J'ai déjà écrit, et quand on fait quelque chose de ce genre, on fait soi-même (effectivement), on se renseigne (le net fait partie des sources). Il y a un travail de vérification, et le téléphone sert aussi pour contacter et amender. Dire que le travail des auteurs des autres guides est du « pompage » est de la diffamation, cela m'étonne sur ce forum que je trouve correct par ailleurs.
Si je fais ce compte-rendu en espérant que ça n'ennuie pas trop, c'est pour apporter ma pierre à l'édifice en essayant de mettre le point de vue du cycliste. Ma petite expérience, mes erreurs peuvent aussi servir à ceux qui veulent faire ce genre de voyage.
Ces 3 guides qui existent, et le site de Via-Rhôna également, ont une logique Nord-Sud. C'est un peu différent dans l'autre sens.
5ème jour : Je pense que l'entraînement des 4 jours précédents va payer ! Mais, attention ... il y a des pièges !
Départ du camping après avoir chargé l'ordinateur, -je voulais faire ce compte-rendu au fur et à mesure mais cela prend trop de temps. Il est 11 h. Ce camping très correct a un bar-restaurant dont la vue donne sur le Pont. Je trouve une voie belle et large : Est-ce un tronçon de la ViaRhôna en voie d'achèvement ? Non, il se termine dans la boue, puis dans l'herbe : demi-tour. Cette portion doit encore être en projet dans les cartons.
Il faut franchir le pont, un barrage, puis passer de l'autre côté. On aperçoit une carrière à cet endroit.
En passant une fois de plus le fleuve, des dames promenant leurs chiens m'indiquent une voie le long d'un canal. "C'est tellement joli ! disent-elles". Un coup d'oeil à la départementale et aux voitures qui passent et zou ! Cygnes, hérons cendrés, effectivement, c'est super. Mais à pied ! Elles n'y ont jamais fait de vélo. C'est caillouteux et ça saute énormément. Puis arrivée à Roquemaure, je croise un cycliste qui va travailler et qui me conseille néanmoins de continuer encore tout droit, ça devient meilleur et c'est la bonne direction.
Je roule, je roule.
A Caderousse, je m'arrête sur la place. Je sors réchaud, casserole, eau. Et je fais des coquillettes-sauce tomate-basilic, qui me semblent un vrai délice. Une bière au bar, et je repars.
Je roule, je roule.
Au cours de cette journée, il y a des indications qui défilent, sympathiques, Château-neuf-du-Pape, Mornas, d'autres moins inspirantes, Marcoule, Triscastin, Pierrelatte ...
C'est aussi sur ce tronçon, où je fais une portion de la N7, (des voitures, des camions ...) qu'un cycliste dérange manifestement. ça va vite et je n'ai pas envie de fredonner.
Je roule, je roule. Vivement que ce tronçon se finalise en Piste verte.
Après Bourg-St-Andéol, la piste est toute belle. Mais une voie gravillonnée, à côté, où doivent passer des voitures laissent gravillons et cailloux projetés sur la piste cyclables. Par 2 fois, je manque glisser dans un virage, et les cailloux sont désagréables sous les pneus.
Mais, je roule, je roule.
Je voudrais atteindre Montélimar.
Quand, après un virage, une bosse en forme de dos de dromadaire me surprend. J'appuie sur les pédales. Trop tard ! Vélo trop lourd ! Le vélo stoppe avant d'avoir pu passer la roue avant au sommet de la bosse. Le vélo recule. Je pense maitriser la marche arrière. Non ! Je freine. Trop tard. Vélo en déséquilibre ! Le vélo dérape. Et, c'est la chute.
Je crie un grand coup, de dépit surtout. Je ramasse mes cerises, du sang coule de mon coude gauche. Je repars.
J'arrive à Viviers pas loin. Un bateau de "croisières" est amarré au ponton. Les touristes sont de langue anglaise. Ils font le tour de la petite ville. Un camping-car est déjà en mode nuit sur le quai. J'entre dans la vieille ville. La nuit tombe.
En demandant mon chemin et l'adresse d'un camping, je tombe sur un couple qui me fait entrer pour soigner mon coude. D'après eux pas de camping, ni à Montélimar plus loin. "Il a fermé". Cela m'étonne, mais le carré d'herbes près du camping-car me tentait. Je leur demande de l'eau et j'y retourne. Je plante la tente en bord de Rhône, sans lampe frontale, discrètement, dans la nuit. Je ne dors pas très bien. J'ai mal, la plaie saigne et suinte en se collant au sac de couchage.
Bilan : 95km15, ce n'est pas si mal. Et c'est à cela que je songe sous la tente.
A +
Manouche