Pays" (Barcelonnette, Digne, Allos, Mercantour, ...) que j'ai connu, des souvenirs, un défi, une perspective, ... et comme si on s'engageait à partir au front, on signe en bout de page!

Les 7 Majeurs ? C'est un "Petit" tour (avec majuscule) dans la montagne à bicyclette, d'environ 360km ..., et selon l'estimation de 12.000m de dénivelés... 12km de dénivelés! Que l'on ferait en trois jours après discussion avec V., alors que jusqu'à présent, sur mes journées d'un max de 200km et+, je ne faisais même pas le dixième, et moins que ça... C'est quoi une pente de +5%, +10%, ... d'une longueur de plusieurs km ... ?

Va falloir que je découvre cela. Jusqu'à présent, j'évitais les montées/descentes. Ca fatigue beaucoup, ça fait mal aux jambes, toujours mal aux jambes, au corps, le souffle est court, et ça use les patins de frein de redescendre... Là, il faudrait que j'en fasse exprès? Ou en trouve-t-on près de chez moi? Ca ne va pas être facile avec ce qu'il y a sous la main... Et puis répéter les quelques rares montées à proximité à 3% - 4%. Pour se préparer physiquement, on essayera même un de ces programmes matinal... ça ne le fera pas trop au final, la répétition, c'est ennuyeux, et on ne découvre plus rien: très loin du concept de cyclotourisme... Je roule pour découvrir, pour vivre, respirer, pas pour kilometrer ou déniveler. Pourtant, il faut en passer un peu par là, mais sans doute autrement.

Heureusement, des sorties plus lointaines, en bonne compagnie ou seul, permettront de se frotter à des pourcentages plus ... piquants, même si de courtes durées/longueur en proportion de ce qui m'attend. La découverte pris du temps, l'entrainement nécessaire aussi, et la constatation évidente : que la Folie est belle, démesurée ... 6 mois pour se préparer psychologiquement, et tenter de se préparer physiquement comme faire ce peut. On le fera, car l'occasion est Unique, une première, et l'on en bavera, jettera l'éponge parfois, souvent, mais pour repartir. On se lance dans de dernières préparations, de derniers pourcentages, des dernières longueurs sans trop s'épuiser avant "l’épreuve" et... l'on attrape un fichu rhume bien lourd... juste "ce qu'il fallait"... avant de partir. Il sera handicapant au final.

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Mais l'on roule, avec un volant entre les pattes. On ne sait trop comment le prendre, c'est rond, ou presque haxagonal; et il n'y a pas de freins sur ce guidon trop petit... En arriver là, et trouver plus gênant un volant de bagnole qu'un cintre routier de vélo? y a de quoi sourire. On roule, la joie au coeur, la crainte à la raison, l'anxiété à la découverte, et encore la Joie à la perspective, multiple et variée, "sociale" en ces temps de disette covid-dépendante, Humaine! Les 7 Majeurs, ce peut être le défi, l'exploit sportif d'une ou deux journée trop remplies, ce peut être à l'instar de celui qui est monté au Ventoux à la force de ses mains à défaut de pouvoir le faire avec ses pieds, un exploit personnel et défi "à la vie", mais ce peut être aussi tout autre chose: Une aventure, qui se prépare, qui se vit et qui se partage. Partager n'en diminue pas moins le défi personnel éventuel à la hauteur de chacun, mais il donne sens à ce que l'on vit, aux images/photos qui parcourent le chemin. Que reste-t-il sinon?

C'est aussi ça, les 7 Majeurs de P.

On arrive au soir, on monte une tente que l'on a plus monté depuis des mois... c'est dans quel sens encore le tube 2... Un tube par ci, un paillasson par là... au final c'est assez simple, mais après une journée de route, on a la tête dans le ... brouilard dirons-nous. Demain c'est le début! On gonfle le matelas, pas le paillasson, on sort le sac de couchage, mmmmh, cela fait un bail, mais on dort encore assez bien... sauf que... à 3h du matin, deux clochers vous rappelle que vous êtes à Jausiers, à 3h30 aussi, à 4h00 ... on s'y fera, plus ou moins à ces deux clochers qui sont en plus pas fichu de sonner l'heure en même temps, on ne sait pourquoi. Des clocher asynchrones... en voilà une trouvaille. Le son de la vallée me ferait-il de l'humour, c'est pas une heure pour ça!

J1

Mardi se lève. Le programme n'est pas arrêté, on va grimper, simplement, respirer l'altitude, tester et on verra où on arrive. L'inconnu a cela de bon qu'il n'est pas arrêté. Et comme l'inconnu est indéterminé, au moins on n'est pas déçu. Ce sera vers la Bonnette, c'est facile, c'est la première à droite en sortant de la tente, la route se trace d'elle-même. Jausiers est à 1.220m d'altitude, la Bonnette à 2.715m, sinon 2.802m pour les puristes. Près de 1.600m de dénivelé. On a mal aux jambe rien que d'y penser. Et ce n'est rien une fois que l'on commence, continue, poursuit le chemin. Pourtant l'ivresse est là, le bonheur, l'air, l'inaccessible devient possible, et l'on grimpe. On imagine une fin que l'on ne voit jamais apparaître, lacets après tournants, forêts après bassins versants. Les perceptions changent, les perspectives aussi. Les lacets se suivent, et ne se ressemblent pas. Les haltes non plus ne se ressemblent pas, nécessaires au musculaire, mais aussi et surtout photographiques. (trop de photos tuant la photo, ici ce ne seront que des extraits)

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Quand on découvre la montagne pour la première fois à bicyclette, dire qu'on la reçoit comme un mur en pleine face serait peu dire. On peut l'avoir parcouru à pieds, en voiture, l'émerveillement est différent, tout diffère en fonction du moyen de locomotion utilisé. Les sens sont tous aux aguets, ils donnent du sens à la perception strictement visuelle, quand tout le corps perçoit par sa proprioception des stimuli concordants, stimuli qui diffèrent bien lorsque l'on est sur le dos d'un âne ou au volant d'une Harley-D. Que dire d'une montgolfière ou d'un parapente... mais ça, ce sera sans doute pour un autre jour... Ici, on redécouvre ce qu'est une fontaine parce qu'on a soif de rouler, et même si les sources et cascades ont déjà pris tout leur sens dans un pays de roche et de lave, ici les perspectives attestent la variété et l'altitude.

Halte 2000, sympa petit bistro me tend les bras, mais la halte est trop proche, montons encore! On se laisserait bien tenter par une halte en face du fort de Restefond, en dessous devrais-je dire, mais pas maintenant, on grimpe ! 2.000m d'altitude, faut le respecter, c'est pas tous les jours, faut le respecter, et s'arrêter pour une vrai pause ne colle pas à ma perception du jour. En fait c'est la première fois à bicyclette. On monte après au (faux-)col de Restefond (2.656m), pour ensuite obliquer vers le col de la Moutière (2.444m). H. l'avait dit, la Bonette ok, mais la Moutière pour une autre fois. Mon autre fois, ce sera aujourd'hui, même si la caillasse est bien présente sur 3km, entre Restefond et la Moutière, le "détour" en vaut la peine, et la Bonette attendra bien un autre jour, c'est certain, elle attendra les "7 Majeurs" et compagnie (je n'ai pas dit la 7eme compagnie, sinon je jouerais Aldo)!

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Un petit mardi de ballade, qui fera au final un petit 50km, environ, et 1.735m de dénivelé positif, avec un premier passage au dessus de 2.000m d'altitude: 2.656m. Mais pour arriver à ces 50km, il me faut encore remonter de la Moutière, et là, les jambes vont dire ... STOP. Une marche sera nécessaire pour leur donner une petite pause dans la caillasse, où deux zones plus en éboulis ont saqué le courage de celles-ci. On marchera 5, 10, 15 ... minutes, je ne sais trop, car le temps passe, et chaque minute diffère par les nuages noirs qui s'amoncèlent au-dessus de la Tête du Loup et de l'Eva. On respire, et le temps passe sans que l'on compte. Ce ne sont que les sens qui profitent de l'environnement. On accélèrera pour éviter un orage qui semble se préparer, et qui pourtant n'éclatera pas. Un vent fort, contre lequel nous avions déjà quelque peu lutter à la montée se renforcera alors sur l'après-midi. Certains disent qu'il faut rouler le matin en montagne, car l'après-midi est souvent incertaine, et à partir de 16h, ce peut être le glas d'une journée ensoleillée.

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On retournera alors prendre une tisane pour observer les volutes de nuages jouer à cache cache avec le vent depuis cette halte agréable sous le fort de Restefond, que l'on retiendra également pour son chocolat chaud, ses crêpes au miel, et le sourire accueillant (à recommander, durant les heures d'ouvertures)! Une couverture sera même proposée, vu le temps... et sera la bienvenue.

Puis le vent restant ce qu'il est, les nuages restant ce qu'ils sont avec une poussière mouillée qui tombe avec légèreté, on repartira pour cette prime descente. 20 km de descente, c'est pas tous les jours non plus ça. Le hic, c'est les petits ressauts de route, fissuration ou glissement, qui me demanderont toute mon attention, et ne me permettront que moyennement de profiter du paysage: on lit la route, rien d'autre. Mais le plaisir sera déjà là malgré la tension, l'émerveillement malgré l'inquiétude.

Le soir, on reverra l'un ou l'autre cyclistes qui viennent/vont via Jausier, soit vers Briançon, soit depuis Briançon, vers ou depuis Nice, la côte, la mer, ... la Suisse ou l'Italie. Toute sorte de profil qui se rencontrent, certains plus dans le sportif et l'exploit, d'autres dans ce besoin maladif de tourner les pédales que pour se déplacer de jour comme de nuit, pour le boulot ou pour le mois de vacances en toute autonomie en attendant les congés de leur comapgne, d'autres encore pour une consommations de cols et non d'alcool, et enfin encore certains pour du tourisme C.Bleue ou voiture d'accompagnement. Les discussions vont bon train mais l'on sent une différence de perception entre ceux qui consomment pour du muscle, et ceux qui carburent pour le vivre. Une nuance qui pose une distance, parfois acceptable, d'autre fois moins favorable.

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Suite aux conseils de M., de H., et encore fruit de discussions locales, le lendemain sera la Cayolle. Les clochers ne me réveilleront plus qu'une fois, finalement on s'y habitue vite... En partant depuis Barcelonnette/Uvernet, cela m'oblige à prendre la voiture... mais bon, nous ne sommes plus à cela, et la départementale à rouler seul, bofbof. Ce fera 1.460m de dénivelés, 58km et un col à 2.326m. Après avoir fait un Restefond rallongé, une Cayolle pourrait semblé tristounette. Il n'en sera rien. Ce petit col, tout en sympathie, recèle d'un caractère discret, mais encore sauvage, et d'une beauté bien vivante. Ce petit col est d'autant plus intéressant qu'il n'y a pas trop de défi sportif à le parcourir, et donc moins de monde en Harley, Lamborghini, et même deux roues... Tout d'abord l'on est accompagné par l'eau, et les "gorges" si l'on peut dire. Cette vallée abrite le Bachelard, qui dessine un tableau pour les yeux et serpente avec bruits pour le plaisir des oreilles. Fours Saint-Laurent permet une belle petite halte à côté d'une fontaine, avant de poursuivre vers ce passage au coeur du Parc du Mercantour, et ce col qui représente une limite administrative de 2 départements: les Alpes Maritimes et les Alpes de Haute-Provence.

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Les Marmottes y sont encore en légion, traversant non-stop la route, et la prudence est impérative face à ces êtres imprévisibles qui apparaissent et disparaissent au détour d'un lacet. Bien sûr en montée... peu de risque me direz-vous, surtout quand on roule à la vitesse d'un cheval de labour asthmatique, mais durant la descente, les freinages durent parfois être imprévus, et puissants, car aussi alertes fussent-elles, elles n'entendent pas bien les vélos arriver quand ils ne sont pas essoufflés... Leurs petits cris indignés sont alors humoristiques, mais elles restent peu farouche, habituées à notre dérangement roulant...

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Le printemps aura peut-être été tardif, mais il l'est toujours en montagne, et les fleurs sont au rdz. On ne mangera pas les pâquerettes par la racines, même si se coucher dans les fleurs peut faire sourire les rares passants, car aucune chute ne fut à déplorer sur l'ensemble de la bambée. Mais il ne faut pas trop traîner, car M. et J. doivent arriver bientôt. On descend sous une pluies somme toute légère mais continue et présente, et on prend plaisir sur ces pourcentages somme toute légers pour la région, mais qui d'autant plus peuvent s'avaler sans trop tirer le frein, sans craindre le freinage de la chicane, juste faire attention aux touffes brunes qui pourraient traverser.

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La descente est un plaisir. Une voiture nous rattrape au début, on la laisse passer. Puis on la suit, et on commence à sentir le mouvement, le balancement, on accélère. On commence à presser la voiture qui finalement se met de côté et que l'on passe. Un motard nous suit, il nous suivra encore un bout de chemin, à distance. Quand il se rapprochera, on le laissera à notre tour passer. Un remerciement, une salutation peut-être également à l'avoir précédé autant de temps, et c'est lui qui devient le poisson-pilote. On le suit, et on profite. On arrive bien trop vite à la voiture, mais bon... Cette montée et descente était réellement un magnifique trajet, qu'il conviendrait de boucler à deux reprises via les cols d'Allos et des Champs, une fois dans un sens, et une autre fois dans l'autre. Ces trajets méritent la double perspective, comme j'y reviendrai pour le Vars.

On remet le vélo dans la voiture et on s'en retourne prestement vers Jausiers, le trajet sera court. Une fois sur place, je repérerai assez aisément M. dont j'avais aperçu un jour une photo, et me dirige vers eux. Très rapidement, on parle spontanément de choses diverses, préparatifs, plannings... nutrition du soir (et oui, c'est essentiel ^^). Et effectivement, la coupure dans le pneu continental "d'Origine" de J. mérite de ne pas tenter l'expérience de la balade, le risque est réel. Le Vélociste de Jausier, super sympa au demeurant, contactera son collègue de Barcelonnette et qui aura le pneu qui faut (après quelques hésitations de dimensions, comme souvent).

On se retrouvera au final à la pizzéria, après un changement de pneu un peu récalcitrant + chambre à air, entre V., J., M. et P., devant un bon bol de PenneBolo nutritif et conventionnel. Nous profiterons de cette occasion pour se présenter de manière plus complète, ayant un peu de temps devant nous, attendant J+. qui arrivera avant la nuit.

La nuit sera suffisante, même si le clocher reste et demeure, et que la tente light 1 place ne conviendra pas à M., qui touchera plus que régulièrement les parois un peu bruyante de cette toile.

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(la littérature sera réduite, vu les comptes-rendus déjà existants, et s'orientera vers les spécificités)

M. sort de sa tente et commence à préparer son départ. Après cette nuit, on reconnait bien le froissement de sa tente. On se lève dans la foulée, V. avait clarifié l'horaire, on part tôt.
Après un démarrage "en troupeau", V. prend la tête et le rythme pour s'échauffer d'ici l'église de Saint Pierre et Paul, réel début de la montée vers le col de Vars. Quelques tunnels, un pourcentage qui augmente petit à petit, et qui au village de $$$ démarre de manière assez rapide. On sent que les jambes ont travaillé déjà depuis 2 jours. Bien sûr le rythme commence à se trouver, le moulinage un peu excessif sans doute, mais les muscles ne peuvent répondre en danseuse à des pourcentage trop aigu sur la longueur, on s'en sera bien aperçu avec nos deux premiers jours d'échauffement "léger". Une pause sera nécessaire et V. continuera pour suivre M. et J., le temps d'étirer un peu les muscles, calmer le palpitant, et on repartira jusqu'au sommet où je retrouverai tout le monde, et H. qui nous accueille avec une joie communicative, un plaisir réel.

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Au son de sa voie, on reconnait qu'il apprécie le coin, ses cols et paysages plus ou moins souvent parcouru, et à l'entendre, on retrouve l'écho de cette passion "parfois dévorante" dont il fait écho dans ses écrit sur ses activités passées et présentes. Ici, on entend ce qu'est Aimer la montagne, le vélo, les paysages ... : aimer avec le coeur et avec les sens. Des instants finalement très brefs, trop, autour d'un petit café et de croissants (dans ce cadre, un régal), mais le programme est lourd pour tous, l'Izoard attend les membres de l'équipée, même si je sais le trajet déjà plus léger pour moi. Car arriver en lanterne rouge au Vars, ok pour une fois même sans connaître le délai (Ils ont la gentillesse de ne pas me dire depuis combien de temps ils attendent), mais freiner le trajet de chacun alors qu'il est finement minuté que pour être réalisable dans les 3 jours : participer : oui, les ralentir : non.

On profite alors de ces instants avec H., puis on file vers Guillestre. La descente est agréable, parfois bien rapide! Certaines portions sont mal goudronnées (village et ralentisseurs vieillis), certaines constructions récentes gâchent les flancs de la montagne. Si la vue depuis le col est encore magnifique, la descente est plus simplement belle comparée à celle déjà abordées. Le tourisme de masse impacte les terres, qu'elles soient montagnardes ou autres d'ailleurs, mais ce constat de manque de vision urbanistique à long terme est affligeant. Pour se faire ré-élire, les maires préfèrent ainsi octroyer leur aval à des projets urbanistiques, pour une perte qualitative nette de leur propre territoire à moyen termes. Le grignotage se ressent même ici, une larme coule.

V. nous montre alors ses talents de descendeur, il connait son "Look" et ses appuis, il va vite. Je ne suivrai ici personne, l'oeil aux aguets de certains lacets et de la vue qui apparaît sur Guillestre, le massif des Ecrins, ... Devant, derrière, je ne sais d'ailleurs même plus qui est où, et une fois ou deux, je vois V., J+. ou M. sur le côté qui fait une halte pour nous attendre moi et J., je crois. Au rond-point de Guillestre, on se quitte, et je lis dans leurs yeux qu'ils avaient bien compris mon choix, et sous une certaine forme l'approuvait/respectait. Pour ma part, je ne le regretterai nullement pour le trajet, au contraire! Un petit peu pour la compagnie par contre. L'Izoard aurait sans doute été faisable, avec une heure et plus de retard sur J+., mais le bénéfice en retour de passer par Chateau Queyras, par les gorges du Guil, par St-Veran, vaudront largement cette moins-value altimétrique.

Le trajet entre Guillestre et Ville-Vieille est ainsi référencé comme un itinéraire majeur de cyclisme, notamment vers l'Izoard, mais surtout comme une voie partagée avec les cyclistes. Les automobilistes sont avertis: le vélo existe ici, et souvent. Rien avoir sans doute avec la route de Briançon. Et quel panorama! Ces gorges, chaudes, sèches, où coule un torrent dont on ne sait finalement s'il monte ou s'il descend tellement les perspectives sont surprenantes, et surtout quand on arrive au barrage de la maison du Roi. Un peu de bon sens et observation répond assez aisément à cette question, mais l'imaginaire peut aussi exister, et c'est tellement beau d'imaginer l'impossible à l'instar de ces cheminements d'escaliers sans fin et surréalistes.

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Le mont sur lequel se dresse le château est impressionnant sans être immense au milieu de ces flancs de vallée. On en connait des châteaux pompant, ronflant et bedonnant. Lui n’en est rien. Construiti sur une sorte de verrou glaciaire en son temps, il a dû représenter un sacré verrou (dîme et tonlieu) économique en des temps moyenâgeux et ultérieurs. Une recherche historique serait utile. Le hic, c'est que tellement absorbé par la contemplation de cette architecture, j'en oublie de faire le plein à la fontaine locale, et la suivante est à Ville-Vieille... Je m'arrête à la superette, et prend un petite bouteille pour tenir jusque-là, car il fait très chaud et sec. Je ne me doute pas un seul instant de ce qui tombe sur les copains, et de ce qui arrivera sous peu au-dessus de ma tête aussi d'ailleurs.

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A Ville-Vieille, la boulangerie qui se trouve au rond-point vers St-Veran m'offre une magnifique surprise. Il s'agit essentiellement de pains et baguettes au levain, au vrai levain, celui qui se hume avec délicatesse, et après m'être installé avec mon pain pour le matin prochain, et un morceau de baguette pour le présent, en plus d'une tisane, je regarde le temps qui semble changer... En fait il change très vite. Sur le temps de manger/boire, la pluie est là, pas dégoulinante, mais présente. J'attendrai 1 heure sur place en regardant la pluie, me disant que dans le pire des cas, je verrais arriver les copains ^^

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Je profite d'une accalmie légère pour redémarrer vers la Dame Coiffée, mais elle sera courte. Régulièrement des averses plus ou moins légères tomberont durant la montée vers St-Véran. Village touristique ayant sans doute subit de plein fouet la cessation temporaire des activités touristiques, pourtant il semble en tout cas attirer déjà beaucoup de monde en cette première semaine de juillet. Voiture interdite, parking payant pour les voitures et motos, content d'être en bicyclette... Une fontaine magnifique borde un atelier d'ébénisterie/sculpture sur bois. Le village est beau comparativement à ceux vue sur le Vars, mais certaines maisons sont délabrées, et menacent de descendre d'un étage sinon plus. Certains aménagements ne sont pas non plus tout à fait intégré à ce village qui mériterait une gestion stricte.

Alors qu'une passante m'interpelle sur mon trajet sous la pluie, je continuais de goutter d'ailleurs, je n'ai pas le temps de vérifier que Saphira est bien appuyée. Un coup de vent fait alors tomber ma belle... et garde-boue/dérailleur/chgt de vitesse subisse de la chute. Je peste. Quelques réparations se révèlent nécessaires. Mais cela aurait pu être pire... je n'ai pas de dérailleur de réserve en poche, et heureusement n’en aurai pas besoin, même si j'ai trop de carottes et de fruits secs avec moi, comme j'en ferai le bilan à la fin du trajet: j'avais trop de choses lourdes! Je commence ainsi à regarder de travers les choses que j'aurais pu éviter de prendre, ce qui aurait rendu mon vélo moins Fer à Repasser... Enfin, n'exagérons rien... mais quand même.

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En quittant St-Veran, alors qu'une belle accalmie avait eu lieu pendant un temps de la visite de ville, la cata... un rideau de pluie s'abat à présent. Mes surcouches ne tiendront pas. Je m'arrête encore à la Brasserie des amoureux, le chemin étant devenu un torrent, ne voyant plus où la route se dirige, l'arrêt est impératif. Ce sera presque 2 heures, où mes affaires secheront déjà un peu avant de poursuivre sous une pluies plus acceptable vers le refuge.

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Qui a eu l'idée d'aller dans un refuge, avec une telle pente en plus? Rhhhhhaaaaa, on peste pour la forme, mais dans le fond on sourrit ^^. Et le repas du soir, l'accueil, feront oublier les quelques raideurs supplémentaires avec facilité. J+. sera le premier à se pointer, et l'on voit qu'il aura souffert. Il me raconte la neige, la pluie, l'attente en haut de l'Izoard pour une petite erreur de point de rdz, et il a besoin de se réchauffer. Je lui fait la visite, le patron du refuge s'étant fatigué le genou quelques jours plus tôt lors d'un trail un peu excéssif. Cela permi de discuter et de percevoir toute la rigueur d'entrainement dont il fait preuve pour enchaîner les distances et dénivelés. C'est admirable le chemin pour en arriver là. Lors de cette discussion, et d'autres ultérieurs, on apprendra ainsi quelques trucs et astuces utilisé par un cyclo-sportif, qui avec un peu de préparation spécifique pourrait sans doute faire les 7 Majeurs en 24h ou presque. Dans ses yeux, on voit aussi un chemin, une longue route parcourue sans doute avec ses difficultés, et qui à côté de cette rigueur de vie amène à une ouverture d'esprit, et un intérêt pour les autres.

Arriveront ensuite M. et V., éreintés, suivi par J., cette fois-ci à pied face à cette dernière pente humoriste de fin d'épreuve. Ils en auront bavés, plus que moi en tout cas, que j'en ai du mal à m'imaginer ce qu'ils me rapportent et ce qu'ils ont traversés. Le repas chaud n'aura sans doute pas été aussi bien accueilli qu'un soir comme aujourd'hui.

Ce sera pour ma part, 80km et 2.444m de dénivelés positif, un col de Vars à 2.111m, un village de St-Veran à 2.042m, et Le refuge un peu à côté à 2024m, et une drache comme même ma douche n'a jamais produit, sur près de deux heures, en plus des rafraichissement non souhaité, plus légers et préalables.

J4

Après une nuit particulièrement bien reposante, nous repartirons au petit matin pour le col d'Agnel, frontière non plus entre département, mais entre Pays : la France et l'Italie. Une assez agréable montée, au début en groupe en mode accordéon, aisée. Chacun trouvera petit à petit un rythme, on discute, on papotte, puis viendront les raidillons qui sépareront le groupe temporairement, en sous-groupe. Pour ma part, ce sera Vincent, que j'avais précédé sur une protion plus bas, qui après m'avoir rattrapé m'accompagnera jusqu'en haut. Arriver à plusieurs (2 ou plus), a quelque chose de différent. On vit les choses ensemble, en même temps. Sentiment que je retrouverai le jour suivant en montant à la Bonette avec J+., ou en allant chercher M., J. puis V. sur le final de leur montée de celle-ci. Le paysage est grandiose, la vue est impériale sur les vallées FR et IT. La sculpture sur bois est aussi magnifiquement réussie. Mais c'est l'heure de la séparation réelle, nous nous retrouverons le lendemain, si possible à la Bonette. Je les laisse filer comme des hirondelles dans le paysage, sur cette descente italienne aux couleurs totalement différentes, et m'en repartirai pour mon trajet retour.

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En effet, pour moi, le programme sera la descente de l'Agnel, côté FR, prendre du pain à la boulangerie de Ville-Vieille, pour descendre puis remonter les gorges du Guil, et remonter enfin le Vars pour, s'y possible, en arriver à Jausier. Ce sera 100km et 2.398m de dénivelés positif, avec les cols d'Agnel 2.744m et de Vars, et quelques pérégrinations, car j'y arriverai. La beauté du Queyras me ravira encore une fois, le sanwich baguette pris à la boulangerie sera un délice au poulet au-dessus du torrent et en vue du barrage, avant de se lancer sur la remontée de Vars qui me cassera bien plus que la montée de l'autre versant qui pourtant serait plus raide. La chaleur sera au rdz, les gourdes verront leur eau s'avaporer comme par magie, et les fontaines particulièrement accueillantes. Les photos du Queyras parleront d'elles-mêmes, mais les projets immobiliers sur le Vars seront alors encore plus frappant, et non photographiés, ayant le temps d'observer ces constructions en cours, de les regretter. Une halte à la brasserie au sommet sera bien agréable, discutant avec un père qui fait découvrir à son fils la montée en vélo, et une famille qui randonne à pied.

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Le début de la descente ne sera que peu attractif, mais rafraichisssant pour délaver la montée, et les suites seront bien agréables. Une pente douce jusqu'à Jausier depuis l'Eglise de St- Pierre et Paul. Malheureusement le camping sera plein. La douche y sera quand même accueillante et bienvenue!

J5

Après une nuit au sonde clochers, le programme sera "light." Au final, je regretterai même un peu de ne pas avoir fait plus, un sentiment léger de trop peu qui sera effacer facilement tout d'abord par une vue immense depuis la cîme de la Bonette (à pieds depuis le col), et par les retrouvailles des compagnons de voyage, même si leur voyage aura été un peu différent. J'arriverai tranquillement vers 15h en haut de la Bonette, souhaitant profiter de la vue et monter à pied. J'attendrai l'arrivée des autres depuis un versant du col permettant de voir les lacets de la montée. J+. arrivera que bien plus tard, le premier, et je l'accopagnerai sur le dernier tronçon de la montée. Puis il poursuivra son chemin jusqu'à sa voiture et Jausier, un trajet l'attend. J'attendrai environ une heure de plus pour apercevoir M., puis J. et irai à leur rencontre pour les encourager. Enfin V. arrivera à son tour, peu de temps après. Ce sera tout simplement une Bonette pour de vrai, 50km et 1664m de dénivelé positif (quelques allers-retours), vécu comme un parcours de santé, ardu, mais plaisant.

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Puis une descente bien documentée ci-dessus. Un vrai plaisir de suivre M.

J6

On aurait bien remi encore le couvert pour aller découvrir un col d'Allos fermé à la circulation, mais si pour ma part rempiler pour du dénivelé "modéré" n'était pour moi que tentation réalisable, le planning des uns et la fatigue des autres (eux qui en ont fait bien plus que moi sur 3 jours, je le rappelle) n'étaient pas favorable à une réalisation de groupe. Une petite occasion qui pourrait représenter une bonne excuse pour s'y retrouver... un jour ou l'autre.

Dans ce genre d'aventure, comme déjà abordé, on peut s'arrêter à l'aspect cyclo-sportif voire purement exploit sportif.
On peut cheminer également sur les voies de traverses qui nous font non seulement voyager au pays parcouru, par ses paysages (le mot prend ici toute son ampleur), pas ses aspects historiques, par le vécu que l'on ne retrouve pas dans les livres ni sur la toile. Voyager et cheminer grâce au vent qui vous frappe, aux odeurs et parfums qui vous chamboulent, à cet oxygène particulière, molécule différente de celle que l'on retrouve en labo ou dans les villes...
Mais, à l'instar du "Tao du vélo", je pourrais dire aussi sur des voies philosophiques. On part alors à la rencontre avec soi-même, face à ceux qui partagent votre aventure et qui proposent une vision différentes du vécu commun. Bien sûr, plus l'évènement est important, long, rare, ... et plus l'ampleur de celui-ci peut être perçu. Nul besoin de parcourir la terre cependant, que pour toucher à cette perception. Il suffit de pédaler, de libérer son esprit, parfois de le laisser tourner en rond au travers d'une ritournelle dont il est impossible de se débarasser. Mais à cette occasion, l'esprit prend plus de clarté quand il s'arrête de pédaler. Il revient aux perspectives, aux choix, aux options, au champs des possibles.
Mais est-ce bien juste ? à la rencontre de soi-même face aux autres? Ce serait presque une erreur de rester sous cet angle, car il conviendrait mieux de dire que l'on se retrouve FACE à ses PROPRES choix, orientations de vie, fondements, pensées, grâce et EN COMPAGNIE de ceux qui parcourent un chemin, qui pour eux peut soit sembler juste une journée de plus au pays des marmottes, soit être une bonne virée entre potes, soit un quelconque commun..., ou encore et finalement un voyage extraordinaire au pays des rêves et espoirs que chacun cache en son coeur, et peut ainsi vivre au présent!

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Conan Doyle disait ainsi: "When the spirits are low, when days appears dark, when work become monotonous, when hope hardly seems worth having, just mount a bicycle and go out for a spin down the road, without thought on anything but the ride you are taking." Et s'il est vrai que la route peut ainsi avaler vos pensées, elle peut également vous ramener à l'essentiel.

Quelques chiffres: Au final, P. aura parcouru
- 9.701m de dénivelé positif dont
- 6 cols pas vraiment mineurs,
- 338km ce qui peut sembler peu de choses
- sur 5 jours,
- avec 3 jours en tente, deux en voiture, et une en refuge,
- des paysages grandioses,
- une météo capricieuse, mais majoritairement très accueillante,
- et surtout, juste UNE envie : RECOMMENCER

Je retiendrai le petit hamburger de fin, repas sur lequel la compagnie se dira un premier "au revoir", le regard de mes compagnons qui comme beaucoup, en racontent des choses, une envie presque jalouse de prendre ma bicyclette comme le fait J., en plus pour rejoindre sa moitié (sentiment décris dans le Tao, comme celui de "ceux qui n'osent pas", ou ne s'en donnent pas la possibilité), des decentes regorgeant d'ivresse, des montées dans la difficulté, un groupe composé de personnes accueillantes ouvertes, tolérantes, et des cols aux vue incomparables qui ne s'effaceront j'espère jamais de ma mémoire.

Je tiens à remercier (de manière non-exhaustive, non-limitative):
- le groupe pour les discussions et vécus,
- M. pour son initiative, sa présence, ses conseils, sa richesse, ...
- V. pour son expérience, ses échanges, son attention, sa constance, ...
- J. pour son engagement, sa persévérance, son exemple, sa gaité profonde, ...
- H. pour ses analyses, sa rencontre "au café-croissant", ses photos et illustrations, ...
- J+ (le non-inscrit) pour ses conseils techniques, sa connaissance, sa patience, ... et ses dernières photos ^^
- Les cyclos-cyclotes qui ont soutenus, commentés, encouragés, partagés, ... (du fofo et d'ailleurs),
- mon épouse A. pour son acceptation, soutien, face à des modifications de notre rythme familial, changements profonds qui s'opèrent sur quelqu'un qui commence à gouter à la drogue du cyclo-tourisme.

Ainsi que de nombreuses rencontres entre cyclistes, tenancière souriant et refuge accueillant, ...

PS.: d'autres photos seront incorporées prochainement, mais voili voilà.

PS.2: je rejoins très fortement la position de M. et V. sur l'inutilité, l'aberration de cette boucle à la Bonnette sur asphalte. Que l'on sécurise un chemin, en dolomie et caillou, pour un accès piéton, voir VTT/gravel selon les décisions des gestionnaires du Parc du Mercantour et réserve attenante: OK. Mais défigurer la montagne pour un orgueil mal perché sur les cimes, je trouve cela inoportun. Le vrai col est ce qu'il est. Qui plus est, ils auraient pu profiter d'un parking un peu plus bas pour faire un vrai cheminement de visite. L'imposer dans les 7 Majeurs n'est néanmoins pas un réel problème en soit, devrait être optionnel, car c'est la conception qui peut être remise en cause, pas un usage doux/actif.
Dernière modification par Pedrodelaluna le lun. 26 juil. 2021 11:06, modifié 1 fois.


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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par emilpoe »

Salut,

Très beau bon récit Pierre :bien
Pedrodelaluna a écrit : dim. 25 juil. 2021 18:25...
J'attendrai environ une heure de plus pour apercevoir M., puis J. et irai à leur rencontre pour les encourager...
Et j'e t'en remercie ! J'étais tellement cuit à cet instant que sans toi je ne sais pas si je serais monter...
Pedrodelaluna a écrit : dim. 25 juil. 2021 18:25...
- et surtout, juste UNE envie : RECOMMENCER
Voir mon message un peu plus haut :wink:

Puisque tous le monde s'est greffé sur mon post, ce serait bien qu'on intègre le CR de Joann ici, non ?


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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par AngstromCyclo »

Chapeau P., Ton texte est magnifique car il permet de percevoir combien ce qui n'est au départ qu'une décision d'intuition, voire de folie (s'engager sur un tel défi) ouvre une porte sur une aventure humaine extraordinaire.
Tes qualités humaines transpirent dans ton récit. J'ai eu la chance de les vivre en vrai. Comme celles des autres protogonistes.
En plus des beautés et de la magnificence des montagnes, elles ont rendu ce projet exceptionnel.


A+

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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par masu39 »

Très beau récit Pierre. Merci


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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par Ravélo Bernard »

Yop

Que de beaux récits qui donnent envie même si ...... :D
AngstromCyclo a écrit : lun. 26 juil. 2021 07:24 Chapeau P., Ton texte est magnifique car il permet de percevoir combien ce qui n'est au départ qu'une décision d'intuition, voire de folie (s'engager sur un tel défi) ouvre une porte sur une aventure humaine extraordinaire.
Tes qualités humaines transpirent dans ton récit.
Je plussoie !!!


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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par CYCLOHC »

Merci encore à tous les cinq..
Vous ne pouvez pas vous imaginer, avec le recul, quelle joie profonde notre rencontre m'a procuré !
Ah, j'ai horreur des regrets et d'ailleurs je fais toujours tout pour ne pas en avoir dans l'existence....mais, dix ou quinze ans de moins....
Continuez à nous faire rêver !


Sans cap, tous les vents sont contraires....
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par chelmi »

Merci. :bravo

Je me suis régalé à vivre lire vos aventures ! :readbook
:surprised2


Amicalement,
Michel ALLONNEAU.

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Manouche
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par Manouche »

chelmi a écrit : mar. 27 juil. 2021 11:02 Je me suis régalé à vivre lire vos aventures ! :readbook
En cette après midi de chaleur, et de grosse flemme pour bricoler sur mes freins-arrières, j'ai lu les 4 récits. Et j'aimerais bien aussi que celui de Joann dit Masu soit intégré à ceux-ci.
C'est une belle aventure qui donne du "relief" à ces échanges sur forum !
Merci à tous, aux grimpeurs, aux cyclo-touristes, aux cyclistes, et à ceux qui ont aidé, conseillé et soutenu !
Manouche


“We are defined by the lines we choose to cross or to be confined by”
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par chelmi »

emilpoe a écrit : dim. 25 juil. 2021 19:28 Puisque tous le monde s'est greffé sur mon post, ce serait bien qu'on intègre le CR de Joann ici, non ?
Manouche a écrit : mar. 27 juil. 2021 16:57 Et j'aimerais bien aussi que celui de Joann dit Masu soit intégré à ceux-ci.
J'ai fusionné les sujets.


Amicalement,
Michel ALLONNEAU.

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Pedrodelaluna
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par Pedrodelaluna »

Merci
et Merci

Beaucoup de choses transparaissent dans chaque récit, et les 4 voies donnent effectivement un "relief"
Dernière modification par Pedrodelaluna le mer. 28 juil. 2021 19:34, modifié 1 fois.


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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par emilpoe »

Salut,
CYCLOHC a écrit : lun. 26 juil. 2021 21:24...
Vous ne pouvez pas vous imaginer, avec le recul, quelle joie profonde notre rencontre m'a procuré !
Mais c'est réciproque Henri :wink:
chelmi a écrit : mar. 27 juil. 2021 17:27 J'ai fusionné les sujets
:bien


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