Les Sept-Majeurs...

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masu39
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Les 7 majeurs de Masu

Message par masu39 »

Je vais me coller à mon récit des 7 majeurs, en attendant que mes camarades livrent le leur.

Le voyage a proprement parlé à commencer avec la tentative de tout charger sur mon vélo, tout en gérant le quotidien et les derniers jours de boulot un peu chargé. Cette foutue tente, je ne savais qu'en faire. En dernière minute je trouvais un système à l'arrache, faudrait que ça aille. Le mardi, journée réunion d'où je m'extirpai vers 14h30 pour foncer à vélo sur la gare de Lons, où un train devait me conduire à Frontenex, d'où je comptais rejoindre le chalet de Maurice. Il m'appelle sur le trajet pour me proposer de venir me récupérer à la gare, suite aux violents orages qui tombent chez lui. Je cède et nous nous retrouvons pour papoter autour d'un repas conclut par des pâtisseries succulentes de Madame..... Puis au lit pour prendre la route le lendemain matin et retrouver Pedro l'après-midi à Jausiers. En inspectant mes pneus, Maurice s'aperçoit que mon pneu arrière est coupé. Je me souviens qu'il a un peu plus de 4000 bornes, peut-être une bonne idée de le changer avant de s'engager plus avant. Un tour à Barcelonnette où je trouve un remplaçant. Sur le chemin, Vinvent nous croise et s'arrête un peu auprès de nous. Après changement du pneu et installation du campement, nous partons souper en ville, l'occasion de faire un peu connaissance. La nuit est déjà presque là quand Jacques, le 5e larron arrive au camping. Le départ est prévu pour 6h30.

Jour 1 : Jausiers - Pierre Grosse

Image20210708_064151 by joann masuyer, sur Flickr

Un peu après 6h30, notre petite caravane se met en route. Ça roule gentiment au train jusqu'à Saint-Paul sur Ubaye où commence véritablement la montée vers le Col de Vars, première difficulté de la journée. Je me sens en forme et grimpe sans trop de difficultés.

Image20210708_080623 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210708_080629 by joann masuyer, sur Flickr

Mon paquetage approximatif ne rend pas le vélo très agréable en danseuse, je vais donc grimper assis. Tout va bien, sauf que vers 1900 m, je commence à comprendre ce que m'expliquait Maurice sur l'altitude, je baisse un grand coup de régime. Mais le soleil brille, et les paysages sont somptueux.

Image20210708_083518 by joann masuyer, sur Flickr

Je finis par arriver au sommet, très heureux d'avoir passé mon premier 2000. Maurice, Vincent et Jacques sont déjà là et, alors que Maurice va chercher des tampons au bistrot, Henri arrive avec café et croissants. On a vu pire accueil. Pierre passe le col à son tour, et nous passons au café, faisons quelques photos en papotant avec notre hôte.

Image20210708_084903 by joann masuyer, sur Flickr

Il est temps de descendre sur Guillestre. Vincent file avec un aisance qui me laisse rêveur. Je descends comme un fer à repasser arthritique.

Image20210708_094551 by joann masuyer, sur Flickr

A Guillestre, Pierre nous quitte pour rejoindre Pierre Grosse par la vallée du Guil et contourner l'Izoard. Ca lui évite la partie Guillestre / Briançon qui n'est pas des plus plaisantes. En montant sur Saint-Crépin à la boulangerie, alors que je relance dans un petit coup de cul, ma roue arrière se bloque soudainement, et je crains de me foutre au tas, mais parviens à défaire mes cales à temps. C'est mon paquetage qui s'est fait la malle. Je le refixe autrement, mais ça commence à me peser un peu sur le moral. Vers midi nous sommes à Briançon. Ravitaillement express dans une boulangerie avant d'attaquer l'Izoard. Le ciel s'est bien assombri et, alors que nous attaquons l’ascension, les premières gouttes se font sentir. Nous faisons une pause repas à Cervières. Le repas à peine terminé, la pluie se met à tomber fortement, accompagnée de coups de tonnerre. Nous nous réfugions au café pour laisser passer la sauce. Mais celle-ci s'obstine te nous reprenons la route sous la pluie. Jacques part à son rythme, soutenu, il nous attendra au sommet. Maurice est devant moi et Vincent se retrouve derrière. En prenant de l'altitude, l'air devient plus frais et c'est avec plaisir que je vois Maurice prendre l'option pause au refuge Napoléon. D'autant que je commence à bien sentir ce que c'est la montagne à vélo. Le refuge est accueillant, le poele ronronne et le pétillant de houblon m'offre calories et réconfort. De quoi grimper joyeusement le dernier kilomètre qui nous sépare du sommet. Sommet glacial où Bernard, stoïque et gelé nous attend auprès d'un groupe de motard belge. La pluie est ici mélangée à la neige. On remet des épaisseurs, une photo et c'est la descente.

Image20210708_160314 by joann masuyer, sur Flickr

Je ne dépasse pas le 35 km/h, au-delà c'est trop froid. A Brunissard, Vincent, toujours grand descendeur, nous attend sous l'auvent d'un bistrot, hélas fermé. On reprend la descente et je commence à avoir hâte de remonter, histoire de me réchauffer. La pluie nous accompagnera jusqu'à Ville-Vieille, où nous entamons la grimpette vers Pierre-Grosse. L'option camping a été abandonnée au profit du gîte, on se demande pourquoi. En gravissant les lacets, j'aperçois une magnifique demoiselle coiffée, puis une église au clocher tour très remarquable. C'est l'Eglise Saint-Romain de Molines en Queyras.

Image20210708_173432 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210708_175129 by joann masuyer, sur Flickr

J'ai abandonné l'idée du crochet à Saint-Véran pour le tampon, on reviendra une autre fois.

Image20210708_175146 by joann masuyer, sur Flickr

Nous arrivons enfin à Pierre Grosse pour s'apercevoir que le gîte est situé tout en haut d'une côte sévère. Je prends l'option poussage. Une douche chaude et un bon repas nous ferons le plus grand bien.

Image20210708_184530 by joann masuyer, sur Flickr


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AngstromCyclo
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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par AngstromCyclo »

Merci Joann. Tu as lancé la série. Ça a été une semaine charette pour moi. Je vais avoir un peu de temps dans les jours qui viennent.
Juste pour la compréhension du lecteur, une rapide présentation de Jacques, le 5 ème larron. C'est l'équipier de la dernière heure, non membre du forum. Il est un de mes meilleurs amis, celui qui m'a entraîné à l'Ardéchoise en 2012 je crois. Un très gros rouleur qui a été tenté par cette aventure et qui a très apprécié l'accueil qui lui a été fait dans le groupe. Je crois que la réciproque est vraie.


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vaber
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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par vaber »

Masu a écrit :
"Il est temps de descendre sur Guillestre. Vincent file avec un aisance qui me laisse rêveur. Je descends comme un fer à repasser arthritique"

Ah oui Vincent et les descentes c'est une longue histoire d'amour :wink: Et je te remercie car tu me donne le bon terme pour qualifier mes descentes.
"Comme un fer à repasser arthritique" :lol:

Blague à part merci pour ce premier récit. Les photos sont bien belles et donnent envie mais c'est loin et c'est hauuuuuuuut :boulet


On ne possède vraiment que ce que l'on sait...

rouletoujours
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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par rouletoujours »

Merci Masu pour le récit du premier jour ainsi que le reportage photo. Tes paquets ne t'ont pas trop ennuyé par la suite? Pas si bien que ça le bikepacking alors?


"C'est parce que le vélo est un remarquable engin de perception du monde que le cyclotourisme est une source d'enrichissement perpétuel." - Jacques Vicart
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masu39
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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par masu39 »

De rien Vincent. Et oui, ça a été un plaisir de rencontrer Jacques (vous aussi d'ailleurs :) )

Jour 2 : Pierre-Grosse - Demonte

Image20210709_060952 by joann masuyer, sur Flickr

Après une bonne nuit, je constate que je suis moins courbatu que la veille, mais que mes vêtements ne sont pas complètement secs. Mais la journée s'annonce ensoleillée, ça devrait sécher. Nous décollons de bonne heure et de bonne humeur. Un petit 800 m de dénivelé pour atteindre Agnel. Plus courageux que la veille, je rejoins la route de notre itinéraire depuis le gîte SUR mon vélo cette fois. Bon c'est vrai que le sens de la pente est mieux disposé à mon endroit. :)
L'occasion de constater que le camping où nous devions dormir est situé près d'un torrent et toujours à l'ombre à cette heure matutinale. Le thermomètre du GPS indique -2, de quoi mieux apprécier encore la nuit en gîte. Tout ça met du baume au cœur pour attaquer le plus haut col du parcours, dont nous avions donc gravi la moitié la veille. Le début se fait en fond de vallée, entre pâtures au nord-est et mélezaie au sud-ouest.

Image20210709_080445 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210709_080505 by joann masuyer, sur Flickr

Les pourcentages deviennent un peu plus conséquents et les arbres plus rares.

Image20210709_080528 by joann masuyer, sur Flickr

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Image20210709_090926 by joann masuyer, sur Flickr

C'est très beau. Les copains se sont arrêtés près d'un bistrot, mais je préfère continuer dans mon élan, quelle abnégation, quel ascétisme ! Ils suivent alors mon exemple et me rattrapent bientôt. Petites série de photos et au-revoir à Pierre qui retourne à Jausiers par le même chemin qui l'a conduit jusqu'ici.
Je suis quand même un peu ému d'être là, à plus de 2700 m. Le spectacle en vaut la chandelle.

Image20210709_090956 by joann masuyer, sur Flickr

La descente vers Pontchianale est très belle, il faut éviter les marmottes puis des vaches à l'alpage, avant de retrouver l'étage forestier. Le petit et charmant village de Chianale nous offre l'occasion d'un premier café en Italie pour obtenir un joli timbre. Le café est à la hauteur de l'accueil piémontais. Pendant ce temps Jacques refixe sa sacoche de selle et Vincent part explorer le village, nous trouvant ainsi une épicerie pour un ravito de qualité. Quelques photos de ce village typique et touristique qui a échappé à un ripolinage trop accentué et nous repartons.

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Arrivé à Casteldelfino je suis tout seul. Il me semble que Vincent est devant mais je ne suis plus sûr. J'attends une dizaine de minutes et ne voyant personne arriver, je me remets en route. Vincent attendait 500 m plus loin. Nous attendons, essayant de joindre, sans succès, nos deux comparses. Vincent arrête un cycliste pour tenter de savoir s'il les a vu. Au moment où nous nous décidons à repartir les deux, les voilà qui pointent le bout de leurs roues. Jacques a été victime d'une crevaison. Nous continuons la route jusqu'à Sampeyre, début de l'ascension vers le col du même nom. Le revêtement est aléatoire et les pourcentages conséquents. Quand le GPS indique 7%, ça donne l'impression d'un répit. Il est midi quand nous débutons la grimpette, j'apprécie d'autant mieux l'ambiance forestière et globalement ombragée. Finalement j'aime bien ce col, il n'y a pas trop de questions à se poser et on peut inscrire son effort dans une régularité qui convient bien à mon tempérament cycliste. J'arrive dernier, mais moins à la ramasse que je m'y attendais.

Image20210709_143428 by joann masuyer, sur Flickr

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Image20210709_152519 by joann masuyer, sur Flickr

Très jolie descente, avec une route qui surfe au départ sur la crête. Par contre le revêtement fait des blagues.

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Un peu après Stroppo, une petit bistrot alimentation nous tend les bras pour un panini à l'italienne, une bière et du soda. C'est bon de traîner là. Mais l'heure avance et il nous reste la Fauniera à grimper. Ce qui n'est pas une mince affaire. Le pourcentage moyen est inférieur à celui de Sampeyre, mais des murs à 20% sont signalés. Je papote un peu avec Jacques, puis celui-ci prend son envol à son rythme qui est plus élevé que le mien. Il rejoint son gîte et nous nous retrouverons le lendemain. J'avais prévu de déchausser à chaque raidard. Je reste bloqué dans mes cales au premier, je suis donc obligé de faire un effort un peu violent. Qui me convainc définitivement que la meilleure stratégie est de les grimper à pieds. :)

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Stratégie payante car je vire en tête pour la première fois au col d'Esischie.

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L'heure est bien avancée. Au col de la Fauniera, au pied de la statue de Pantani, l'air est frais et le versant sur lequel nous devons descendre est dans le brouillard.

Image20210709_201926 by joann masuyer, sur Flickr

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Image20210709_201958 by joann masuyer, sur Flickr

Heureusement, le brouillard est localisé au sommet. Le versant sud est superbe.

Image20210709_203553 by joann masuyer, sur Flickr

Nous faisons un tout petit crochet pour ajouter le col de Valcavera à mon catalogue.

Image20210709_203904_001 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210709_204233 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210709_204237 by joann masuyer, sur Flickr

Je suis un peu crispé dans cette descente où s’enchaînent les épingles. La nuit est presque là à l'heure où nous atteignons, démontés, Demonte. Où est le camping, où est le restaurant? Vincent appelle et trouve la route. Il est plus de 21h30 quand nous passons à table à la Randoulina qui nous fait un charmant accueil. Je me régale des pates au basilic puis de l'agneau, contrairement à Maurice qu n'arrive rien à avaler. Le patron appelle le camping, qui ne répond pas, pour prévenir de notre arrivée tardive. Il parvient à en joindre un autre, Il Castagneto, que nous pensions fermé. Nous sommes attendus et filons. Après l'installation et une douche, il est minuit quand nous nous couchons. Ça pique. D'autant que 2 heures plus tard, je suis réveillé par des fêtards en goguette. Je ne me rendors que passé 4 heures et quand Vincent m'annonce 6h, je ne suis que moyennement réjoui par la nouvelle :)
Dernière modification par masu39 le lun. 19 juil. 2021 08:33, modifié 1 fois.


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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par CYCLOHC »

Chianale est un petit village magnifique, et le resto y est excellent !
Je vais y manger environ une fois par an lorsque je fais Agnel par les deux versants. La remontée est parfois épique !
..Quelle descente avez vous choisi pour le Sampeyre ? Par Elva ?


Sans cap, tous les vents sont contraires....
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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par masu39 »

CYCLOHC a écrit : dim. 18 juil. 2021 19:44
..Quelle descente avez vous choisi pour le Sampeyre ? Par Elva ?
Non, Stroppo.


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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par emilpoe »

Salut,

Beau récit et belle images :)
Tu devrais mettre le lien de ce récit sur la page consacrée au 7-Majeurs ;)
CYCLOHC a écrit : dim. 18 juil. 2021 19:44 ...Chianale est un petit village magnifique, et le resto y est excellent !
Oui, Chianale et non Pontechianale ;)


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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par masu39 »

rouletoujours a écrit : dim. 18 juil. 2021 15:43 Merci Masu pour le récit du premier jour ainsi que le reportage photo. Tes paquets ne t'ont pas trop ennuyé par la suite? Pas si bien que ça le bikepacking alors?
L'avantage c'est que ça permet de partir avec un vélo pas équipé pour le transport de bagage. Et l'inconvénient, c'est pour les mecs à l'arrache comme moi qui partent avec des installations approximatives dedernière minute. Je vais retravailler mon installation avec tente. Ou continuer de partir sans :D


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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par masu39 »

emilpoe a écrit : dim. 18 juil. 2021 21:21 Salut,

Beau récit et belle images :)
Tu devrais mettre le lien de ce récit sur la page consacrée au 7-Majeurs ;)
CYCLOHC a écrit : dim. 18 juil. 2021 19:44 ...Chianale est un petit village magnifique, et le resto y est excellent !
Oui, Chianale et non Pontechianale ;)
Je corrige pour le village et oui, c'est une bonne idée le lien. Merci.


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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par masu39 »

Jour 3 : Demonte - Jausiers

Nous repartons vers 7h30 après que Maurice et Bernard nous ont rejoint, fringants. C'est parti pour la Lombarde. C'est samedi, la route est très fréquentée et nous grimpons au milieu des piétons, des autres cyclos, des motos et des voitures.

Image20210710_101241 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_103220 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_103223 by joann masuyer, sur Flickr


Arrivés passé 11 heures au sommet, je fais quelques photos, essaie d'obtenir un tampon auprès du vendeur de glaces et boissons du sommet.

Image20210710_111402 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_111632 by joann masuyer, sur Flickr

Et me dépêche de redescendre, bien décidé à tenter d'expédier ma tente et quelques autres affaires par colissimo à mon domicile. Quand j'arrive au village d'Isola, l'agence communale est bien entendue fermée. Tant pis, je file au resto où Jacques me rejoint bientôt, puis Maurice et Vincent. On se restaure avant d'attaque le dernier (gros) morceau de notre périple, la cime de la Bonette. Petite pause à Saint-Etienne de Tinée, début de l'ascension du col de la Bonette par le sud et site BPF des Alpes-Maritimes. Un café, un tampon, un peu de calories à emporter pour la montée et c'est parti. Comme pour la Lombarde, la route est très empruntée par ce samedi ensoleillé.

Image20210710_154943 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_154948 by joann masuyer, sur Flickr

Jacques est parti devant, il nous dit a dit au-revoir car il rentre sur Lyon le soir-même. Maurice et Vincent me doublent rapidement, je monte à mon rythme besogneux. Je retrouve Vincent un peu plus loin, au Pras. Il s'est arrêté pour manger un peu. Un peu loin je tombe sur Maurice qui me dit que le village que je vois juste au-dessus (Bousieyas) est le dernier point d'eau avant la cime. Vu la chaleur et le niveau de mes bidons, c'est une bonne idée de faire une pause. Je découvre que c'est aussi un point bière, mais je choisis finalement un célèbre soda américain que j'engloutis vite fait pour ne pas trop traîner. J'apprécie beaucoup les paysages qui s'offrent à moi après le village.

Image20210710_164638 by joann masuyer, sur Flickr

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Image20210710_164650 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_164655 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_175621 by joann masuyer, sur Flickr

J’aperçois Maurice quelques lacets plus haut, mais toujours pas Vincent plus bas. Le camp des Fourches, je monte assez sereinement. Mon pied droit commence à chauffer, il va falloir faire quelques pas. Je pousse sur une centaine de mètres et aperçoit Maurice qui a le même problème que moi. On libère nos pieds, mangeons un morceau et nous nous demandons comment s'en tire Vincent. Puis nous repartons Le col de la Bonette est là, Pierre, venu à notre rencontre depuis Jausiers, nous y attend depuis plusieurs heures. Courageux le copain belge pour sa première rencontre avec la montagne. L'excroissance routière qui passe en cime que je trouve un peu vaine, je choisis de la monter à pied. Sur les flancs sous le monument de la cime, paissent quelques bouquetins.

Image20210710_183154 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_183551 by joann masuyer, sur Flickr

Image20210710_183559 by joann masuyer, sur Flickr

C'est quand même quelque chose d'être là. Je discute un moment avec un garde du parc du Mercantour et il est temps de repartir. Maurice et Pierre sont au col. Vincent est arrivé, il est en train de monter à la cime.

Image20210710_185305 by joann masuyer, sur Flickr

Je pars avec Pierre devant, espérant les attendre au bistrot. Il est fermé, nous continuons la descente. Un couple de cyclistes belges installés devant leur van nous arrête. On discute un bon moment. Vincent et Maurice arrive et nous repartons tous ensemble. A 20h nous arrivons à Jausiers manger un sandwich et dire au revoir à Vincent qui s'en va. Le camping étant complet, nous trouvons un coin pour bivouaquer à la sortie du village. Maurice et Pierre repartent en voiture le lendemain vers leurs domiciles respectifs. Moi, je repars à vélo vers la vallée du Rhône. Mais c'est une autre histoire.


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chelmi
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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par chelmi »

masu39 a écrit : dim. 18 juil. 2021 15:47 Quand le GPS indique 7%, ça donne l'impression d'un répit.
Gasp ! :eek2

Merci pour ce beau récit illustré de superbes photos.


Amicalement,
Michel ALLONNEAU.

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scrat
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Re: Les 7 majeurs de Masu

Message par scrat »

Merci Masu pour cette belle histoire.
Ca respire l'air frais et le minéral à plein poumons.
un bon bol d'air

PS la lumière des images du jour 2 vraiment pas mal du tout


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emilpoe
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Les Sept-Majeurs...

Message par emilpoe »

Salut,

Voilà mon compte rendu de notre rencontre Cyclos-Cyclotes sur la randonnée des Sept-Majeurs.

Les Sept-Majeurs...

Je ne sais plus qui m'en a parlé le premier, sans doute Franck... À moins que ce ne soit Henri qui ai posté un sujet sur Cyclos-Cyclotes.org... Je ne sais plus...
J'ai tout de suite pensé que c'était encore un truc genre "Biking-Man" ou "Race-Across-France" réservé à la pseudo élite de "l'Ultra-Cyclisme"...
Une visite sur le site de l'organisation m'a détrompé. Par contre contrôle et validation devant se faire de manière numérique (Facebook, Strava, etc..) j'ai contacté Patrick Gilles, l'organisateur, pour savoir si sa randonnée était ouverte au cyclo-déconnecté que je suis. Sa réponse affirmative m'a décidé.
Dans un premier temps c'est sur une base de quarante-huit heures en duo avec Franck que le projet naît. Puis via le forum de Cyclos-Cyclotes d'autres personnes sont intéressés, Vincent le montpelliérain, Pierre le bruxellois, Adrien le haut-savoyard et enfin Joann le jurassien.
Rapidement nous nous mettons d'accord sur une version à trois étapes. Nous fixons une date, ce sera les 8 , 9 et 10 juillet...
Franck fera une tentative en vingt-quatre heures dix jours plus tôt.
Adrien renoncera au projet faute d'entraînement...
Début juillet, Jacques, cyclo-sportif lyonnais et ami de Vincent se joint à notre aventure...


Mardi 6 juillet 2021.

Joann arrive en gare de Grésy-sur-Isère, il passera la nuit à la maison. Demain, en voiture, nous rejoindrons Jausiers, point de départ de notre périple...


Mercredi 7 juillet 2021.

Pierre est déjà sur place depuis quelques jours. Belge, il n'est guère grimpeur... Depuis son arrivé il se teste, le Col-de-la-Moutière, le Col-de-la-Cayolle, même s'il est parvenu à gravir ces deux "deux-mille" il est conscient qu'il ne pourra pas se joindre à nous sur la totalité de la randonnée. Il fera se qu'il pourra...
En préparant son vélo Joann s'aperçois que son pneu arrière est en train de rendre l'âme. Le vélociste de Jausiers n'ayant pas ce type d'enveloppe contacte son collègue de Barcelonette pour s'assurer que celui-ci pouvait bien nous dépanner. Dans l’affirmative nous sautons sur nos machines en direction de la sous-préfecture des Alpes-de-Haute-Provence. Durant la descente une voiture immatriculée dans l’Hérault nous interpelle, c'est Vincent, bref arrêt, on se donne rendez-vous au camping...
Sitôt remonté de Barcelonette une bonne averse s'abat sur Jausiers... La météo n'est pas spécialement bonne pour demain soir... On verra bien, de toute façon on y va !...
Jacques n'arrivant qu'assez tard nous faisons plus ample connaissance autour d'un repas dans un restaurant proche du camping...
Notre cyclo lyonnais arrive vers dix-onze heures, brèves discussions, les réveils sont réglés sur cinq heures et demi, on se couche...


Jeudi 8 juillet 2021.

Comme souvent en pareil situation la nuit a été assez mauvaise... Il faut savoir qu'a Jausiers les cloches sonnent deux fois toutes les heures. Curieuse coutume...
Bref, on se lève et chacun se prépare assez rapidement. Le ciel est couvert mais il ne pleut pas et la température est bonne. Durant notre petit déjeuné je reçois un sms d'Henri me demandant de lui préciser l'heure de départ, il envisage de nous préparer un "café-croissants" du côté de Guillestre. Henri, pilier du forum Cyclos-Cyclotes, est un cyclo-local, il connais comme sa poche chaque hectomètre de chacun des cols de la région et a énormément participé à la préparation de cette aventure...
Sept heures passées, c'est parti, cap à l'est sur la D-900 en direction de la Contamine-Chatelard. J'explique à Jacques que, si tout va bien, nous retrouverons cette route en Italie du côté de Demonte...
Jacques est soucieux, il a un problème de transmission, un bruit inhabituel suite a un changement de chaîne. Je le rassure en voyant que c'est son petit plateau qui "retient" la chaîne. Normal, celui-ci ne c'est pas encore rodé à sa nouvelle compagne. Rassuré il s'envole, nous ne le reverrons qu'au sommet...
Je préviens mes camarades que les cinq derniers kilomètres du Col-de-Vars sont assez raides, plus de 8% de moyenne, donc inutile d'aller se "cramer" dans la première ascension...
Je dis ça et fais l'inverse, j'accélère. Depuis quelques jours mes genoux sont douloureux, vont-ils tenir ?
J'arrive au sommet rassuré, Jacques est là depuis déjà pas mal de temps. Le cyclo-lyonnais est une sorte de mobylette, plutôt habitué aux cyclo-sportives ou au raids type Tour-du-Mont-Blanc. Avec des gars comme nous il est un peu en "mode récupération".
Vincent et Joann arrivent assez rapidement.

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Col-de-Vars, et de un...

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Joann en termine...

Avec Joann, licencié à la FFCT, nous profitons des Sept-Majeurs pour valider un Voyage-Itinérant. Il faut donc un coup de tampon sur notre carnet de route pour prouver notre passage ici. Le sympathique patron du bistrot du col s’acquittera de cette tâche avec brio !..
Dehors, une personne vient à nous avec un grand sourire, Henri, il est là depuis un moment. Salutations, poignées de mains,... C'est toujours curieux de rencontrer quelqu'un que l'on ne connaît que virtuellement. Le courant passe tout de suite...
Pierre arrive enfin, il est monté à son rythme, il a l'air bien.
Henri à amené le café et les croissants, on mange, on discute, on fait des photos,... Bref on traîne facilement quarante minutes. Tans-pis, nous ne sommes pas là pour battre des records mais pour être ensemble !...

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Café & croissant avec Henri...

Nous retrouverons une dernière fois Henri dans la descente lors d'un des nombreux arrêt photo...
Pierre décide de rester avec nous ce soir mais sans gravir l'Izoard, il va filer vers l'est le long du Guil puis monter à Saint-Véran, plus haute commune de France, et rejoindre la fin de notre première étape à Pierre-Grosse, sur les pentes du Col-Agnel. La séparation se fait à Guillestre...
Quant à nous, c'est direction Briançon sur la roulante N-94 le long de la Durence. Tout à l'heure Henri m'a confirmé la présence d'une boulangerie à Saint-Crépin, en s'engageant sur la route d'accès j'entends un bruit inquiétant derrière moi, le sac arrière de Joann vient de se détacher !... Plus de peur que de mal, durant nos achats notre cyclo-jurassien a tôt fait de reficeler son paquetage...
La circulation sur la nationale est intense mais n'est pas trop gênante, les automobilistes et autres routiers sont habitués aux vélos.
Les trois kilomètres de côte d'Argentière-la-Bessée "piquent" un peu. À Saint-Martin-de-Queyrières, sur les conseils d'Henri nous optons pour "la Route-des-Espagnols", la D-136, pour rallier Briançon de manière plus tranquille.
Dans la ville la plus haute de France, Jacques refait le plein de victuailles dans une boulangerie. À l'ouest, le ciel se charge de plus en plus et il semble pleuvoir sur le massif des Écrins...
La route du Col-de-l'Izoard est rapidement prise, il est convenu de faire une "pause casse-croûte" dès que possible. Jacques s'envole...
Les quatre kilomètres de côte à 6% pour sortir de la ville donnent accès à un long faux-plat montant.
Au bout d'une dizaine de minutes la pluie se met à tomber. Jacques est devant, Vincent et Joann derrière... N'attendant pas d'être mouillé j'enfile rapidement ma cape ...
À Cervière, véritable départ de l'ascension, Jacques à pris possession de l'abri-bus. Je pose mon poncho et change de maillot. La particularité de la cape est que l'on est autant mouillé dedans que dehors à cause de la transpiration mais on reste au chaud et les jambes, le bassin et les sacoches restent à l'abri.
Joann puis Vincent arrivent à leur tour. Nous cassons la croûte.
Vincent ne parait pas au mieux, soucis digestif... Un pause café plus confortable au tout proche Hôtel-d'Izoard est faite... La pluie redouble...
Dès la route reprise Jacques file. Je lui dis que nous ferons halte au Refuge-Napoléon pour valider un BPF-BCN, je ne sais pas s'il m'a entendu...
Les deux premier kilomètres ne sont pas très raides, 7%, mais à partir du Laus la route se stabilise sur un bon 8,5%. Chacun règle sont allure, il faut s'économiser car la journée est loin d'être terminée : La fin d'étape est prévue dans trente-cinq kilomètres au camping de Pierre-Grosse à près de 2000 mètres d'altitude...
Au refuge, la bicyclette de Jacques n'est pas là. À l'intérieur le poêle ronfle et réchauffe déjà quelques cyclos. Une bière, un orangina et un coup de tampon pour valider mon passage... Je profite de l’étendage près du foyer pour faire sécher mon maillot. Joann arrive. Je guette Vincent par la fenêtre...
Le cyclo montpelliérain arrive mais ne ne souhaite pas profiter de la chaleur du refuge...
À ce moment là, bien qu'il pleuve toujours, on dirait qu'une légère accalmie arrive. Nous repartons ensemble pour gravir les derniers hectomètres du col...
La pente est moins raides et la vue sur les derniers lacets parcourus est superbe. Malheureusement l'amélioration espérée est annihilée par l'arrivée de gros nuages gris et rapidement la pluie se transforme en neige fondue !...
Au col quelqu'un nous interpelle, c'est Jacques qui attend depuis un bon moment. Il est gelé, il a enfilé toutes ses affaires pour essayer de se réchauffer.

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Jacques & Vincent au Col-d'Izoard, et de deux...

On se couvre au maximum, une tentative de photo et nous plongeons dans la descente ! Jacques et Vincent partent devant, je reste avec Joann...
La route est ruisselante d'eau et même par endroit de boue. Les freins ne répondent que très mal. La remontée de la magnifique Casse-Déserte est un supplice pour nos cuisses, pas le temps de s'arrêter pour une photo.
La descente jusqu'à Avrieux est dantesque, la pluie ne faiblit pas, la pente est énorme et le freinage quasi-inexistant !
Vincent nous fait signe, il s'est abrité dans le sas d'un bistrot fermé. Frigorifiés nous nous arrêtons quelques instants...
Mais il faut repartir, quitter cette vallée envahie par le mauvais temps. Peu de temps après c'est un nouvel arrêt, c'est Jacques qui, ne nous voyant pas arriver, remonte. Nous repartons tous les quatre...
Au carrefour du fond de vallée direction Château-Queyras. Pas le temps d'aller visiter cette jolie petite cité, nous continuons sur la D-947 jusqu'à Ville-Vielle, départ de l'ascension du Col-Agnel.
Là un abri-bus nous accueil...
Il pleut toujours mais l'altitude est maintenant inférieure à 1400 mètre et la température est supportable. À l’unanimité nous décidons qu'il est hors de question d'aller dormir au camping, il faut trouver un gîte. Jacques a réservé au hameau du "Coin", au Chalet-Génépy. Vincent contact l'hébergeur pour voir s'il peut nous recevoir pour la nuit, à sa mine réjouie Joann et moi comprenons de suite qu'un bon lit nous attend ce soir !...
Mince ! Et Pierre ? On l'appelle. Il a pris une bonne averse du côté de Saint-Véran et parait ravi de ce changement de programme.
J’envoie un sms à ma compagne et laisse un message sur le répondeur d'Henri et nous repartons.
Comme d'habitude Jacques part en tête, nous ne le reverrons qu'au gîte, puis Joann qui grimpe de mieux en mieux, Vincent et moi fermons la marche.
Tout doucement la pluie cesse, le ciel redevient même bleu par endroit laissant apparaître quelques sommets blanchis. Je garde ma cape un moment afin quelle sèche puis roule un peu en maillot et une fois à peu près sec j'enfile mon coupe-vent car avec l'altitude la température baisse de nouveau.
À Molines-en-Queyras je rejoins Joann et la traversée du village se fait à trois. Non pas avec Vincent, qui à du s'arrêter prendre quelques photos, mais avec un sympathique chien qui nous accompagnera jusqu'à la sortie du chef-lieu.

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Vincent...

À Pierre-Grosse, trois kilomètres plus loin il nous faut trouver le hameau du "Coin". Bien évidement, c'est le plus haut. La route qui serpente entre les chalets est maintenant très raide, un bon 10-12 %. Joann met pied à terre, je pars devant et Vincent questionne les quelques piétons que nous croisons. Le gîte est finalement assez simple à trouver, c'est la maison du sommet...
Pierre et Jacques sont là...
On passe quelques coup de fil, Pierre, qui est arrivé le premier, nous conduit à nos dortoirs. Nos affaires sont mises à sécher et après une bonne douche nous nous retrouvons autour d'une bonne bière puis d'un bon repas.
Demain matin il faudra partir tôt, le gérant va nous préparer de quoi faire un petit déjeuné copieux.
Après avoir réglé un addition tout à fait correct, environ 45€ chacun, le réveil est réglé à cinq heure et demi et c'est "l’extinction des feux"...

123 kilomètres pour 3480 mètres de dénivelée.


Vendredi 9 juillet 2021.

À cinq heure et demi, le réveil me réveil, ce qui veut dire que la nuit à été bonne. Un œil à la fenêtre, le ciel est totalement dégagé, il va faire beau !...
Préparation des affaires, rangement de la chambre, révision rapide des machines, petit déjeuné, etc... Nous ne partons qu'à sept heure et demi... C'est le gros soucis quand on cycle à plusieurs, les pauses, les retards, les arrêts, tout s'additionne voir se multiplie...
À Fontgillarde, deux kilomètres après Pierre-Grosse, les pare-brise des voitures que nous croisons sont couverts de givre ! Vincent nous annonce un -2°C !...
Le paysage est magnifique, la route suit le fond de vallée où serpente le Torrent-d'Agnelle. Le versant opposé reçoit déjà les rayons du soleil et les premiers cris de marmotte se font entendre.
Soudain la route se cabre, un bon 10% sur plus de cinq-cent mètres. Les sensations sont bonnes, je file...
Le soleil nous donne enfin rendez-vous dans une légère courbe à l'occasion d'un replat, l'endroit idéal pour une première pause. Derrière nous, tout au fond, trône le massif des Écrins...

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Le soleil, enfin...

Après s'être débarrassé de nos vêtements chauds tout le monde repart... La route s'attaque maintenant au fond de vallée, au "verrou glacière", la pente se stabilise sur un bon 8%. La chaussée est en bon état, la circulation est très faible, le décor est grandiose, le temps radieux et les jambes tournent bien !...
Avec Jacques nous arrivons au niveau du Refuge-d'Agnel. Je vais voir si il y a moyen de boire un café et d'attraper un coup de tampon pour nos carnet de route. Après avoir vainement chercher l'entrée, une fenêtre s'ouvre et un employé me dit que non, il n'y a pas de tampon et qu'éventuellement il peut nous servir un café mais en terrasse car il fait le ménage... Ce gars a envie de nous servir comme moi d'aller me faire pendre. Ciao bonhomme !...

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Vincent & Joann...

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Puis Pierre...

Nous repartons.
Les deux kilomètres et demi restants sont sublimes, le soleil inonde maintenant toute la vallée. Joann, Jacques et moi arrivons ensemble au sommet, le versant italien est encore plus beau ! Quel magnifique col, à 2744 mètres c'est le plus haut de notre périple, un des trois plus haut des Alpes !...

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Col-Agnel, et de trois...

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Jacques et sa sacoche...

Vincent et Pierre arrivent à leur tour. Notre ami bruxellois décide de ne pas basculer en Italie, il va rejoindre Jausiers par Guillestre et le versant nord du Col-de-Vars. Demain il viendra à notre rencontre du côté de la Bonette.

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Vincent & Pierre en termine...

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Heureux...

Après un petit grignotage, quelques photos, un ou deux appels téléphoniques les tenues chaudes sont enfilées et c'est le plongeons chez nos voisins transalpins.
Moins d'une minute plus tard, la sacoche de selle de Jacques menace de se défaire, je m'arrête à ses côtés et nous la retendons. Le "bike-packing", c'est vrai que c'est légèrement plus léger, mais alors quelle galère chaque fois qu'on a besoin de quelque-chose...
Au premier hameau italien, Chianale, nos carnets de route reçoivent enfin leur coup de tampon. Vincent est en admiration devant la beauté de ce village typiquement montagnard. En le visitant, il nous dégotte une alimentation nous permettant de nous ravitailler pour la journée.
Après une courte pause touristique la route est reprise : Pontechianale, le barrage de Castello puis la descente vers Casteldelfino...
Tout à coup Jacques "talonne" de la roue arrière, la crevaison est immédiate. Vincent et Joann sont devant, ils n'ont rien vu, ils filent...
La réparation ne dure qu'une dizaine de minutes auxquelles il faut en ajouter dix autres pour re-remplir, re-fixer et re-tendre cette fichue sacoche de selle...
Après avoir rejoint nos compagnons qui nous attendaient à Casteldelfino nous roulons sur Sampeyre...
Sampeyre, petit bourgade italienne au pied du col du même nom... Le Colle-di-Sampeyre... Depuis le départ je crains cette ascension... Seize kilomètres à plus de 8,5% de moyenne sans un répit sur une route en très mauvais état...
Une séance grignotage, le plein des bidons et c'est parti pour au moins deux heures de montée...
La chaîne de ma randonneuse se cale sur un braquet assez court, 2,35 mètres, la cadence se règle sur un 7,5 kilomètres par heure, je devrais pouvoir la tenir jusqu'en haut...
Joann, parti devant et rejoint vers la première épingle. Jacques me passe vers le quatrième kilomètre... Les jambes vont bien mais il ne faut pas oublier qu'il reste un troisième col à franchir ce soir...
Les jambes vont bien mais mes pieds me brûlent, au dixième kilomètre il me faut faire une pause pour me déchausser et marcher un peu. J'en profite pour m'alimenter.
Même si la pente ne faibli pas, les kilomètres restants sont beaucoup plus agréables. Avec l'altitude il fait moins chaud puis la route quitte la forêt de mélèzes et la vue s'ouvre enfin sur un paysage agréable...
Le sommet n'a rien d'extraordinaire, c'est plus un "passage en crête" qu'un col. Une espèce de monument relativement laid trône au bord de la route.
Jacques est bien sûr là depuis un bon moment...

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Colle-di-Sampeyre, et de quatre...

Tout en m'envoyant le bout de saucisson et les tranches de mortadelle achetés ce matin à Chianale je me déchausse et marche un peu pied nus...
Face à moi, vers le sud, deux vallons, l'un vers l'est, celui de Stroppo, l'autre vers l'ouest, celui d'Elva. Au fond, une chaîne de montagne barre l'horizon... Je me demande par où nous allons la franchir tout à l'heure... Où es-tu caché Colle-Fauniera ?...
L'arrivée de Vincent puis de Joann me sort de mes rêveries...
Mes camarades mangent un morceau mais vu que Joann n'a plus rien à boire nous ne tardons pas...
Autant la montée n'a rien d'extraordinaire, autant la descente est splendide. Dans les premiers kilomètres la route semble posée en équilibre sur la ligne de crête séparant les vallons de Stroppo et d'Elva. Tantôt à droite, tantôt à gauche, slalomant entre prairies et précipices ! Étonnant relief !...
Après quelques pauses photographique la chaussée s'engouffre dans la forêt jusqu'à Stoppo et ses églises...
À Bassura-di-Stroppo un bar-alimentation s'offre à nous.
Installés à un table nous passons commande, un charmant jeune serveur s'occupe de nous, il parle un français correct, n'a de cesse de nous remercier et de nous dire qu'il "aime la France" ! On rigole un peu mais je dois reconnaître qu'il est hyper-accueillant et très efficace.
L'heure tourne, Vincent qui a réservé pour le repas de ce soir à Demonte appelle le restaurant pour prévenir que nous ne seront pas là de bonne heure...
Trois kilomètres et demi de faux-plat montant nous séparent du départ de la dernière difficulté de la journée.
À Ponte-Marmora nous laissons la route principale et bifurquons à gauche en direction de Marmora. La route se cabre tout de suite. Les vingt-deux kilomètres d'ascension commencent par longer la rivière. La chaussée est plutôt belle, quelques passages de tunnels, quelques ponts puis enfin la vallée s'ouvre et le village de Marmora se présente à nous. Là, il faut laisser la route principale à droite et filer en direction du Colle-D'Esischie, voisin du Colle-Fauniera notre objectif...
Un peu en avance, au croisement j’attends mes camarades en marchant un peu, mes pieds me brûlent toujours...
L'heure tourne et Jacques ne veut pas être en retard à son gîte. On se salue et se donnons rendez-vous à six heures et demi demain au camping de Demonte...
La mobylette s'envole...
Vincent est en forme, il prend la tête de notre trio. Comme moi, Joann souffre des pieds et descend souvent de sa bicyclette pour marcher un peu.
Durant la première partie de la montée je joue un peu au "chasse-patate" entre mes deux compagnons.
Au tiers de l'ascension Vincent me signale que mon garde-boue arrière est en train de se faire la malle. Effectivement, la vis du pontet se desserre...
Je pose mes sacoches, mes bidons, enlève la roue arrière et reserre la vis en question. Je remonte le tout et repars à bonne allure pour rattraper mes deux amis.
Soudain, un raidard se présente à moi, je devrais plutôt dire un mur car un raidard se passe à vélo, là il me faut mettre pied à terre... À peine un kilomètre plus loin, un autre, puis encore un autre, etc...
Ces "murs" sont de grosses ruptures de pente sans doute dues à d'anciens glissements de terrain. S'il peuvent atteindre et même dépasser les 20%, ils ne mesurent que rarement plus de quelques décamètres de longueur. Ils sont étalés sur quelques kilomètres entre 1700 et 1900 mètres d'altitude.
Dès que la route sort de la forêt elle redevient "normale". Ayant dans un premier temps repris Joann je rejoins Vincent un peu avant l'attaque du verrou-glacière.
Un petit arrêt pour soulager mes pieds et manger quelques fruits-secs permet à Joann de repasser devant moi. En contre-bas de la route, des bergers rassemblent leurs troupeaux. Cent mètres devant moi, Joann passe à la hauteur d'un d'entre eux, j'entends l'italien dire quelque chose et mon camarade rigoler... Quand à mon tour j'arrive à la sa hauteur, le jeune berger me propose "una grappa !" À mon tour je rigole en saluant ce sympathique autochtone!...
Depuis quelques kilomètres un magnifique paysage superbement éclairé par une belle lumière de fin d'après-midi s'offre à nos yeux.
Après avoir rejoint Vincent qui c'est arrêté pour un séance photo, nous grimpons un moment tous les trois ensemble...
Vers l'ultime épingle le cyclo montpelliérain a besoin de refaire le plein de calories, je l'attend... Joann, le jurassien-volant en profite pour s'échapper.
Il arrive au Colle-d'Esischie une centaine de mètre avant moi, Vincent est juste dérrière à quelques encablures.
Au sommet, un bloc de pierre avec une plaque à la gloire du grand Fausto Coppi est là sur le bord de la route. Sur la plaque, des pierres sont empillées, j'ajoute la mienne à ce kern...
Un kilomètre plus loin, un autre col, le Colle-del-Vallonetto... Encore cinq-cent mètres et la statue du pirate Marco Pantani est atteinte, elle symbolise le Colle-Fauniera, troisième de la journée...
Il est huit heure et demi du soir et le brouillard s'installe...
Une petite photo devant la stèle puis on se prépare à une longue descente de plus de vingt-cinq kilomètres vers Demonte.

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Colle-Fauniera, et de cinq...

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Vincent en termine...

Quelques minutes plus tard, un croisement. Là, à droite, l'accès au Colle-Valcavera distant d'une bonne centaine de mètres. Après une légère hésitation, Vincent s'y engage, nous le suivons, il serait dommage de rater un 2000 si proche !...
Une photo au col et nous reprenons notre descente Vincent en tête, moi puis Joann.
Après quelques kilomètres le cyclo jurassien a prit un tel retard que nous sommes obligé de stopper pour l'attendre. Je ne pense pas vexer Joann en disant qu'il n'est pas un grand descendeur...
Nous repartons. Vincent toujours devant et moi en "serre-file" jusqu'à l'entrée de Demonte où je passe en tête car il fait maintenant nuit et seule ma randonneuse est équipée d'un phare...
Au centre-ville, nouvel appel au restaurant pour se faire indiquer l'accès. Non loin de nous, un bar de jeunes inonde la quartier d'une sorte de musique binaire bien loin des sept (accords) majeurs...
Depuis un moment, je ne me sens pas bien, je voudrais m'allonger et dormir...
Vincent a localiser notre destination sur son smartphone. Mes deux camarades mettent leur lampes frontales en action et nous filons. Quatre kilomètres plus loin nous sommes devant le restaurant.
Je suis mal et fébrile, je compte sur une bonne bière pour me rétablir... Mais rien y fait, impossible d'avaler quoi que ce soit...
Pendant le repas, les gérants de l'établissement ne parvenant pas à joindre le camping de Demonte finissent par nous réserver un emplacement à celui de Forani, deux kilomètres plus loin.
Mon état ne s'arrangeant pas, je demande au patron s'il lui reste des chambres, sa réponse est oui. Mes compagnons iront au camping si ils veulent, moi je ne bouge plus.
Vu que la tente est dans ma sacoche, je la décroche et la donne a mon ami montpelliérain... Seul devant l'hôtel je regardes mes deux camarades s'enfoncer dans la nuit...
Rapidement je règle mon addition, demande un petit déjeuner très tôt, cinq heures et demi, range mon vélo au garage et rejoins ma chambre...
Curieusement, une fois ma douche prise la faim me prend, une vrai faim, une bonne faim. Je fouille ma sacoche et en sort de quoi faire un bon casse-croûte : Du pain, quatre tranches de coppa, un demi saucisson et un demi paquet de Tuc.
Je me couche rassasié et rassuré pour demain, ce n'était qu'un léger problème digestif...

136 kilomètres pour 4160 mètres de dénivelée.


Samedi 10 juillet 2021.

À cinq heure et demi la réveil sonne, la nuit à été courte mais bonne. Je me prépare, charge mes sacoches et file prendre mon petit déjeuner.
Il est six heures et quart, après une rapide révision de ma randonneuse, la route pour Demonte est prise pour "récupérer" Jacques avec qui nous avions rendez-vous au camping...
Un premier message de Vincent me demande quel est mon état, la réponse est "nickel" !
Les dix minutes d'attente devant le camping sont misent à profit pour ranger un peu ma sacoche de guidon. Un second sms m’avertit que Jacques est prévenu et que je peux rejoindre mes amis.
Vingt minutes plus tard me voilà à Forani. J'en profite pour plier ma tente et raccrocher ma sacoche. Jacques arrive lui aussi...
Vincent semble en forme mais Joann à la tête de quelqu'un qui n'a pas beaucoup dormi. Une fête de motards teutons aurait quelque peu gêné son sommeil...
Ce n'est pas encore ce matin que nous partons tôt, il est sept heures et demi quand enfin la direction de Pratolungo est prise...
Arrêt près de Vinadio, la petite ville du coin, après un examen de nos sacoches en vue d'une évaluation du reste de victuailles en notre possession il n'apparaît pas nécessaire de faire des courses.
Pratolungo marque le début des vingt kilomètres d'ascension vers le Col-de-la-Lombarde. Notre jurassien volant part devant.
Pour quitter le fond de vallée, la route s'élance dans une impressionnante série de lacets que nous gravissons à trois tout en discutant...
Me sentant "en jambe", j'accélère un peu pour rejoindre Joann quelques kilomètres plus loin.
Une pause, ou devrais-je dire "une pose" d'allègement est nécessaire à mon camarade. Je continu seul...
La route longe maintenant un splendide torrent tumultueux au fond d'une vallée assez encaissée et très minérale. Entre deux paires d'épingles la chaussée change de versant. J'aperçois au dessus de moi l'endroit où le soleil vient enfin caresser la route, je décide d'y faire une pause...
Pal mal de cycliste passent, beaucoup en vélo "à poil", quelques sacochards, tous me saluent...
Jacques et Vincent arrivent enfin. Ils n'ont pas vu Joann, je vais attendre encore...
Dix minutes plus tard le voilà. Nous finissons ensemble la fin de la première partie de l'ascension et c'est un regroupement avec vincent et Jacques sur le faux-plat marquant le milieu du col...

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Vincent & Jacques...

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Un jurassien volant allègé !...

Pas mal de motos, de voitures, beaucoup de piétons et dans l'ensemble tout ce passe bien et de manière cordiale.
Sur le versant ouest trône l'imposant Sanctuère-de-Santa-Anna-de-Vinadio. Beaucoup de monde va le visiter.
Curieusement, la route du col s'attaque au versant opposé en déployant une nouvelle série de lacets. Habituellement pour franchir un col la route file au fond de la vallée puis gravit le verrou glacière, à la Lombarde, non, elle grimpe un versant puis longe celui-ci "en balcon" jusqu'au col.
Nous roulons un moment à quatre puis Joann, qui s'améliore de jour en jour, passe à offensive. J'attends un peu et ne résiste pas au plaisir de le suivre.
Quelques kilomètres plus loin, parvenu à le rejoindre, je passe en tête à mon tour. Après avoir pris un peu d'avance, un arrêt pour m'alimenter un peu et pour me dégourdir les pieds est fait. Joann repasse...
Rassasié, je repars. À la sortie de la forêt la pente se fait plus douce. Quelques hectomètres devant moi mon compagnon est en point de mire. La liaison s'opère à deux kilomètres et demi du sommet près d'un petit lac. Petit à petit le cyclo jurassien se laisse décrocher...
Soudain face à moi un groupe d'une dizaine de cycliste uniformément "déguisés" descend à tombeaux ouverts, l'un d'eux me frôle, c'est l'équipe Cofidis qui s’entraîne dans le coin.
J’abats les dernières longueurs à vive allure, déposant même un cyclo-carboné qui pointait le bout de son vélo dans mon rétroviseur, non mais !...
En haut, c'est comme d'habitude le samedi à cette heure là dans ce type de col, la cohue. Je me cale un peu à l'écart et me signale à Joann qui en termine.

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Col-de-la-Lombarde, et de six !...

Il repère de suite une espèce de "snack" où il s'offre un soda. À ce moment là, sa seule idée est de se débarrasser de sa tente, qu'il juge trop encombrante, en l'envoyant par colis chez lui. Il ne souhaite donc pas tarder et veux filer de suite au premier bureau de poste...
Nos deux compagnons arrivent alors. Vincent est heureux que son ami lyonnais ai fait toute la montée à ses côtés. Nous buvons un coup tous les deux au snack, tranquillement en savourant bien l'instant. Jacques et Joann filent...

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En savourant bien l'instant...

Après une dizaine de minutes nous basculons en France. Vincent est pour une fois derrière. Assez rapidement je m'arrête, la route est un véritable tobogan et ayant envie d'en profiter un peu j’ôte ma casquette pour ne pas la perdre. Vincent arrive en grimaçant, il vient de se faire piquer par une abeille à la cuisse. J'enlève le dard et nous repartons.
Quatre kilomètres plus bas la sympathique station d'Isola-2000 est traversée au ralenti, un œil à droite, un œil à gauche, à la recherche de nos deux compères... Visiblement il n'y a pas de poste ici, nous filons pour quinze kilomètres de roue libre...
La seconde partie de la descente est à mon goût, hyper technique avec un très bon revêtement, je me prend au jeu et parfois me mêle à quelques groupes de motards...
Nous arrivons en bas avec un immense sourire, la Lombarde n'est peut-être pas le plus beau des sept cols (quoi que) mais c'est incontestablement la plus belle descente !...
À Isola, sur la porte du bureau de poste il est noté qu'elle est fermée le samedi... Direction le centre-ville où rapidement nous retrouvons nos camarades attablés à la terrasse d'un bistrot.
Joann semble s'être fait à l'idée de conserver sa tente jusqu'au bout...
La commande est passée, pour moi ce sera une bière et un "panini-montagnard", ben voyons... Du pain avec un truc assez indéfinissable à l'intérieur... Bref, encore un cochon qui est mort pour rien...
Cent mètres plus loin la fontaine remet nos bidons à niveau et c'est la remise en selle avec comme objectif la Cime-de-la-Bonette quarante kilomètres plus loin...
La très roulante M-2205 est empruntée. Vincent et moi tentons quelques instants la piste cyclable longeant la route. Toujours le même soucis avec ce type de voie, elles ne sont pas droites, pas régulières et à chaque croisements il faut s'arrêter et relancer... À la première occasion nous revenons sur la route...
À l'entrée de Saint-Étienne-de-Tinée une grosse côte nous surprend un peu. Nous faisons une halte dans cette petite et charmante citée en quête d'un coup de tampon pour nos carnet de route.
Jacques, qui doit rentrer su Lyon ce soir, va faire la montée de la Bonette à son rythme. Nous nous saluons. Dès les premières rampes nous assistons au décollage de la mobylette ! Ciao Jacques, ravis d'avoir pu cycler en ta compagnie !...
Durant les cinq premiers kilomètres la pentes reste en dessous de 5% puis se fixe à un 7% tout à fait supportable...
Vincent reçoit un message de son fils lui disant que la Bonette n'est après tout qu'on long faux-plat montant...
La route suit le fond de vallée pendant pas mal de temps sans réellement donner l'impression de prendre de l'altitude. Il faut attendre d'apercevoir le village de Bousieyas pour qu'elle se décide à attaquer la pente. Je fais un arrêt dans le premier lacet pour manger un peu et pour me déchausser car mes pieds recommencent à me brûler...
Joann passe, il me dit que Vincent à fait une pause plus bas. Je lui crie de ne pas rater la fontaine du village car c'est la seule de la montée.
Rechaussé, je reprends l'ascension. Dans Bousieyas mon collègue a trouvé la fontaine. Le niveau de mes bidons est refait et la route est rapidement reprise. Joann fait une halte au bar pour s'offrir un soda...
La partie qui suit est la plus belle. La chaussée s'élève en lacets et la vue prend rapidement de la hauteur. Là-haut on distingue maintenant sur la crête le passage du Col-de-la-Bonette. Puis plus à droite, la cime du même nom malheureusement balafrée par une route inutile, irrémédiablement défigurée par l'imbécilité de quelques "ingénieurs" cherchant à battre un pseudo record d'altitude... Navrant...
Je refais un arrêt autour des deux-milles mètres profitant d'un cyclo-sportif en perdition, en "manque de watt" comme il m'a sérieusement dit. Je discute un peu avec lui, lui montre ou est le col, le rassure... Il finit par repartir.
Après quelques minutes, je repars également sans toute fois parvenir à retrouver mon rythme... Le léger replat du Camp-des-Fourches me fait du bien. Mais à peine deux kilomètres plus loin, alors que la route contourne une sorte de crête la pente passe d'un sympathique 6,5% à un sournois 10% le tout arrosé d'un terrible vent de face ! Ouch ! Je passe en force les quelques hectomètres battu par Éole puis je m'arrête, vidé... L'homme au marteau aurait-il frappé ?...
Je me déchausse, me masse un peu les pieds, essaies de m'alimenter un peu...
Joann arrive à son tour... Il fait une pause aussi... Vincent est quelque part, plus bas...
Après quelques instants, je repart à la peine... plus de jus... "manque de watt" comme disait l'autre. Ma chaîne grimpe sur mon ultime pignon, le vingt-sept dents...
Mon compagnon parti deux-cent mètres derrière moi ne peine pas à me rattraper et me dépasse au niveau du Col-de-Raspaillon...
À un kilomètre du Col-de-la-Bonette Joann fait un nouvel arrêt pour mettre son coupe-vent. À mon tour je le dépasse et parviens à raccrocher le vingt-cinq dents, ça va un peu mieux, la proximité du final y est pour beaucoup...
Soudain à cent mètres du col je reconnais la silhouette de Pierre qui vient vers moi à vélo, c'est vrai qu'il devait nous rejoindre ici, j'avais complètement oublier ! Tout cela me donne un bon coup de motivation pour attaquer cette terrible rampe finale !...
Ma chaîne reprend sa place sur le plus grand des pignons, je serre des dents et me lance en danseuse à l'asseau de la pente... Deux-cent mètres, quatre-cent mètres, cinq-cent mètres... Et je dois mettre pied à terre... Le plus dure de la rampe est franchie en marchant et dès que la pente le permet je me remet en selle pour les cents derniers mètres.
Au sommet, quelques motards, un camping-car... Pas beaucoup de monde, il est déjà tard. Joann arrive, il a l'air d'être heureux d'être là...

Image
Cime-de-la-Bonnette, et de sept, le contrat est rempli...

Nous ne tardons pas, Pierre nous attend au col et je m'inquiète un peu pour Vincent... Joann descend par le versant ouest et moi par le côté est histoire d'être sûr de ne pas manquer notre compagnon si il arrive...
Bien vu ! Notre ami montpelliérain est là, à cinq-cent mètres du sommet en train d'en finir ! Je l'encourage et lui dis qu'on l'attend au col.
En bas Pierre est un peu las d'attendre. Dès que Joann arrive, tous les deux commencent la descente. Avec Vincent nous les rattraperons...
pendant l'attente de mon camarade je m'habille chaudement et j’essaie de m'alimenter un peu mais rien ne passe... Ce n'est pas la forme, en plus la température se met à baisser et le vent est assez fort. Je descends quelques dizaines de mètres pour m'abriter...
Vincent tarde, normal, il savoure l'instant...
Cinq minutes plus tard sa tunique bleue dévale la cime, je m'élance et nous partons...
Au Faux-Col-de-Restefond, arrêt pour une ultime photo de la Bonette et de la piste qui rejoint le Col-de-la-Moutière... On reviendra le faire celui-là !...
Nouvelle pause aux casernes de Restefond, Vincent se couvre...
Moi, ça ne va pas, je m'éloigne un peu pour me faire vomir... Sans trop forcer j'expulse les restants du "panini-montagnard" qui occupe mon estomac depuis Isola ! Je jure que ce genre de bouffe, pour moi, c'est la dernière fois !...
Nous repartons...
Même si elle ne vaut pas celle de la Lombarde, la descente est très agréable.
Dans une épingle, Pierre et Joann nous attendent en discutant avec un couple de cyclos en camping-car...
Notre ami belge m'informe que le camping de Jausiers risque d'être plein, il faut faire vite... Connaissant les qualité de descendeur de Joann, je passe en tête et Pierre prend ma roue. Les longues descentes étant plutôt rares dans le plat pays qui est le sien, mon compagnon se cale sur ma trajectoire. Mon petit rétroviseur me permet de savoir où il en est. Il suit et me paraît être très à l'aise... La taille de son sourire à Jausiers est la preuve qu'il a apprécié la descente...
Le camping est complet... Tans-pis...
Vincent et Joann arrivent à leur tour. La décision de prendre un verre ensemble est prise, nous filons au snack-bar près du parking où nos voitures sont garées...
On est bien !...
Pierre aimerait que ça dure, il me propose le Col-d'Allos demain matin mais malheureusement je dois rentrer... Sa bière terminée, Vincent est le premier à nous quitter, il a de la famille près d'ici et ne veut pas arriver trop tard.
Ciao Vincent ! Et à la prochaine à la Moutière ou au Parpaillon !...
Une nouvelle tournée est commandée précédent un copieux repas qui fait du bien à mon ventre...
Une fois l'addition réglée, Pierre et moi quittons nos tenues cyclo et rangeons nos machines. Joann, lui, quitte la région à vélo demain. Ce soir nous allons le suivre en voiture et trouver un endroit pour bivouaquer... Ce soir c'est une nuit "à la dure" comme aurait dit Patrick Plaine...
Le ciel se couvre, nous montons nos tentes...
Tiens... Ma tente, mon bivouac... Je réalise que je ne m'en suis pas servi durant la randonnée... Environs trois kilo de matériel baladé sur plus de trois-cent-soixante kilomètres et plus de onze-mille mètres de dénivelée pour rien... Quand on vous dit que les cyclos sont masos !...
Demain matin, Pierre retournera vers sa Belgique, moi je remonterais vers ma Savoie par la route du corse... Quant à Joann, il repartira à vélo, plein ouest vers la vallée du Rhône pour d'autres aventures...

114 kilomètres pour 3590 mètres de dénivelée.


Le bilan, pour parler comme les comptables...

La machine :
Méral en acier Colombus-SL, modèle Simoun de '88 montée et modernisée par mes soins cet hiver. Souple et maniable en descente, confortable sur le plat et nerveuse en montée, elle à été à la hauteur et à rempli sa mission !

Le parcours :
Très bien, on peut difficilement faire mieux dans la région. Un bémol pour l'obligation de contrôle à la Cime-de-la-Bonette, le col serait plus logique, la Cime n'est qu'un plus qui n'en n'est pas un... On est loin des trois-mille-trois-cent mètres du Pico-Veleta...
Le plus beau col ? S'il faut qu'il y en ai un, pour moi c'est le Col-Agnel.
La plus belle descente ? C'est la Lombarde...
Mais globalement tous les sept cotent entre neuf et dix sur dix !...

L'équipe :
J'avais déjà rouler avec Vincent et il y a peu avec Joann. C'était la première fois avec Pierre et Jacques. Je n'ai pas été déçu et si demain on me propose une randonnée en leur compagnie je signe tout de suite !...

Le meilleur moment :
Sans doute le casse-croûte avec Henri, le sixième laron, au Col-de-Vars... La pause aussi après Fontgillarde en montant Agnel...

Sans oublier un gros remerciement à l'organisateur Patrick Gilles.
Dernière modification par emilpoe le sam. 24 juil. 2021 21:21, modifié 1 fois.



oeil-du-cyclo-73
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Re: Les Sept-Majeurs...

Message par oeil-du-cyclo-73 »

dantesque : bravo
mais ce qui est sur c'est qu'on ne verra jamais le claudio sur ces pentes
fatigué juste à lire le récit

mais
la Bonette n'est après tout qu'on long faux-plat montant... !
Lol !


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