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PEROU - BOLIVIE

Séjours au Pérou du 1er avril au 10 avril pour s'habituer à l'altitude
Périple cycliste en Bolivie  : 1 064 Km pour 12 115 m de dénivellées
du 12 avril au 27 avril 2007
Auteurs : Michel Corant (87 Haute-Vienne) pour le récit et Jean-Claude ALLONNEAU (78 Yvelines)

Le Pérou, la Bolivie en vélo, parcours, les photos
Le groupe


VOYAGE SUR L’ALTIPLANO

Il est parfois surprenant qu’un voyage dépende du simple hasard d’une rencontre.
Août 2006, Invités à la concentration des « Diagonalistes » de France, nous avons la joie de retrouver Bernard, l’infatigable randonneur au long court. Heureux de ces retrouvailles, nous nous attardons à évoquer nos sorties 2006 et nos projets pour 2007. Bernard nous informe qu’il a prévu pour avril un voyage « Pérou - Bolivie » en VTT
Gilette, handicapée par une fracture du bassin, (mauvaise chute en VTT) nous annonce très naturellement.
« Voila ce qu’il me faut pour motiver mon retour au vélo »
Ainsi est né, au hasard d’une rencontre ce superbe voyage en Amérique du Sud

PEROU --------- BOLIVIE

 Vaste programme pour deux pays hors du commun, peu ouverts au tourisme occidental, situés sur les contreforts des Andes à des altitudes où le simple déplacement devient problématique pour certains.
Marcel, notre organisateur, homme d’expérience et d’aventure nous a admirablement tracé un itinéraire où le coté aventure, largement présent nous assure une pénétration dans la vie de tous les jours de ces peuples exceptionnels, méconnus (Bolivie) et oubliés de tous. En somme tout ce qui fait, tout ce qui correspond à notre façon de voyager, à ce que nous recherchons pour la réussite et l’intérêt d’un tel voyage.

La-Paz - Bolivie, point de chute de notre périple après un long voyage (36 heures), nous reçoit sans ménagement. Aéroport à 4000 mètres, hôtel à 3800, il n’en faut pas d’avantage pour provoquer les premiers bouleversements physiologiques dans le groupe.
Deux participantes se retrouvent au lit, victimes de ce fameux mal des montagnes.
Capitale administrative de la Bolivie, La-Paz fut fondée en 1548 par le Capitaine Espagnol Alonza DE Mendoza et se voulait à l’époque, la ville de la paix. En réalité le but de cet important relais n’était que stratégique et destiné à l’évacuation vers l’Espagne des importantes richesses minières, argent et étain en provenance de Potosi.
Récupération bien méritée pour certains, premières emplettes pour d’autres et déjà nous avons un aperçu de ce peuple Bolivien. Essentiellement d’origine indienne à 60% de la tribut des Aymaras, 38°/° de métis et 2 °/° de descendants d’esclaves africains transportés en ces lieux par les conquérants Espagnols pour le travail à la mine.
A noter que l’apport de ce contingent d’esclaves fut un échec. L’altitude, le froid et les difficiles conditions de travail eurent vite décimé cette main d’œuvre non aguerrie à un tel régime. Aujourd’hui quelques descendants survivent proches du bassin Amazonien dans des conditions climatiques plus clémentes.
La-Paz nous offre aussi les premiers contrastes avec notre mode de vie occidental. Les coutumes locales et ses couleurs chatoyantes, ses marchés de rue gigantesques où l’on trouve absolument tout ce que l’on désire, nourriture et équipement, nous sommes dans un autre monde et un abîme nous sépare tant sur le plan culturel que dans la vie de tous les jours.
Cette première prise de contact nous promet étonnement, découvertes et nous ouvre les portes d’un très beau voyage.
Dans le but d’obtenir une acclimatation à l’altitude nécessaire à notre périple VTT, cap sur le Pérou par la ligne de bus régulière à la découverte de la culture Inca, ce peuple de bâtisseurs au savoir d’avant-garde reconnu, avait déjà en son temps maîtrisé les techniques anti- sismiques. Aujourd’hui encore, il est impossible de glisser une lame de couteau entre les énormes blocs de pierre de plusieurs tonnes, taillés et assemblés uniquement par angles opposés.

Le Pérou
Avec une population de 23 millions d’habitants, légèrement plus grand que la Bolivie, plus ouvert au tourisme en raison de la beauté et de la renommée de ses sites remarquables, le Pérou fait rêver.
Ce voyage en bus vers Cusco est révélateur de la vie de ce peuple. Nous sommes plongés dans l’ambiance locale, leur vie de tous les jours.
Sans arrêt bien défini, un simple geste au conducteur suffi et le bus stop, femmes ou familles montent et s’installent avec provisions ou les invendus d’un marché. Alors commence ou se poursuit la vente des denrées.
Boissons, repas, pains, viandes fraîches coupées sur place selon la demande, chacun propose ses produits et continue son activité.
C’est aussi la découverte de l’altiplano, immense plaine aride, altitude moyenne 3500 mètres, délimitée à l’horizon par deux chaînes de montagnes parallèles, les Andes et leurs sommets à 6000 mètres
C’est également la difficile existence des paysans, éleveurs, agriculteurs sur de minuscules lopins de terre parfois situés à plusieurs Kms de l’habitation, démunis de l’indispensable. Hommes, femmes et enfants se partagent les tâches dans l’intérêt de la famille, pour la survie, dans l’indifférence la plus totale des responsables du pays.

Cusco : Située à 3400 mètres d’altitude, était sous le règne Inca la capitale de l’empire et le nombril du monde « le Tahuantinsouyo ».
Classée patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, elle renferme à elle seule toute l’histoire légendaire du Perou depuis sa fondation jusqu’à sa colonisation par les Conquistadors espagnols.
Après un long sommeil, cette cité fut tirée de l’oubli par la découverte du Machu Picchu en 1911.
De nombreux édifices Incas, comme la forteresse de Sacsayhuarman, demeurent où l’on peut admirer la technique surprenante de ces bâtisseurs, certains blocs parfaitement ajustés pèsent plus de 15 tonnes. A voir également dans la ville, la pierre à 12 angles faisant référence aux douze premiers souverains de la dynastie Inca.
C’est dit-on la plus belle ville d’Amérique du Sud.
Majestueuse, avec son architecture d’inspiration coloniale, c’est une ville fière de son passé et ouverte sur l’avenir. On y trouve une ambiance prospère, proche des grandes villes modernes, très loin du mode de vie de l’Altiplano et de ses rudes conditions d’existences.
Traditions et mode de vie à l’occidental forment le curieux mélange d’une population partagée entre deux mondes, l’ancien et le moderne.

Le Machu-Picchu : Visiter Cusco et ne pas voir ce site remarquable serait incohérent…..
C’est d’abord le voyage en train (seule voie d’accès) et son terminus en gare de AguaCaliente.
Par voie unique, longeant le fleuve Urubamba tout au fond d’une vallée, ce voyage à lui seul nous permet de découvrir une magnifique vallée dans un écrin de verdure, bordée de pics étincelants.
Situé à 2400 mères et découvert par un américain, nommé Hiram BINGHAM le14 juillet 1911, cet ensemble harmonieux de constructions de pierre, en terrasse sur 1 Km de long demeure encore aujourd’hui l’un des plus beau site archéologique de la planète.
Situé sur une falaise de 400 mètres dominant le fleuve Urubamba, l’utilité d’un tel ensemble de constructions divise encore les historiens.
S’agissait-il d’un poste militaire avancé ?
D’un monastère ?
D’une prison ?
D’une base de replis ?
A ce jour, la question est encore enfouie dans les énormes murs de pierres si joliment empilés ainsi que dans le savoir des historiens.
Une certitude, classé patrimoine mondial de l’humanité, l’UNESCO souhaite règlementer l’accès de ce sanctuaire dans le but de le protéger, alors que le gouvernement Péruvien, pour des raison de finances, 80 % de ses devises, entend bien continuer l’exploitation de cette manne financière, au risque de détériorer à jamais cette merveille mondiale.

Visiter la Vallée Sacrée des Incas est également une nécessité touristique, même par temps de pluie…..
Placée entre Pisac et Ollontayambo, poste miliaire verrouillant la vallée d’Uurubamba, c’était un lieu privilégié de villégiature pour les gouvernants de Cusco en raison de ses qualités géographiques et climatiques.
Cette vallée fertile fortement peuplée, était également à l’origine de la culture du mais et le meilleur du royaume.
Ses magnifiques terrasses, à flan de montagne, parfaitement conservées de nos jours et la complexité des réseaux d’irrigation, témoigne de l’étendue des cultures, ensemble agricole nécessaire et indispensable à l’approvisionnement du peuple Inca.
En raison de l’aridité des hauts plateaux, peu propices à la culture du maïs, 600 000 hectares de culture en terrasses occupaient les endroits fertiles sur tout le royaume incas.
Vallée stratégique, ce fut aussi un haut lieu de la résistance incas contre les Conquistadors, Manca Inca infligea aux troupes d’Hermando PIZZARO leur plus cuisante défaite.

Cusco – Puno Toujours en car régulier sur les lignes péruviennes, ce voyage sur l’altiplano nous montre des paysages toujours aussi sauvages, captivants et difficiles à la vie des paysans.
Puno Après la visite de la ville et la très belle place de la Cathédrale, dans le but de tester notre forme, les plus courageux rendent visite à l’emblème du pays, un superbe condor installé au sommet d’une colline à 4000mètres accessible par un escalier de 600 marches….
Panorama sur le lac et vue sur la ville imprenable (conditions physiques à améliorer).

Le Lac Titikaka : C’est le lac navigable le plus haut du monde, 3810 mètres.
Situé entre Bolivie et Perou, c’est un lieu magique à la couleur turquoise rarement égalée.
Plusieurs civilisations se sont succédées sur ses rives. Actuellement les Aymaras occupent des îles flottantes faites de roseaux appelées Totora. Ces indiens vivants en communauté totalement fermée, dépendent entièrement du tourisme et de la pêche.
C’est également la région du Pérou où la culture indienne est restée la plus vivante.
En raison de la proximité de la ville, une couche d’algue vert pale envahit lentement tout l’intérieur du golf de Puno, alimentée par un excès de nitrate du à la décomposition des ordures partout présentent au bord du lac.
Ce lac, véritable mer intérieure de 8000 Km2 et d’une profondeur moyenne de 280 mères, nous le suivrons tout au long de notre retour en Bolivie.
Déjà une semaine, notre excursion au Pérou a dépassé toutes les espérances touristiques attendues.

Le Machu-Picchu, temps fort de cette semaine, justifie déjà à lui seul le déplacement.
Oui le Pérou, pour ce que nous connaissons justifie sa réputation touristique et fait rêver.
Il est malgré tout regrettable qu’un effort de propreté ne soit pas fermement entrepris par les collectivités. Cet état de négligence collective nuit gravement au tourisme, à la renommée de ce pays, en définitive à l’ensemble de la population et à l’environnement.

La Bolivie
Retour à La Paz  et place au tourisme à vélo, véritable but de notre voyage.
Avec une nouvelle journée de repos, montage des vélos et préparation de notre périple, nous visitons la vallée de la Luna, exceptionnel concentré de bouleversements géologiques.
Dans une vallée très étroite, les intempéries depuis des milliers d’années ont façonné, creusé, modifié, bouleversé les couches géologiques pour obtenir un décor exceptionnel, surnaturel dont seul la nature a le secret. Mini canyon, flèches, fièrement dressées sortes de stalagmites en plein air, pitons rocheux, un paysage fantastique, presque irréel, offert par une nature généreuse capricieuse et imprévisible.
Une visite guidée de la ville est également riche en enseignements avec la rue des Sorciers et son marché, le centre ville, la place MURILLO et le Palais du Président Evo MORALES, l’actuel Président de la République Bolivienne, le siège du gouvernement, le musée de la guerre du Pacifique et des métaux précieux.
Une guerre lourde de conséquence « 1879 à 1884 » qui opposa le Chili soutenu par les Anglais à l’alliance Bolivie / Pérou. Dans ce conflit la Bolivie fut amputée de la bande littorale perdant ainsi l’accès à la mer et devenant un pays enclavé, lourd handicap pour son développement économique.
Le Pérou du abandonner les provinces de Tacna et Arica. La paix ne fut signée qu’en 1904. A noter qu’à ce jour, les relations diplomatiques entre la Bolivie et le Chili ne sont toujours pas normalisées et l’accès sur le Pacifique reste tributaire de la bonne volonté du Chili en échange d’un droit de passage.
Les deux premières journées vélo sont réservées à l’altiplano, entièrement plates, nous découvrons la difficile existence des paysans sur une terre ingrate, privé de l’essentiel, eau courante et électricité avec comme demeure une squelettique maison de terre et quelques tôles comme toit. Ces pauvres gens survivent avec leur maigre bétail, dans des conditions moyenâgeuses.
Ce douloureux constat refoule au plus profond de nous bien des revendications, dénuées de tout fondement et bien superficielles.
C’est aussi tout l’intérêt que nous procure un tel voyage, voir ailleurs et comprendre….

Cette troisième journée, Orouro – Pongo fut incontestablement une des plus belle, bien qu’elle fut également la plus difficile.
Ne dit-on pas que les plus belles choses se méritent ?
Toujours l’altiplano, mais déjà au loin la montagne se fait plus présente, l’horizon se ferme et nul doute pour sortir de cet immense plateau, il nous faudra escalader ce massif qui se dresse devant nous et semble nous barrer la route. Fini les longues lignes droites et l’ennui d’un parcours uniforme, le changement est radical, avec plaisir nous retrouvons des paysages variés, presque alpins. La contemplation de cette montagne magnifique nous fait oublier l’agressivité grandissante d’une route surchauffée par un soleil plus que généreux.
Ce grand col, la Cumbre 4496 mètres se fait désirer.
Qu’elle est longue cette montée, mais que la montagne est belle. Il faut savourer ces instants, approcher les 4500 mètres est un instant privilégié, un beau record à ranger dans nos souvenirs.
Enfin une chapelle en vue et bientôt le vide, notre vue se perd sur une ligne de crête où se mêlent pics et précipices. Enfin terminé cette longue ascension, nous sommes récompensé de nos efforts. Ce col, nous l’avons vaincu. Tout autour, un vaste panorama s’étale, grandiose et beau, la photo est de rigueur afin d’immortaliser cet instant exceptionnel.
Nous poursuivons sur le col de Confital 4315 mètres par une ligne de crête où montées et descentes se succèdent dans un superbe décor.
Faute de structure hôtelière, ce soir étape dans une mission catholique et retour pour une nuit au pensionnat de notre jeunesse dans la bonne humeur générale, pièce unique et lits superposés…..pour 22 personnes
Dans ce petit village, nous constatons hélas l’état de grande pauvreté qui règne chez ces pauvres gens. Démunis, harassés par le travail de la terre, sans possibilité de goûter au confort d’une demeure décente pour le repos, la lassitude se lit sur leur visage et nous nous sentons très malheureux, presque honteux de leur infliger notre présence, le blanc qui possède tout face à eux qui n’ont rien.
Quel hasard fait que nous sommes nés sous une bonne étoile, alors que ces enfants nés ici sont déjà condamnés aux malheurs d’une vie de travail sans avenir ?

Pongo / Cochabamba : Cette deuxième étape de haute montagne a le mérite de nous offrir les plus beaux panoramas des Andes Boliviennes.
Quelques Kms de montée et déjà le col de Bombéo 3810 mères. Tous nous nous arrêtons et sommes saisis devant un tel panorama. Sous le soleil matinal, ce court arrêt devient instant de vrai bonheur. Toute la vallée s’étale devant nous à l’infini.
Sommets et vallées se succèdent jusqu’à l’infini, noyés par la fine nuance bleutée des premières brumes de chaleur.
Est-ce réalité ou tableau imaginatif d’un artiste surdoué ?
Si hier nous avons connu les longues montées, aujourd’hui c’est la récompense, une longue descente de 35 Kms nous conduit jusqu'à l’entrée de la ville de Cochabamba.
Cette ville de 400 000 habitants, grouillante d’activité occupe une vaste cuvette à 2570 mètres d altitude. L’agriculture occupe une partie importante de la vallée et alimente une partie de la Bolivie.
Cochabamba, c’est aussi le Christ le plus grand du monde, 34 mètres. Prévu pour la venue du Pape Jean Paul 2, il ne fut hélas terminé que deux ans plus tard uniquement financé avec des dons. Construit sur une colline, il domine la région et offre une vue imprenable sur la ville.
Chacun met à profit cette journée de repos pour refaire le plein d’énergie, bien nécessaire pour la suite du programme.
Les Kms défilent et chaque jour apporte son lot de difficultés et de satisfactions. Les paysages sont superbes et le plaisir l’emporte largement sur les passages difficiles.
Selon Marcel, il est coutume de dire : «  Passages agréablement vallonnés ».
Ne sommes-nous pas venus dans ce pays pour le plaisir de pédaler ?

Totora: Au relief, parfois s’ajoute une autre difficulté, la piste.
Ce petit village aux ruelles très étroites, rappelle l’époque coloniale par son architecture baroque. Pratiquement détruit par un tremblement de terre le 20 mai 1998, on remarque encore l’ampleur du sinistre et bon nombre de maisons ne sont toujours pas reconstruites.
A voir sa place principale et l’église entièrement refaite dans le style initial.
Routes, pistes en terre et cailloux, en galets, chacun y trouve ses préférences.
Pour ma part, le très bel alignement de ces galets sur 75 Kms, un travail remarquable entièrement fait à la main n’a pas retenu mon adhésion. D’autres, parfaitement à l’aise se sont joués des obstacles. Avec les nombreuses crevaisons sur les cailloux, ces parcours, s’ils ont l’avantage d’offrir de très beaux paysages, n’auront jamais ma préférence.

Sucre : Capitale institutionnelle de la Bolivie, située à 2770 mètres, elle compte 150 000 habitants et est également appelée « la ville blanche » ce qui lui vaut d’être inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO en 1991.
Historiquement, elle est connue sous le nom de Charcas ( importante tribut indigène de la région ), et au 18 ème siècle : De la Plata par les Espagnols en raison de sa richesse tirée des mines d’argent.
En 1939 elle prend définitivement le nom de Sucré en l’honneur du Maréchal Antonio José De Sucré camarade de combat de Simon Bolivar, tous deux artisans de l’indépendance de l’Amérique Latine, Bolivie, Equateur, Perou, Vénézuéla.
C’est la plus Européenne des villes de Bolivie avec ses édifices d’inspiration européenne datant du 18 et 19 ème siècle. C’est une ville musée et d’art très agréable à visiter.
Trop isolée et fragilisée après le déclin économique de Potosi, elle perd son rang de capitale administrative au bénéfice de La Paz. Actuellement beaucoup de responsables Boliviens luttent pour le retour au rang de capitale unique de la Bolivie.
Voir absolument la maison de la Liberté où l’on trouve toute l’histoire des héros, femmes et hommes qui ont fait la grandeur de la Bolivie du début jusqu'à la déclaration de l’indépendance le 6 août 1825.
Son cimetière mérite également un détour avec ses surprenantes tombes de la grandeur d’une maison avec un luxe très raffiné, une conception bien étrange pour les étrangers que nous sommes.
L’explication la plus rationnelle réside dans l’immense ferveur catholique de ce peuple et leur croyance dans la vie éternelle.

Potosi : La visite de cette ville restera un temps fort dans notre voyage.
La plus haute du monde avec 4070 mètres, au temps de sa splendeur de 1545 à 1802 ce fut à l’époque espagnole, la ville de tous les excès, du luxe démesuré, et des plaisirs. La production d’argent atteignit 40 000 tonnes.
Potosi était considéré dans toute la région comme le nombril de l’Espagne, comme Cusco l’espace d’un siècle fut celui des Incas.
Actuellement cette ville n’est plus qu’une bourgade, reléguée hélas très loin, hors du temps. Elle subit inexorablement son déclin, comme le Cerro Rico, la montagne d’argent voit ses derniers filons disparaîtrent. La fermeture totale après épuisement du minerai est prévue dans vingt ans.
Potosi et sa mine d’argent sont indissociables, l’un ne peut exister sans l’autre. Il était donc naturel d’effectuer une visite de cette montagne, actuellement véritable gruyère avec ses 5000 galeries qui se croisent, se superposent en tout sens, sans plan concerté, sans étude préalable, ce qui en fait la mine la plus meurtrière en raison des éboulements, 300 morts en 2006 et 50 pour 2007.
Superbement organisée par Marcel, cette visite restera dans nos souvenirs comme un fait marquant de notre voyage.
Deux heures de parcours dans des boyaux boueux parfois comme une bête dans un terrier, nous avons pris conscience des effroyables conditions de travail de ces mineurs hors du temps.
Dépourvus des plus élémentaires règles de sécurité, avec des méthodes qui n’ont pas évoluées depuis l’époque coloniale, avec comme seul outil une pioche, de la dynamite et une brouette, ils poursuivent leur labeur en silence.
C’est leur seule façon de vivre, de faire survivre leur famille.
Gérés par des coopératives, ils exploitent jusqu’à épuisement, les maigres filons laissés par les Espagnols car jugés non rentables à l’époque d’abondance.
Pour 3 à 10 euros par jour selon leur spécialité, ils risquent leur vie, tel est leur destin.
Cette visite ne laisse pas indifférent et il est difficile d’admettre que ces conditions de travail et d’existence puissent encore exister de nos jours.
Le Palais de la monnaie est indissociable de la visite à la mine. Construit en 1572 sur les ordres de Viceroy Tolédo, il était destiné à la fabrique et à la frappe des pièces de monnaie en argent avant leur transport vers l’Espagne et l’Europe.
Comble de l’histoire, actuellement la monnaie Bolivienne est fabriquée en Espagne mais pas avec l’argent de la montagne Cerro Rico…..
Transformée en 1753 cette imposante construction devint une prison. Elle servit également de quartier Général des armées Boliviennes durant la guerre du Chaco.
« Une guerre commerciale pour le contrôle du pétrole dans le sous sol du Chaco qui opposa la Bolivie au Paraguay de 1932 à 1935 (appelée guerre la plus absurde de l’histoire)
En réalité aucune goutte de pétrole n’a été trouvée dans cette partie du Chaco
Par contre à la suite de cette guerre, la Bolivie du abandonné 200 000 km2 de son territoire au Paraguay ».

Avec la visite de Sucre et Potosi, deux villes au passé prestigieux, étroitement lié, notre voyage se poursuit par un long retour en bus sur La Paz.

Les environs de Potosi, extrêmement montagneux, col à 4500, captivent notre attention avec des paysages très colorés sous le soleil matinal. Nous quittons la zone montagneuse et c’est à nouveau l’altiplano au relief « agréablement tourmenté » puis à nouveau l’immense plaine jusqu'à La Paz.

Orouro : A l’entrée de la ville, nous sommes contrains à l’arrêt. Devant nous une file de camions immobiles, renseignements pris, nous sommes tombés sur un barrage. Une trentaine de manifestants bloquent la route avec de grosses pierres et débris de verre.
Ils manifestent pour attirer l’attention des autorités et réclament l’accès à l’eau potable, un minimum indispensable à leurs difficiles conditions de vie. En effet si le centre ville dispose d’un réseau de distribution, la périphérie, 50 °/° des habitants n’a pas ce privilège. Cette revendication nous rappelle à quel point combien ce liquide, en abondance chez nous et parfois gaspillé, devient élémentaire et vital pour ce pays.
La dextérité de notre chauffeur et sa parfaite connaissance des lieux, nous évitent une longue attente en empruntant les extérieurs en pleine campagne. A l’autre extrémité de la ville, même stratégie des manifestants, l’efficacité est remarquable.

Coroico : Cette avant dernière étape vélo fait figure d’épouvantail. Col à 4700 (notre record d’altitude) et descente de 65 Kms jusqu’à la côte 1800 mètres par une piste taillée à flan de montagne, sans aucune protection malgré les précipices vertigineux, sensations fortes et appréhension se mêlent et stimulent notre curiosité : « la route de la mort »
Le passage de ce col n’est finalement qu’une simple formalité, La Paz étant à 3800 mètres, cette montée n’est pas le Galibier…
Malheureusement, sur le versant nord, orage, froid, pluie et brouillard sont au rendez vous et compliquent sérieusement notre programme. Après 10 Kms de descente, il faut se rendre à l’évidence. Dans de telles conditions, cette descente est trop dangereuse et Marcel très sagement annule l’étape. Frustrés mais conscients des risques encourus, c’est une nouvelle fois en bus que nous rallions Coroico. Pour ce trajet, nous empruntons la nouvelle route construite sur l’autre versant de la montagne. Plus élaborée, sécurisée, cet itinéraire nous prive totalement en raison du brouillard des superbes points de vue sur cette vallée exceptionnelle.
Pour l’histoire, cette nouvelle route fut construite avec l’aide des Américains en échange d’un accord avec les autorités Boliviennes portant sur un contrôle très strict de la culture et de la circulation de la Coca dans la région. Depuis sa construction, ce nouvel itinéraire absorbe la totalité du trafic routier, la piste étant presque exclusivement réservée aux raids de descente en VTT organisés par les agences de La Paz

La dernière étape de ce voyage, Coroico / Chulimani entièrement par la piste est également annulée, rendue impraticable par la boue.
Après réflexion, Marcel conscient de notre frustration, nous propose de remonter cette routede la mort par le bus.
Quelles sensations aurions-nous connues en VTT ?
En bus, bien que contraint à des arrêts sur des zones précises, nous sommes saisis par la dangerosité de cette piste ? Le nom de route de la mort est amplement justifié, sur les cotés, les nombreuses croix témoignent des drames qui ont marqué l’histoire de cette route avant le nouvel itinéraire
Pour information, au temps ou cette piste absorbait la totalité du trafic, les autorités Boliviennes n’ont jamais publié le nombre d’accidents mortels enregistrés sur cet axe.
Grâce à ce retour imprévu, imposé par les conditions météo, notre déception est atténuée, nous avons connu et parcouru cette route légendaire si tristement renommée.
Ainsi prend fin notre périple bolivien. Il nous aura largement apporté ce que nous attendions :
-Un aperçu sur la vie et les coutumes de ce peuple.
-des images saisissantes sur ces paysages si particuliers à ce pays.
-Un enseignement sur la vie rudimentaire des paysans de l’altiplano, 80 °/° de la population bolivienne vit du travail de la terre et pour la plus part sont analphabètes.
Sans doute, ai-je oublié certain détail, trop insisté sur d’autre, ce récit se veut avant tout personnel.

Son but :

-Sauvegarder et immortaliser les temps forts et les faits marquants
-S’interroger sur l’avenir de la Bolivie ?
-Le rôle et les conséquences de ses guerres perdues ?
-Sa grande pauvreté malgré un sous sol extrêmement riche ?
-Sur le rôle et l’engagement des pays occidentaux à favoriser et accélérer l’accès à des équipements technologiques modernes et indispensables à son développement ?
-Pourquoi, notre pays, extrêmement discret pour ne pas dire absent sur le marché Bolivien, reste très critique envers ses ressortissants qui souhaitent visiter ce pays ?
Seul le Japon, notamment avec son parc automobile semble avoir compris toute l’importance d’un engagement présent pour avoir demain l’assurance d’une implantation durable et bénéfique.
Ce voyage à vélo aura une nouvelle fois démontré tout l’intérêt de ce mode de déplacement dans un pays inconnu. Par le sport, les loisirs, la culture, et la convivialité, ensemble indissociable à cette pratique : le cyclotourisme reste un moyen de communication exceptionnel.
Marcel, tu nous as permis de réaliser un superbe voyage, de combler bien des ignorances. A ceci, rien d’anormal, n’est-ce pas le but d’un voyage ?

Ce périple c’est terminé dans la joie et la convivialité par un dîner spectacle de grande qualité, Gilette et moi nous te disons simplement MERCI.

CORAND Michel
Pt Comité Départemental
Haute Vienne


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